Faut-il légaliser le sexe avant le mariage ?

Sur les réseaux sociaux, on s'insulte, on se menace, on ironise... et nombreuses sont les voix qui s'élèvent contre ces dévergondés qui osent envisager l'abrogation de la loi interdisant les relations sexuelles avant le mariage. Pour en savoir plus sur nos moeurs, décidément très compliquées, FDM donne la parole à ceux et celles qui ont accepté de débattre de ce sujet très controversé.

Badr, 39 ans, chef d’entreprise.
â–  Cette loi est complètement inutile et il faut la zapper ! Elle ne colle pas du tout avec les rapports qu’entretiennent les hommes et  les femmes, et ne correspond pas non plus à l’évolution de notre société. Aujourd’hui, elle n’est pas appliquée du tout, tout le  monde a des rapports sexuels avant le mariage, et la preuve, c’est que de moins en moins de filles se marient vierges. Il faut maintenant que la religion évolue et soit plus cohérente avec ce que nous vivons, avec notre réalité. J’ai moi-même deux filles et quand elles seront en âge de vivre leurs propres expériences, je me montrerai ouvert. Tout est une question de respect et ce qui  compte par-dessus tout, c’est qu’elles tombent sur quelqu’un qui les estime et prenne soin d’elles. A quoi bon leur interdire les choses, de toute manière, elles feront ce qu’elles ont envie de faire.

Mehdi, 20 ans, étudiant.
â–  Que cette loi soit supprimée ou maintenue, la réalité, elle, ne changera pas. Légaliser la sexualité avant le mariage permettra  simplement de s’adapter à la réalité des choses. Aujourd’hui, au Maroc, la moyenne d’âge du mariage est de 32 ans chez les  hommes, et 29 ans chez les femmes. Or, biologiquement, je ne pense pas qu’il soit possible pour un être humain de ne pas  avoir de relations sexuelles avant cet âge. Je respecte parfaitement les personnes religieuses qui veulent préserver les valeurs traditionnelles, mais à condition que celles-ci n’aient pas de relations sexuelles jusqu’à leur nuit de noces ! Les hommes exigent  d’avoir des partenaires sexuelles expérimentées avant le mariage, et une femme vierge pour épouse… Mais il faut faire  un choix ! J’estime ceux qui disent ce qu’ils font et qui font ce qu’ils disent. L’article de loi 490 ne s’applique en vérité  qu’aux femmes, car dans notre culture marocaine, un homme puceau le jour de ses noces est considéré comme ridicule, comme  n’étant pas viril. Mais qui sommes-nous pour autoriser nos mères et nos soeurs à disposer ou pas de leur corps comme  elles l’entendent ? Et que se passe-t-il si je refuse que ma soeur ait un petit copain et qu’elle me désobéit ? Que dois-je faire ? La frapper, la fouetter, commettre un crime d’honneur ? C’est ça l’alternative que nous donnent les personnes qui  sont contre les libertés individuelles ? La jeunesse doit faire un choix : soit la modernité, soit les préceptes de la religion ; mais dans ce dernier cas, la chasteté doit s’appliquer aux deux sexes. On vit dans un pays où certaines lois sont respectées et  d’autres non, mais il est grand temps que cela cesse, que le Code pénal soit revu en adéquation avec la nouvelle constitution et les traités internationaux. Pour ma part, je suis pour la suppression de cette loi et je suis pour un Maroc de droit. Autoriser la  exualité hors mariage, c’est légaliser le sexe entre adultes consentants et sensibilisés aux moyens de contraception et à l’éducation sexuelle.

Keltoum, 30 ans, maquilleuse.
â–  Aujourd’hui, je suis mariée, mais avant de l’être, mon mari et moi vivions ensemble et avions des rapports sexuels. Nous  l’assumons parfaitement mais ici, au Maroc, tout le monde se sent obligé de mentir à ce sujet. Dans mon entourage, il n’y a que des filles qui font ce qui leur plaît, et qui disposent de leur corps comme elles l’entendent ; et ce, bien avant leur mariage. Et qu’on ne s’y trompe pas, même les filles voilées ont des petits copains ! Aujourd’hui, quand on entretient une relation  amoureuse avec un garçon, les relations sexuelles sont plus que courantes car sans cela, comment peut-on savoir que c’est bien  l’homme ou la femme qu’il nous faut et avec qui on veut passer sa vie ? Et comment peut-on prétendre connaître l’autre ?  Mais ce qui est aussi très grave, c’est que les couples non mariés ne peuvent pas sortir librement dans la rue sans risquer de se faire interpeller par la police. On dirait que tout est ramené au sexe, mais il n’y a pas que ça qui unit un couple ! Certains disent  que la légalisation du sexe hors mariage risque d’accroître la prostitution mais à mon avis, ça n’a rien à voir. Quand on  vit dans un pays civilisé, qu’on est un homme et qu’on peut vivre avec la femme qu’on aime sans contraintes, même sans être  mariés, on a beaucoup moins recours au service des prostituées… cela va de soi.

