Je reviens de congé mat’

Sortir de la perspective couches-biberons-nuits grises et reprendre le chemin du bureau comme une vaillante guerrière, ce n’est pas évident. Circonspecte, notre héroïne des temps modernes appréhende un peu la reprise après cette longue interruption...

Ré-immersion imminente

Générique de fin lancé. Dans quelques jours, le congé maternité appartiendra au passé et il faudra bien reprendre le chemin du bureau. Une certaine appréhension cohabite avec la joie de se ré-investir à l’extérieur du foyer. Mounia témoigne : “J’étais anxieuse à deux niveaux. Sur le plan de la logistique, çà allait s’avérer compliqué à gérer, entre mes horaires très fluctuants et la nounou pour garder la petite. Et au bureau, je ne savais pas vraiment quels étaient les projets en cours, comment j’allais m’y raccorder et à quelle sauce j’allais être mangée”. De fait, la plupart des jeunes mères stressent, car elles anticipent des premiers temps difficiles : “Pour l’avoir vécu une première fois, je savais qu’il ne me serait fait aucun cadeau. Passé les félicitations et les retrouvailles chaleureuses avec l’équipe, la pression de mon métier de commerciale reviendrait intacte et je devrais replonger dans l’arène, yeux cernés ou pas !”, indique Nora. Cette dernière a donc assuré ses arrières pour la deuxième naissance : “Même pendant mon congé mat’, j’ai gardé contact avec mes collaborateurs, je me suis informée des projets en cours, donnant un petit coup de main si besoin.” Préparée mentalement à reprendre du collier et munie de plans D spécial foyer. Car c’est désormais tout le poids de la double journée qui risque de peser sur ses frêles épaules.

Se remettre dans le bain pro

Et puis on débarque comme une fleur et on reprend ses marques en douceur. La personne qui a assumé l’intérim vous passe le relais et vous reprenez le business en cours. Dans cette perspective, rien que de très normal de ressentir un léger flottement ou de se sentir en décalage avec les collègues. Une petite réunion, à votre initiative, avec la hiérarchie n’est pas de trop et permet de refaire un point sur les objectifs, de revisiter les priorités et de s’informer des nouveautés. Focus aussi sur l’attitude à adopter. Positive, évidemment, insiste Sanae, cadre dans une multinationale. “J’étais crevée, lessivée à cause de ma fille qui se réveillait trois fois par nuit. Mais geindre ou montrer ma fatigue m’aurait fait passer pour une travailleuse démissionnaire.” Persuadée que son supérieur hiérarchique, en tant qu’homme, ne serait pas à même de comprendre une baisse de régime, elle se forçait à donner le change.

la gifle inattendue

Il arrive aussi qu’à l’atterrissage au bureau, une mauvaise surprise vous soit réservée. En effet, votre fauteuil désormais attribué, vous êtes priée de plier bagages vers un autre service. Ainsi, sans être déclassée, Asma s’est vue proposer une autre direction où ses nouvelles attributions lui plaisaient moins. Car selon le Code du travail marocain, un employeur est tenu de vous octroyer soit le même poste, soit un poste au moins équivalent à celui occupé avant le congé de maternité. Pour Ahmed Laksiwar, spécialiste en droit du travail, cette flexibilité reste malgré tout dans les limites de la loi, puisque les intérêts et les activités de l’entreprise l’exigent aussi. Il précise que c’est dans des postes à hauts niveaux de responsabilité que la problématique se pose avec le plus d’acuité : “On ne peut garder la place vacante jusqu’au retour de la salariée et il est délicat de mobiliser quelqu’un d’autre pendant une période assez longue pour prendre en charge l’interim.

Néanmoins, dans la pratique, des abus en infraction avec la législation du travail ne sont pas rares. À son retour, une salariée peut finir placardisée, sans fonctions définies dans un autre service, ou dans un autre domaine d’activités que celui de ses compétences. Pour Ahmed Laksiwar, la “placardisation” peut s’assimiler à un harcèlement pour pousser la salariée à la démission forcée. Mais il existe des recours juridiques.

Encore plus pernicieux, la promotion qui vous passe sous le nez. Rajae l’a vécu à ses dépens : “Je sentais mon boss inquiet de mon hypothétique futur manque de disponibilité. Il ne cessait de répéter sur un ton mi-figue-mi raisin qu’il était hors de question que je lui fasse faux bond si le bébé tombait malade.” Le couperet est vite tombé : la promotion qu’elle attendait depuis longtemps a été accordée à son collègue moins ancien et beaucoup moins expérimenté. Grrr !

Alerte, plafond de mère !

