Le phénomène existe. Indéniablement. Et il est banalisé à l’extrême. Combien sont-elles à dire que les hommes ont de tout temps étaient des chauds lapins, des coureurs, des chasseurs… ? Combien sont-ils à lancer qu’ils ont de plus gros besoins que la femme et que de ce fait… Bref, la chose est intégrée, si bien que lorsque une jeune fille se fait aborder par un élément du genre masculin, parmi toutes les questions qui se posent à elle sur la nature du prétendant, il en est une qui revient : “Est-ce qu’il est marié ?”. Najat, 28 ans, ne se fait plus d’illusions sur l’homme : “Je ne crois plus en eux depuis que j’ai seize ans.” C’est à peu près à cet âge que les regards des hommes ont commencé à se poser sur elle. Des regards de garçons de son âge mais aussi, et surtout d’hommes plus âgés. “Beaucoup d’entre eux étaient mariés. Ils trouvaient normal de tenter leur chance !” Normal de venir de temps en temps jeter un coup d’œil sur le camp des célibataires ! Elles sont nombreuses à en témoigner, même si le pourquoi de la chose n’est pas toujours bien clair.
Ils ont besoin d’être rassurés sur leur potentiel de séduction
“Rien ne peut devenir aussi insignifiant que ce à côté de quoi l'on se réveille chaque matin de son existence”, disait très justement l’écrivain italien Alessandro Baricco. Nous sommes tous des enfants bourrés de complexes et d’incertitudes qui avons sans cesse besoin d’être rassurés. Seulement voilà : la différence entre les hommes et les femmes, même si elle est aujourd’hui amoindrie, est que celles-ci ont besoin de sentiments pour se donner. Les hommes, eux, se posent moins de questions avant un passage à l’acte. “Cela fait douze ans que je suis marié, nous confie Naoufel. J’aime ma femme, mais elle m’est acquise. Nous ne sommes plus dans un rapport de séduction. Elle m’aime pour ce que nous avons construit et partagé, mais il m’arrive de me demander si je suis quelqu’un d’aimable et de désirable. C’est dans ces moments de crise et d’angoisse qu’il m’est arrivé d’être infidèle.” Si lui vit ces incartades sexuelles avec un peu de culpabilité, il en est qui testent leur pouvoir de séduction au quotidien et d’une manière quasi-naturelle. Rita connaît bien les hommes mariés. “Je crois que j’étais destinée à ne fréquenter que ces hommes : à 21 ans, au lieu d’être entourée d’étudiants, je commençais à travailler en RP et fréquentais des chefs d’entreprise et des responsables qui avaient entre 40 et 50 ans. Par ailleurs, vivant chez mes parents, je n’avais pas le droit de sortir. Conclusion : je n’avais que cet entourage. Ces hommes, je les connais bien. Ils ont tous, quel que soit leur statut social, besoin d’être rassurés. S’ils donnent l’impression de ne chercher que des histoires de sexe, il s’avère très vite que c’est beaucoup plus profond que ça, et qu’à chaque fois, c’est leur ego et leur virilité qu’ils lancent au défi”.
Ils veulent se sentir aimés
Chez nous, mariage ne rime pas forcément avec amour. Et pour cause : ce ne sont pas les sentiments, mais plutôt la raison et les familles qui font et défont les unions. Voilà qui expliquerait ce que cherchent les hommes : l’amour. Constat rassurant quelque part car il fait prendre conscience que le sexe n’est pas la seule motivation à aller vers la femme. Ce serait donc à la recherche d’un amour jamais trouvé ou à cause d’un amour éteint que les hommes mariés viendraient vers nous ? “Les femmes aussi ont besoin de se sentir aimées, mais elles ne peuvent pas au même titre que les hommes, tromper leur partenaire. Elles seraient tout de suite condamnées, cataloguées, rejetées”, nous explique Sanâe. Elle a connu un homme marié par ses parents à l’épouse traditionnelle parfaite. Lui, face à ça, n’avait pas le droit d’être faible. “Il m’a aimée parce qu’il avait besoin d’une femme forte avec qui parler et à qui raconter ses angoisses, une femme qui ne le jugerait pas et qui comprendrait qu’il puisse parfois ne pas être à la hauteur. Moi, j’avais 22 ans, et je ne pensais pas à l’avenir. Ensemble, on était libres, tout le contraire d’une relation engagée où chacun se doit d’être responsable. Il m’a aimée parce que moi, je l’ai aimée vraiment, au contraire d’elle qui l’aimait pour ce qu’il représentait socialement. Mais il restait avec elle parce que ses parents l’avaient décidé.” Ainsi, quand le divorce n’est pas au programme, on fait route à plusieurs, à croire que, comme le disait Léo Campion “Deux personnes, pour faire un couple, ce n’est pas assez !”
