Le bien le plus précieux d’une société, ce sont ses enfants. Ce sont eux qui en assurent l’avenir et en constituent la relève. Mais ces mots seront aussi creux que vains si ces citoyens en devenir ne sont pas solidement armés de savoir et de connaissances, éduqués à l’école du civisme, aptes à œuvrer pour le rayonnement de leur société et de leur pays.
Malheureusement, l’école est devenue une coquille vide, une maison en ruines dont les murs s’effritent et le sol glisse inexorablement… Cette situation qui perdure depuis une trentaine d’années ne cesse d’empirer dans une indifférence quasi-totale. Il est vrai que plusieurs réformes et plans d’urgence ont été déployés tout au long des deux dernières décennies, mais sans aucun résultat. Bien au contraire. Le système éducatif a démontré ses limites et sa défaillance.
L’accès à l’éducation révèle des disparités et des inégalités criantes, et le décrochage scolaire est une plaie qui touche deux jeunes sur trois.
Un récent rapport de l’UNESCO nous a jeté à la figure notre fiasco dans ce domaine : notre pays occupe la 136ème place sur un total de 175 pays. Un résultat catastrophique qui révèle que dans ce classement mondial, nous sommes pire que le Pakistan et la Mauritanie.
Côté éducation au civisme et aux valeurs de citoyenneté, le bilan n’est guère reluisant. L’incivisme, la violence et la petite délinquance sont en constante recrudescence.
Dans ce contexte, la colère des parents est somme toute légitime. Ils se saignent aux quatre veines pour éviter à leur progéniture l’école publique, ses classes surpeuplées et ses enseignants démotivés. Mais là aussi, le choix est draconien, et encore une fois, les parents se trouvent pris entre le marteau et l’enclume : opter pour des écoles privées hors de prix ou remuer ciel et terre et faire jouer pistons et autres moyens pour inscrire leurs enfants dans les missions étrangères aux frais exorbitants ?
Les parents savent que ce sont-là les seules voies à même d’assurer l’avenir de leur descendance.
En effet, les aberrations de notre système éducatif ne manquent pas, car même les notes parfois excellentes obtenues par les élèves les plus méritants au baccalauréat n’ouvrent pas la voie aux bonnes écoles du pays. Paradoxalement, un élève doté d’un bac français, avec une petite moyenne, pourra intégrer les grandes écoles. C’est dur à admettre, mais ce système exclut et pénalise ses propres diplômés !
Et ne parlons pas du calvaire du bachelier issu des bancs de l’école marocaine désireux de poursuivre ses études à l’étranger au moment où le baccalauréat français ouvre toutes les portes. Dès lors, le désarroi de millions de familles qui ne demandent qu’une école digne de ce nom pour leur progéniture est bien réel.
Ce fiasco collectif produit déjà 27% de jeunes de 16-25 ans sans emploi fixe dont 42% en milieu urbain.
Le souverain, dans son discours du 20 août dernier, a mis le doigt sur ce mal qui ronge notre pays en qualifiant l’école marocaine de machine à fabriquer des légions de chômeurs. Il a exhorté à une réforme véritable et irréversible du système de l’éducation nationale. Mais la question qui reste en suspens est : les responsables de ce secteur sont-ils à la hauteur des ambitions de Sa Majesté ?
Rien n’est moins sûr…
Il est vrai que les tourments des familles n’en finissent pas, et le cercle de la violence qu’engendre l’école s’invite dans la rue et dans les foyers. La loi contre la violence faite aux femmes qui entre en vigueur ce 12 septembre 2018 va-t-elle pouvoir y remédier ? On aimerait bien y croire.