Comment gérer la belle-famille en beauté?

Ils ont enfanté notre chère moitié. Sans eux, on ne convolerait pas en justes noces... Que faire quand ils sont source de conflit ? Essayer de les changer est illusoire. Comment les adopter malgré tout ? Quelques réflexions et conseils pour ne vexer personne et placer d'emblée les belles-familles à la place qui leur convient.

N’ssab, la belle affaire!

N’ssab ou encore belle-famille : l’évocation de ce mot, drôlement composé, provoque souvent une moue ou un silence qui en disent long. Belle ou pas, de part et d’autre la famille complique (souvent) la vie du couple. On aimerait être entre soi, tranquilles, mais les parents sont là, plus ou moins sympathiques, plus ou moins envahissants, plus ou moins supportables. Au début, avant de se passer la bague au doigt, on les voit de loin et on les auréole de respect. Qui imagine alors que le père ou la mère de son cher et tendre puisse, même sans le vouloir, mettre à mal la belle harmonie  bourgeonnante d’une vie à deux ? Les amis ont beau prévenir : “Tu verras, avec n’ssab rien n’est jamais simple”, on évacue vite fait, persuadés de faire partie du “toulout al naji”. On s’installe ensemble, convaincus d’être seuls au monde, et on se met à rêver à l’avenir. Erreur ! Dès lors que l’on vit sous le même toit, tout change. On est peut être deux à partager le nid conjugal, mais six à être impliqués dans la vie de tous les jours, et dorénavant, dans la vie tout court : le couple et les quatre parents des deux tourtereaux. Eh oui, les parents ont toujours droit au chapitre.

On est peut être deux à partager le nid conjugal, mais six à être impliqués dans la vie de tous les jours, et dorénavant, dans la vie tout court

entre gendre ou belle-fille et belle-mère, entre beaux-parents eux-mêmes ! A voir le nombre de personnes impliquées qui interagissent les unes avec les autres, comment s’étonner des tensions qui naissent avec la belle famille et qui s’expriment souvent par des discussions houleuses au sein même du couple ? On reproche à l’élu (e) de son coeur d’avoir des parents pot de colle ou rigides ; on déplore le clash : “Tu aurais quand même pu te maîtriser, ce sont mes parents après tout !” On se chamaille à propos de la prochaine visite autour du couscous du vendredi. Des disputes qui tournent parfois à l’orage jusqu’à mettre en péril le couple pris au piège de problèmes affectifs qui le dépassent. Pour les comprendre, on aurait tort de s’en tenir aux commentaires de surface qui expliquent les conflits par l’étonnement de chacun devant les us et coutumes des autres : ils n’ont pas la même façon de vivre, les mêmes habitudes culinaires, la même manière de communiquer. Illustration : “J’ai été élevée dans une famille calme et réservée. Il m’a fallu déployer beaucoup  d’énergie pour supporter les parents de Karim, exubérants, qui parlent haut et fort, criant presque,  vous interpellent avec familiarité et déballent tous leurs problèmes à table sans aucune gêne” raconte Zineb. Mais, à moins que les familles ne soient issues de milieux ou de pays extrêmement différents, ce sont les éléments d’ordre psychologique qui risquent de peser le plus lourd sur la vie du couple. Les conjoints et les beaux-parents projettent les uns sur les autres des rêves ou des fantasmes, comme l’explique la psychiatre Batoul El Harti. Un père trop attaché à sa fille aura tendance à percevoir son gendre comme un rival, un voleur d’amour. Une mère trop protectrice et infantilisante peut imaginer sa fille chérie entre les mains d’un monstre s’interposant entre elles, ou bien au contraire aux côtés d’un homme faible qui n’aura jamais une bonne influence sur sa femme. A l’inverse, un amoureux peut amplifier les défauts de ses beaux-parents et se montrer agressif vis-à-vis d’eux parce qu’il les tient responsables des souffrances morales de sa compagne.

Selon les psy, on arrive à gérer la belle famille, quelle qu’elle soit, quand on fait le deuil d’une belle-famille idéale et de parents parfaits.

