j’ai vécu l’enfer pour trouver ma place au paradis

La vie prend parfois des tournures inattendues... Alors que tout la retenait en France, une rupture amoureuse va faire basculer son existence et la mener en Afrique.

2010 J’ai 25 ans et multiplie les échecsamoureux. Je suis donc bien décidéeà rester célibataire jusqu’à trouver “lebon”. Parallèlement, je me cherche au niveau professionnel :j’ai un job en or à Paris mais la vie parisienne, non merci ! Jequitte donc la capitale pour rejoindre mes parents en province,en attendant d’intégrer mon nouveau poste saisonnier àHammamet, en Tunisie. Je revois des amis d’enfance unpeu perdus de vue… et l’un d’entre eux nous présente, à mameilleure amie et moi, son cousin. Grand, sportif, plutôt pasmal : je suis séduite. Mais le départ en Tunisie approche etnous décidons de rester en contact pendant les cinq mois de ma mission là-bas, en tant qu’infirmière. Skype, Facebook,e-mails… tout y passe ! Après deux mois, supportantdifficilement la distance, je décide d’abréger mon contrat.

Me voilà prête à me lancer dans cette nouvellerelation ! Le mois suivant, nous prenons un appartement. La viesuit son cours doucement… Je le présente à mes parents proches,à mes amis. Je suis chrétienne, lui musulman pratiquant. Demon côté, tout le monde respecte mon choix et ses convictions.En revanche, chez lui, c’est plus compliqué : sa maman esttotalement réfractaire à notre union. Je rencontre tout de même une partie de sa famille et sesamis, mais à leurs yeux, notre couple estillégitime. Trois ans s’écoulent et pas lamoindre amélioration ne se profile. Je suisconsidérée comme la “mauvaise” fille,jugée simplement car je suis françaisede souche. Pourtant, j’ai reçu une bonneéducation, j’ai un métier, je me plie à sesconvictions pour ne jamais le décevoirmais cela ne suffit pas : il n’est pas prêt àassumer notre couple au grand jour. Il estétudiant, je travaille donc deux fois pluspour subvenir à nos besoins. J’achète unappartement : on s’y installe. De plus enplus, je constate que mes affaires changentde place, notamment les cadres photos…Il m’explique que sa famille lui rend visitependant mes absences, et qu’il leur cachema présence. C’est dur, mais j’encaisse. Lesweek-ends, il prend ma voiture pour allerleur rendre visite en expliquant que c’estla sienne. C’est dur, mais j’encaisse. Pourlui, pour nous. Comment un étudiantsans ressources peut-il avoir unappartement et une voiture flambantneuf ? Cela ne semble choquerpersonne, ou bien ferment-ils lesyeux ? En revanche, mon entouragecommence à se poser des questions,mais personne n’ose me direfranchement les choses… Crescendo,mon “conjoint” prend chaque jour unpeu plus. C’est matériel avant tout, maisen faisant cela, il me prend ma dignité etma fierté aussi. Je suis consciente que lasituation n’est pas normale, mais je suisaveuglée par les sentiments. Dans l’espoird’une amélioration, je fais taire la petitevoix qui me dit de tout arrêter par peur del’échec et du regard des autres.

