Un coup de poing dans l’égo
Trahison, colère, jalousie, tristesse, désir de vengeance, sentiment d’abandon, etc. Telle est, grosso modo, la palette d’états émotionnels ambivalents, qui traversent, de part en part, la personne cocufiée par son conjoint. Découverte fortuitement, via la rumeur, ou encore, une fois que les soupçons aient été confortés par des preuves matérielles, l’infidélité blesse, et occasionne une fêlure dans la perception narcissique de soi-même. Une piqûre algique de douleur et un réveil brutal de complexes enfouis : “mais qu’est-ce qu’elle a de mieux que moi ?”. Pourtant, si ce jour-là, on a juste envie d’envoyer valser, avec fracas, sa relation, tout en signifiant son congé sans solde au partenaire, stop. On se retient de commettre l’irréparable, et on temporise un peu…
Pas de réconciliation dans l’immédiat
Vous avez formellement découvert le pot aux roses, et il a avoué piteusement. Ou s’est décomposé, en cherchant à se justifier maladroitement. Ou a persisté à mentir de manière éhontée, en dépit du rapport détaillé des textos brûlants adressés à sa maîtresse. Dans cette phase délicate, où le trouble des deux parties est grand, le coupable confondu a généralement les oreilles qui sifflent de toute la rage et tristesse qui se déploient en face. Et s’il est sain de vider toute sa rancœur enfouie, ne pas s’étonner non plus que monsieur s’isole, rentre en silence comme un moine tibétain, ou prenne carrément la fuite. Oui, c’est un grand lâche ; et vous, vous êtes devenue la caricature de la haine. Une fois le sac de griefs vidé, un peu de distance mutuelle, dans un premier temps, ne peut pas faire de mal. En digne dame drapée dans son chagrin et son silence, laissez-le, quelque peu, macérer dans son jus, sans savoir sur quel pied danser…
Pourquoi pardonner ?
Parce qu’il vous a avoué, les yeux larmoyants, qu’il vous aimait toujours. Le pécheur repenti a aussi juré ses grands dieux qu’il ne reverrait plus jamais la tentatrice. Selon lui, ce ne fut qu’une simple histoire charnelle, et l’aparté érotique ne s’est produit qu’une fois (enfin, plusieurs fois, mais avec la même!). De toute façon, comme vous ne pouvez pas lui coller un logiciel de localisation aux fesses, vous êtes bien obligée de le croire sur parole. Sans compter que d’autres dilemmes vous agitent : malgré votre furieuse envie de trucider sa petite gueule d’amour, vous mesurez la profondeur de votre attachement, à son égard. Des années de compagnonnage et de complicité ensemble, et deux enfants, plus tard, vous n’êtes pas prête à renoncer à votre vie de famille équilibrée et peut-être, un peu, aussi, (qui sait?) au confort de votre magnifique villa. En plus, le petit malin a rameuté tous les proches, pour faire de son mea culpa une entreprise collective de pression familiale. D’une histoire perso, l’affaire est devenue d’État: “pardonne-lui; pardonne-lui !”, vous entendez les voix des oncles et des tantes, jusque dans votre sommeil paradoxal !
Le temps du questionnement
Soit. Au terme du live : “Questions pour une championne… avaleuse de couleuvres”, vous avez choisi l’option “je reste”. Il faut maintenant se poser avec le sbire, calmement, pour évaluer la situation. Sinon, comme disait Churchill, “si on oublie l’histoire, on est condamnés à la revivre”. Et la séance ne doit, surtout pas, débuter par une exigence de compte rendu clinique des ébats ! On cherche principalement à connaître le pourquoi. En effet, si la chair est faible et que les nouvelles technologies modernes permettent de rentrer, tel un jeu d’enfant, en communication avec n’importe qui, le plus facilement du monde, cela reste des conditions nécessaires mais pas suffisantes pour déclencher le passage à l’acte et la tromperie effective. Non, la relation extra-conjugale dit parfois autre chose. Elle peut être le signal d’une usure, d’un éloignement mental, d’une perte de communication, d’un manque de désir ou de souci de l’autre, d’une surcharge de stress, de conflits latents… “À cause du rythme speed du boulot, des enfants et de la fatigue, on ne faisait que se croiser depuis un certain temps, déjà… C’est dans cette faille de notre couple que s’est glissée son histoire avec sa nouvelle stagiaire”, avoue Asmaa.
À Madame “cornée” de s’asseoir donc sur son ego meurtri et de comprendre qu’elle est également partie prenante de ce qui est arrivé. Maintenant, si le quidam a juste peur de vieillir et a voulu vérifier sa capacité de séduction, en jouant au Sugar Daddy avec une donzelle plus jeune, on doit être en mesure (après avoir avalé deux cachets de calmants !) de l’entendre aussi… Vous êtes sonnée par ces révélations ? Certes. Mais elles sont susceptibles de générer un choc salutaire : apporter une nouvelle respiration à un couple qui s’essoufflait ou ronronnait.
Round de reconstruction
Le premier crash test de résistance réussi, on entreprend de reconstruire la bâtisse en péril. Au premier étage, l’élément le plus sensible à restaurer est, sans aucun doute, la confiance. Après ce coup de canif dans le contrat, lui, sait qu’il a des gages de sécurité renouvelés à vous présenter. Transparence dans le planning, disponibilité plus grande, association à ses activités extra-professionnelles et ses déplacements, l’amour en convalescence doit pouvoir s’appuyer sur des preuves concrètes de changement de sa part. Et la dynamique doit avoir lieu dans les deux sens ; si vous vous muez en Madame Colombo, en scrutant ses messages et les cheveux égarés sur son manteau, il va bientôt étouffer sous la jalousie et vouloir transgresser, tel un gamin, à la moindre occasion. L’idée, c’est plutôt de remobiliser le potentiel de croissance du couple, en parvenant à “transcender” cette tromperie passagère, infidélité de corps et non de cœur.
Pour y parvenir, une certaine maturité doit prévaloir pour “écouter” les frustrations de l’autre, et remettre du lien, là où le nœud manifeste des traces d’usure. Se rapprocher davantage, fouetter la relation de petites attentions et de dialogue, refaire l’amour comme au premier jour, on prédit que les remords de l’un, couplés à l’ouverture d’esprit de l’autre, accompliront des merveilles !
