La dernière soirée a constitué l’apothéose d’une semaine riche en festivités. Le groupe de gospel Kingdom Choir TM, connu du monde entier depuis sa participation au mariage du Prince Harry et de Meghan Markle, a littéralement électrisé l’historique scène de Bab Al Makina et provoqué une standing ovation méritée. Une belle entrée en matière pleine de « soul » avant le concert principal donné par les deux légendes vivantes du flamenco, Jose Merce et Tomatito. Les deux figures iconiques d’un patrimoine andalou authentique ont su conquérir à leur tour l’audience par un « cante jondo » à la fois tragique, sensuel et festif. Ce dernier spectacle, conciliant deux registres musicaux complètement distincts, a parfaitement incarné l’esprit du festival de Fès. Une ode à l’interculturalité, à la célébration des différences, au rapprochement des lointains…mais aussi à la ville de Fès et à sa renaissance..
L’édition 2019 a donc bénéficié d’une portée unique. La programmation de cette année placée sous la thématique « Fès, à la Confluence des Cultures » a ainsi été exceptionnelle afin de célébrer cet événement et ce renouveau de la médina.
Durant 8 jours de festivités variées, des milliers de festivaliers de dizaines de nationalités différentes se sont déplacés sur les différentes scènes de Fès. Le festival Boujloud et sa grande scène gratuite a quant à lui enregistré un immense succès populaire avec des dizaines d’artistes programmés et une présence ininterrompue de fans et de spectateurs avides de nouveautés. Une réussite incontestable due en grande partie aux 750 artistes et musiciens ayant contribué aux différentes scènes mises en place.
« Cette 25ème édition a rempli toutes ses promesses », témoigne M. Abderrafie Zouitene, Président de la Fondation Esprit de Fès, organisatrice de l’événement. « Le Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde rayonne et attire des mélomanes de toutes les régions du monde. C’est autant le résultat des efforts au niveau de la programmation renouvelée que d’une promotion intense en amont du festival, tant au plan national qu’international ».
En effet, l’édition 2019 a exploré des horizons variés en provenance de tous les continents. Dans l’univers des musiques sacrées du monde, une large palette de genres a été représentée, la cornemuse celte succédant à l’Afrobeat, la harpe à la Nora, la flûte de Pan sublimant les percussions de Djembé, le Godspel côtoyant le Melhoun, et bien d’autres mariages métissés caractéristiques de l’universalité du festival…
Cette programmation a su combler les attentes du public en proposant un vaste éventail d’artistes émergents et de têtes d’affiche, avec des groupes éclectiques tels que le World Youth Orchestra Baroque, Bahariyya, la diva Michelle David, Carlos Nunez, Obini Bata… Dans un domaine où art et sacré se rencontrent, chaque artiste a su faire découvrir les nuances complexes de son répertoire.
Les stars internationales ont également joué leur rôle de pôles d’attractivité du festival et attiré un large public vers la capitale spirituelle du Maroc. Ces artistes de renom ont tenu à témoigner de leur attachement à cette manifestation culturelle d’envergure. Ainsi, Marcel Khalifé, le géant libanais, a tout bonnement consacré le festival de Fès en « exploration musicale, spirituelle et même une place pure, par opposition au monde chaotique et en décrépitude dans lequel nous vivons ». Sami yussuf a quant à lui érigé le festival des musiques sacrées en lien indéfectible entre le passé et l’avenir : « les musiques sacrées sont l’échelle de la Terre vers le ciel… notre mission est de transmettre la musique aux générations futures ». Youssou Ndour, le petit prince de Dakar, a quant à lui attesté de l’importance de ce festival en déclarant « alors que plusieurs Festivals disparaissent, il faut préserver celui de Fès qui est d’une grande symbolique ». Autant de témoignages qui constituent un précieux gage de qualité et de gratitude à l’égard du festival spirituel.
En plus du succès artistique, le festival de Fès a su également s’ériger au fil des ans en haut-lieu d’échanges et de débats à travers le Forum éponyme qui a consacré pour cette édition la thématique cruciale de la « confluence des cultures ». Sur deux jours, le Forum a réuni plusieurs personnalités des mondes artistique, culturel, académique et politique autour de sujets d’actualité ayant trait à la mixité culturelle et à la nécessité d’une pensée interculturelle et transverse des problématiques auxquels sont confrontés les peuples et les civilisations.