Un dimanche, tout bascule.Ma mère m’appelle et m’explique : “J’étaisau travail, une dame s’est présentée en pleursau sujet du mariage de sa fille avec un hommeâgé. Elle m’a raconté que la meilleure amie desa fille, quant à elle, est aussi depuis deux ansdans une relation compliquée avec un jeunehomme qui a un comportement louche, quine veut pas la présenter à sa famille…” Mamaman, qui connaît toute mon histoire,pose quelques questions et le verdicttombe : il s’agit de mon concubin. Elleest abasourdie, pleure durant des joursavant de m’avouer l’inavouable. A cetinstant, le ciel me tombe sur la tête, et cen’est que le début… Je décide de rentreren relation avec la fille en question : noussommes toutes les deux sous le choc. Troisans de relation pour moi, deux pour elle.Une double vie bien ficelée entre mon appartement et le sien, des entraînementsde foot ou des visites familiales commeprétextes pour la rejoindre. Pour moi, ilétait étudiant, pour elle, ambulancier.Elle me donne le détail de la décorationde l’appartement, car ils s’adonnaient àdes rendez-vous amoureux à répétitionchez moi lorsque j’étais de garde, la nuit.C’était “son” appartement, et il lui prêtaitvolontiers “sa” voiture. Elle m’expliqueégalement qu’on lui a volé son ordinateur.Coïncidence ! Il m’a offert le même modèletrois mois auparavant… Le puzzle prendforme dans nos têtes et après le chagrin etla colère, est venu le besoin de vengeance.Nous prenons toutes deux rendez-vousà la gendarmerie accompagnées de nospapas respectifs. Nous tendons un piègeà notre “bourreau des coeurs” pour uneinterpellation musclée, garde à vue etdépôt de plaintes. J’ai pris soin de viderses affaires de l’appartement, changerles serrures… S’en suivront e-mails demenaces et d’insultes, visites à l’improvistedans ma résidence… Deux mois de calvaireoù j’avais la peur au ventre, où je me noyaisdans le chagrin et les questions. Commentavais-je pu en arriver là ?

Je décide de tourner la page etde partir me ressourcer en Afrique pourvenir en aide aux enfants démunis. Je nesuis pas quelqu’un qui se laisse abattre etj’ai conscience que même si cette épreuvea été difficile, d’autres ont des malheursbien plus grands et ont besoin de soutien.Là-bas, je reprends goût à la vie : le soleil,les sourires, l’hospitalité me font un bienfou. Je suis soulagée, le poids que j’avaisdans l’estomac disparaît peu à peu. Etil y a ce jeune homme timide et distantqui me fascine. Les jours passent et nous faisons doucement connaissance. Je suissur la défensive, forcément, mais il memet en confiance, me rassure. Il ne parlepas beaucoup au départ, mais c’est unvrai gentleman ; ce qui me donne l’envieirrésistible d’en savoir un peu plus… Peu àpeu, de la franche camaraderie, on glissevers la séduction et la tendresse. Mais ilest déjà l’heure de rentrer en France. Jelui promets de revenir vite. Chaque jourqui passe, je souffre de l’avoir laisséderrière moi. Au bout de six semaines,je ne tiens plus et fait le choix d’yretourner en coup de vent. Je ne résistefinalement pas et décide de me donnerune chance avec lui. Je suis amoureuse.On prend un logement ensemble eton apprend à se connaître. Il me séduitchaque jour un peu plus : il est attentionné,travailleur et surtout, il est fier de moi etne me cache pas ! Il n’essaie pas de mefaçonner, il me prend telle que je suis. Jeme sens renaître. Je comprends alors cequ’est une relation normale, où chacunrespecte les différences de l’autre. Dans lamixité, c’est indispensable !

Aujourd’hui, après prèsd’un an de relation, nous nous apprêtonsà nous marier. Le deuil de ma relationpassée est fait. Je n’oublierai jamais cequi s’est passé, mais je l’ai surmonté. Jepourrais lui pardonner le mal qu’il m’a fait,mais pas celui causé à ma famille et mesproches par sa trahison, ses mensonges,sa manipulation. Finalement, je neconnaissais pas cet homme qui a mené unedouble vie, avec plusieurs personnalitéscomme un prédateur se fondant dans ledécor pour mieux atteindre ses proies.Je remercie mon futur mari de m’avoirredonné confiance en l’amour et enl’homme… et aussi ce Dieu, qu’il soitmusulman, chrétien ou juif, de m’avoir faittraverser une épreuve pour finalementmettre sur ma route le bonheur… â—†

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