Amine, 29 ans, acteur.

â–  Selon moi, les Marocains n’ont aucune notion d’éducation sexuelle car notre société ne le permet pas. Aujourd’hui, on se bat contre le phénomène des enfants abandonnés, illégitimes, les orphelinats sont saturés et on parle de libérer la sexualité… Mais  si on autorise le sexe avant le mariage, on risque tout simplement d’accroître les difficultés que connaît déjà notre société. Alors pourquoi autoriser cela ? Il faut aussi qu’on ait les capacités de parler de la notion de liberté et de ses limites. Notre véritable  problème, c’est l’éducation de nos enfants, et je crains le pire pour les générations à venir. Un sujet tel que la légalisation de la  sexualité hors mariage est un débat qui n’est pas encore à notre portée car il nécessite de la maturité et de l’éducation…

Mariam.
â–  Abroger l’article 490 de la loi pénale revient à autoriser, d’une certaine manière, le concubinage, les naissances hors mariage  et d’autres phénomènes sociaux qui sont susceptibles de bouleverser profondément les moeurs traditionnelles et par  conséquent, mener à l’éclatement de la sphère familiale qui constitue une richesse humaine pour toute société. Certes, l’existence de cet article fait état de ce que l’on appelle “l’hypocrisie sociale”, mais il évite en tout cas une dégradation des  valeurs et une démoralisation croissante de la société. La modernité, oui, mais pas à n’importe quel prix ! Les gens continueront  de faire ce qu’ils font déjà, sans être arrêtés car cet article n’a jamais vraiment été respecté. A mon avis, il faut  estimer les répercussions d’une telle abrogation sur le plan sociologique avant de dire que cet article est une plaie. 

Abdenbi, 35 ans, assistant réalisateur.
â–  A partir du moment où les deux partenaires sont d’accord et se comprennent, je ne vois pas où est le problème. Je n’ai rien  contre la religion, mais tous les Marocains ne sont pas pratiquants ou croyants. Beaucoup de gens se disent musulmans, mais  niquement par tradition, et c’est au nom de cette celle-ci qu’on décide de se réserver jusqu’au jour du mariage et de prouver sa  virginité devant témoins, par exemple. J’ai beaucoup d’amis que ça ne dérange absolument pas d’épouser une femme qui a  déjà eu une vie sexuelle avant eux, et qui n’hésitent pas à imposer leur choix à leur famille. Je pense que notre génération et  celle à venir s’en fiche pas mal de ce que dit la religion ou pas, car l’essentiel pour les jeunes aujourd’hui, c’est de trouver du travail, de s’en sortir dans la vie, de se sentir bien. Certes, la tradition occupe malgré tout une place importante, mais elle se  révèle en fait beaucoup plus contraignante pour les filles que pour les garçons. Car en fin de compte, c’est à elles qu’on interdit  d’avoir une vie avant le mariage… 

Najwa, 22 ans, étudiante.
â–  Le débat du moment sert les conservateurs, les hypocrites, qui appellent à l’application de la loi coranique et qui font comme  si les rapports sexuels n’existaient pas hors mariage. Ces gens-là essaient de manipuler et d’interpréter la religion pour servir  leurs intérêts politiques. Or, la constitution est claire : l’état marocain est un état musulman qui s’est engagé à respecter et à  appliquer les traités internationaux. Aujourd’hui, les jeunes souffrent car ils ne comprennent plus ce qu’est l’identité marocaine  et sont perdus entre les thèses des conservateurs et celles des modernistes. Pour ma part, je veux vivre dans une société marocaine claire, qui a des valeurs et qui adopte une politique et une stratégie que tout le monde comprend. On ne peut pas  revendiquer une liberté et oublier les autres… La liberté, c’est un tout, et c’est aussi la liberté de conscience. L’islam est une  religion de tolérance et il est d’ailleurs écrit dans le Coran que tout un chacun a le droit de choisir sa religion et de la pratiquer  comme bon lui semble. A mon avis, le coeur du problème est le système éducatif dans son ensemble.

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