Ils n’osent pas affronter les problèmes à la maison
Ils disent que c’est la faute aux filles qui sont de plus en plus provocantes, à l’épouse qui ne prend plus soin d’elle et qui n’est plus désirable, au respect qu’il lui confère et qui les empêche de… Alors, tous les fantasmes sont permis mais en dehors du lit conjugal, respect oblige ! “Je ne veux pas que ma femme me fasse des cochonneries : c’est la bouche qui embrasse mes enfants tous les soirs, quand même !” lance Farid. Pour un regard extérieur, la chose est évidente : le problème ne vient pas des filles au décolleté trop plongeant ou du fait qu’il faille respecter son épouse, mais bien du couple lui-même. Seulement voilà… il en est beaucoup qui, lorsqu’il s’agit d’affronter le problème, préfèrent mettre en pratique le “courage fuyons !”. Chercher de l’amour dans les gestes d’une inconnue, du désir dans son corps ou de l’attention dans son regard n’est qu’une manière de combler un manque affectif évident au sein de son couple. “C’est douloureux de reconnaître que les choses ont changé, que nous avons évolué différemment et qu’aujourd’hui, nous n’avons plus grand-chose à partager, nous confie Karim, et quand bien même nous le voudrions, je ne crois pas qu’il soit possible, au bout de vingt ans de vie commune de recréer, de retrouver ce qui s’est perdu. Une femme ne se change pas, surtout quand elle a consacré sa vie à son mari et à l’éducation de ses enfants, alors on prend des maîtresses qui nous ressemblent un peu plus. Ça ne guérit rien, mais ça permet de s’évader !” Triste bilan qu’accentue ce dernier aveu : “Vous savez, je prends du Viagra une fois tous les dix jours pour faire l’amour à ma femme, mais avec mes maîtresses, je suis en pleine forme, comme lorsque j’avais vingt ans !” C’est sans doute là qu’intervient le psychothérapeute ou le sexologue, non ?
Ce sont des hommes, c’est normal !
Ils aiment leur femme et leur vie, les enfants qu’ils ont faits ensemble et qu’ils élèvent avec amour. Divorcer ? Mais pourquoi puisque tout va pour le mieux ! Non, c’est juste qu’ils se permettent de temps en temps un petit en-cas, histoire de varier, ça ne fait de mal à personne. Surtout pas à l’épouse qui n’en sait rien. C’est juste que, comme le dit Rachid, “quand on mange du tagine tous les jours, on a envie de temps en temps d’un poulet rôti !” Chez ces rois de la fatalité… et de l’élégance, toutes les justifications sont valables. Même religieuse : “Si Dieu nous a donné droit à quatre femmes, c’est parce qu’on a des besoins plus importants qu’elles”, affirme Rachid. Oui, mais voilà : la polygamie reste exceptionnelle, et quand bien même certains justifieraient leurs incartades sexuelles de cette manière, la polygamie entre dans un cadre légal. Là, il s’agit d’adultère, ne l’oublions pas ! Alors, être compréhensives, acquiescer et s’incliner, non. La seule chose à retenir dans tout cela, c’est que primo, il vaut mieux se méfier : le zapping est partout. Et que secondo, Groucho Marx n’avait pas tort : “Une alliance ne protège qu’un seul doigt !”.