Après le plafond de verre, en voici un autre, moins connu, qui peut freiner l’évolution professionnelle de la même façon. Que faire? Se muer en working mom féroce qui va tout sacrifier, y compris ses droits sociaux, pour ne pas se faire larguer par sa hiérarchie? “Dans certaines configurations, l’entreprise ne peut supporter l’absence trop longue de la salariée partie accoucher. Des cadres dirigeantes affectées à des postes sensibles ne prendront qu’un mois de leur congé de maternité”, confirme notre spécialiste en droit du travail. Un exemple qui n’est pas sans rappeler une certaine Rachida Dati, alors garde des sceaux en France, qui n’avait consenti qu’à cinq petits jours de repos après sa césarienne.

Jusqu’à quand ce choix cornélien entre carrière et sa vie de famille ? Petit rappel : entre trente et quarante ans, à l’âge où la carrière suit un parcours ascendant, correspond la période de procréation féminine et d’agrandissement de la famille. Et bien qu’on soit théoriquement deux à concevoir une progéniture, l’autre élément du couple semble beaucoup moins pâtir de cet état de fait. Sa charge mentale du quotidien étant considérablement allégée, son patron peut dormir sur ses deux oreilles : ni grossesse difficile, ni pause de congé de mat’, ni bébés à récupérer à la crèche, ni temps de présence à la maison, ne viennent contrarier la bonne marche du service ou de la boîte. CQFD.

Alerte, plafond de verre !

Vouloir concilier coûte que coûte ses deux casquettes de mère et de bosseuse mène quelquefois à des compromis assumés. Mounia s’est résolue à re-négocier ses conditions de travail : “Au bout de trois mois, au bord du burn out, j’ai demandé une réduction du temps de travail pour pouvoir chômer le mercredi et couper ma semaine. Mon patron a dit oui. Mais s’il avait refusé, j’aurais basculé sur le free lance pour pouvoir mieux gérer mes contraintes familiales.” Bien entendu, cette optique ne vaut que si on a un chef accommodant et les moyens pécuniaires de supporter une baisse des émoluments en regard. Sans compter que notre “mamma” de service n’est pas dupe : “En prenant cette décision, je savais que mon évolution au sein de la boîte allait en pâtir mais j’ai tranché en faveur de mon bien-être et de celui de ma famille”, conclut-elle. Femme active et maman : un quasi parcours de militante. 

Interview de Ahmed Laksiwar, spécialiste en droit du travail.

Quelles sont les dispositions du Code du travail concernant le congé de maternité ?

La durée légale du congé maternité est de quatorze semaines, dont sept semaines obligatoires, après l’accouchement ; les autres semaines pouvant être prises avant ou après, en fonction de l’état de santé de la personne. En cas de stipulation plus favorable dans la convention collective ou le règlement intérieur de l’entreprise, cette durée peut être augmentée. Pour ce qui est de certaines femmes à la grossesse difficile (attestée par certificat médical), elles ont la possibilité de bénéficier de huit semaines supplémentaires avant l’accouchement et aucune contre-visite ne sera effectuée.

Sous quelles conditions le congé maternité peut-il être prolongé ?

La loi permet de prolonger son congé maternité de trois mois (congé sans solde), sans obligation de le justifier, mais en le notifiant à son employeur quinze jours au moins avant le terme de la période de suspension du contrat. En outre, si la mère désire s’arrêter un temps pour élever son enfant, et à condition d’un accord préalable de l’employeur, elle peut aussi bénéficier d’un congé d’une année, non payé.

Qu’en est-il du congé maternité lorsqu’il s’agit de jumeaux ou d’une kafala ?

Les mêmes dispositions s’appliquent, qu’il s’agisse de l’accouchement d’un bébé ou de jumeaux. La kafala, par contre, n’ouvre pas de droit à un congé maternité.

Au retour du congé de maternité, un employeur a-t-il l’obligation légale de vous ré-intégrer au sein du poste que vous occupiez précédemment ?

Le Code du travail protège la jeune mère et l’employeur est tenu de vous redonner le même poste ou un poste équivalent, en respectant votre qualification, votre domaine de compétences et votre niveau de rémunération antérieur dans la garantie de tous les avantages et droits acquis de la salariée.

Au retour du congé de maternité, peut-on prétendre à quelques aménagements particuliers ?

À compter de la date de reprise du travail, la salariée bénéficie d’une demi-heure d’allaitement le matin et une demi- heure l’après midi pendant une durée de douze mois. Ou alors elle a possibilité de les regrouper et de quitter son lieu de travail une heure avant la fin de l’horaire officiel.

Pour ce qui est des autres aménagements du temps de travail, le législateur n’a rien précisé, et il est nécessaire qu’il y ait accord préalable entre les deux parties pour pouvoir s’orienter vers un contrat à temps partiel, le télétravail ponctuel ou autre. On peut donc négocier certaines conditions particulières mais si l’employeur ne les valide pas, vous n’avez d’autre choix que d’accepter sa décision ou de démissionner.

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