A chacun de s’arranger avec ses propres parents

Vues sous cet angle, les tensions qui naissent entre conjoints et beaux-parents ne sont que  l’expression de problèmes entre parents et enfants. Les psychologues nous expliquent qu’il n’y a pas de conflits de fond entre beaux-enfants et beaux-parents. Les relations que le couple entretient avec les belles-familles dépendent entièrement des relations que le conjoint entretient avec son père et sa mère”. Illustration : une épouse est en conflit avec sa belle-mère car celle-ci est omniprésente dans sa vie conjugale. Ce qui est en cause, c’est la relation entre le fils et la mère. L’un et l’autre n’ayant sans doute pas coupé le cordon ombilical. La belle-fille en veut à sa belle-mère d’être possessive et aussi à l’homme de sa vie de se comporter comme un petit garçon quand ils sont tous les trois  ensemble. Elle aimerait que celui-ci agisse en adulte et prenne, de temps en temps, position en sa faveur contre sa maman. Ce serait une preuve de maturité. Les psychologues nous expliquent qu’il ne suffit pas que la bru fasse davantage d’efforts de courtoisie et supporte les caprices d’une dame âgée, comme notre culture nous incite à le faire, pour mettre un terme à ce genre de conflit. La belle-fille aura beau montrer de l’empathie, les problèmes du trio resteront posés jusqu’à ce que le fils ose enfin défendre sa compagne. Celle-ci se  sentira alors rassurée sur sa place dans le couple et dans le trio, elle sera rassurée sur l’amour et le respect que son conjoint lui porte, et c’est cette sécurité affective qui permettra à la belle-fille d’être plus détendue, plus tolérante envers sa belle-mère. Le témoignage de Widad va dans ce sens. Elle estime que sa belle-mère la déteste car elle lui aurait volé l’affection et la présence de son fils. “En vérité, ma belle-mère a toujours eu des problèmes avec son fils et elle assimile son départ à une fuite. Elle m’en veut car mon mari s’est beaucoup attaché à ma famille et il a une grande complicité avec mon père. Au fond, je crois qu’elle se sent seule, mais refuse de l’admettre et de se remettre en question. Elle rechigne en permanence et les rencontres familiales au domicile de ma belle-famille sont devenues des corvées. Mon mari aime beaucoup son père, et il se sent mal aimé par sa mère. Il se rend compte que ma belle-mère me rend la vie difficile, il me soutient tout en évitant de rentrer en conflit ouvert avec sa mère. Aussi, je joue les belles-filles charmantes, j’évite tout prétexte qui alimenterait les désaccords. Je fais la sourde oreille quand elle me reproche par exemple de ne pas encore avoir d’enfant. Cette femme ne s’aime pas, comment pourrait-elle aimer les autres ?”

Nous venons tous du pays de notre enfance

Autre phénomène à prendre en considération pour anticiper les conflits ou comprendre les animosités : la belle-famille vient réveiller les douleurs que l’on a connues avec sa propre famille dès l’enfance. Il peut s’agir d’un sentiment de rejet comme l’explique madame El Harti. Un homme mal aimé de ses parents aura des attentes démesurées vis-à-vis de ses beaux-parents : il les rêvera aimants, présents, parfaits. S’ils ne répondent pas à cet idéal, il risque de leur en vouloir inconsciemment. Les reproches adressés à ses beaux-parents du style : “De toutes les manières, tes parents ne m’aiment pas. C’est évident, ils ne m’ont jamais accepté !”, sont en fait adressés à ses propres parents. Et ils témoignent d’une incapacité à vaincre ses souvenirs d’enfance. Si l’on en croit les psy, on arrive à gérer la belle-famille, quelle qu’elle soit, quand on a fait le deuil d’une belle-famille idéale et de parents parfaits.

 

 L’essentiel est de maintenir un lien interfamilial suffisamment chaleureux et riche, et de moduler ses relations avec la famille en prenant garde qu’elle ne soit trop envahissante pour le couple.

 

Un lien souple et chaleureux

Préserver son couple exige donc de savoir prendre une certaine distance par rapport au reste de la famille. Il ne s’agit pas de ne plus se voir comme avant, ou de s’aimer moins, mais plutôt de fixer des limites à l’intervention des parents dans l’intimité du couple. Certains beaux parents ont beau demander à la pièce rapportée de les appeler “papa et maman”, c’est au couple de prendre les décisions qui le concernent ; c’est à lui et à lui seul de définir le rythme auquel il estime pouvoir rencontrer les parents. Tout dépend du degré de tolérance de chacun vis-à-vis des parents de l’autre et de l’attitude de la belle-famille. Si celle-ci est discrète, ils peuvent éventuellement passer quelques jours de vacances ensemble. Si la belle-famille est envahissante, limiter la durée où l’on se côtoie est préférable : passer les vacances sous le même parasol est à proscrire. L’essentiel est de maintenir un lien interfamilial suffisamment chaleureux et riche, et de moduler ses relations avec la famille en prenant garde qu’elle ne soit trop envahissante pour le couple. Tout dépend évidemment de la capacité du couple à décider ensemble de ce qu’ils voudraient faire à deux, et seulement à deux. Ce n’est pas toujours simple, notamment si la belle-mère est veuve ou si les beaux-parents vont chercher les petits-enfants chaque jour à la sortie des cours. On se sent alors redevable et moins libre  d’affirmer son indépendance. Mais même dans cette situation délicate, on aurait tort de sacrifier son couple sur l’autel de la famille, belle ou pas. En conclusion, il y a toujours moyen d’apprivoiser sa belle-famille. Pour ceux et celles qui viennent d’adhérer au club des nouveaux mariés, Batoul El Harti conseille de se dépêcher lentement : il est important de ne pas vouloir aller trop vite en besogne pour tisser des liens. Un gendre ou une bru ont beau faire partie légalement de la belle-famille, ils n’en restent pas moins des étrangers au début. De bonnes relations se construisent au fur et à mesure que chacun apprend à se connaître. “Pour que la greffe s’opère en douceur, il est bon de n’avoir aucune idée préconçue vis-à-vis de sa belle-famille, de faire preuve de tolérance et de l’accepter comme elle est. L’idéal est d’entretenir des relations de personne à personne, sans se dire, “Mon dieu c’est ma belle-mère !”. Il faut se rencontrer par plaisir et non par devoir.” En somme, garder la distance optimale avec les belles-familles dépend de la capacité de chacun à renoncer à son groupe d’appartenance, à sa famille d’origine pour fonder sa propre cellule familiale. Si chaque partenaire arrive à se placer comme une personne adulte face à sa famille et est capable de poser ou d’imposer son conjoint, le couple arrivera à gérer les belles-familles et, le cas échéant, à s’en protéger. â– 

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