« Toujours célibataires ? Patience, votre prince charmant n’est pas encore né. » Qui n’a pas déjà vu cette blague défiler sur son fil d’actualités Facebook ? L’auteur (inconnu) illustre ses propos en énumérant les couples formés par Madonna 57 ans, Tina Turner 76 ans, Jennifer Lopez 47 ans. Conclusion humoristique : le meilleur est encore à venir, dissimulé sous les traits d’un vif éphèbe.
Monde à l’envers, revanche « des femelles », l’idée choque ou séduit mais ne laisse personne de marbre. Cette dynamique affective (pas si nouvelle que ça) repose sur un tas de choses. « Les femmes plus âgées symbolisent l’assurance. Celles dont on parle assument leur sexualité et la revendiquent. Leur préoccupation majeure est de perpétuer leur jeunesse et de s’assurer de leur potentiel de séduction. En réclamant leur droit au plaisir, elles se placent en égales de l’homme », explique Ghita Alami, psychologue clinicienne.
Expérience contre jeunesse, tout le monde y trouve son compte. D’un côté la cougar, mi-humaine mi-succube, assumant le même engouement pour la chair fraîche que son homologue mâle, de l’autre le conjoint jeune, beau et… comblé par la toute puissance de sa femme.
On ne naît pas cougar, on le devient
Son profil ? Elle a du chien ! C’est inéluctable. Même plus âgée, la compagne du « toy boy » doit physiquement lui permettre de trancher. Elle est célibataire mais pas désespérée donc : pas d’appel en cours de journée pour se rassurer des sentiments ou de la fidélité de son beau. Pas de prises la tête. Financièrement autonome. Techniquement parfaite sur son matelas Simmons. Cette super-héroïne a tout pour plaire, du moins c’est ainsi qu’on la médiatise. Le terme est bien pesé…
« L’histoire nous rapporte de multiples relations entre des femmes de pouvoir et des hommes plus jeunes. Ce qui change aujourd’hui, c’est toute la communication qu’il y a autour », nous dit la psychologue. La cougar est de plus en plus vendue comme la femme idéale pour une relation sans ambages. Modelée par son vécu, elle « a appris à dépasser ce qu’elle imagine être ses défauts et se focalise désormais sur ses attributs féminins ».
Cette promesse toutes options suscite bien des convoitises. « Les filles de mon âge m’intéressent de moins en moins. Je les trouve prudes et trop formatées. Elles n’ont qu’une idée en tête, se caser et faire comme leurs mères. » A 25 ans, Thami n’a rien contre l’idée d’une partenaire plus mûre et surtout plus expérimentée. Pour du long terme ? La réponse fuse, spontanée : « Je n’en suis pas encore là mais je présume qu’une femme plus âgée est mieux à même de le comprendre…»
Un couple normal ?
Poser la question revient à mettre sur la table les idées reçues à ce propos. Femme seule en mal de jeunesse, intérêt pécuniaire de l’homme, couple voué à l’échec, ridicule, indécence. La liste est longue, parce qu’en dépit de la tendance, le terme « cougar » garde une connotation péjorative. « Les gens voient dans une sexualité féminine assumée quelque chose de bestial et d’agressif. La relation est d’emblée déshumanisée. On peut mettre ces réactions sur le compte d’un formatage patriarcal. Le scénario inverse, lui, reste mieux perçu. Un homme optant pour une partenaire plus jeune cherche inconsciemment à perpétuer sa lignée », affirme Fouad Benmir, sociologue. Chez la femme « vieillissante », il ne peut s’agir que d’un caprice qui ne mènera à rien puisque ses capacités reproductrices vont en diminuant. Réflexes préhistoriques ! « C’est réducteur et purement machiste de regarder les faits sous cet angle. Bon nombre de ces histoires se mettent en place de la même façon que celles faisant intervenir des gens d’une tranche d’âge identique », insiste le spécialiste qui voit en la cougar une femme se prenant en charge à tous les niveaux. Plus en phase avec ses désirs, elle « initie » au lieu de se laisser porter par les évènements.
Un couple normal en somme, si l’on part du principe qu’il est formé par deux personnes majeures et consentantes partageant des sentiments réciproques au vu et au su de tous. Qu’est-ce qui permet d’en douter ? Probablement l’association des mots « mûre » et « indépendante » qui sous-entend un rapport économique entre les deux protagonistes. L’homme se fait forcément entretenir par la femme, sinon il ne serait pas là, diront les mauvaises langues. Certes, cette configuration existe aussi, mais elle n’est pas la seule à réguler les duos. Beaucoup trouvent dans cet écart d’âge la grisante différence dont ils ont besoin pour s’épanouir ensemble. Si ça fonctionne, pourquoi se priver ?