Chacun sa chambre!

Le lit conjugal a toujours été le haut lieu symbolique de l’intimité du couple. Pourtant, certains conjoints choisissent l’exil volontaire. La chambre séparée révèle-t-elle une déliquescence de la relation, ou confirme-t-elle simplement un désir de bien-être personnel plus marqué ?

Un “vrai” couple est censé dormir dans un seul et même lit, y faire l’amour et y concevoir une ribambelle de gamins rieurs. Cette vérité inscrite dans le marbre et l’imaginaire populaire sous-tend le mythe d’une vie à deux réussie… À cohabiter sous la même couette, on multiplierait les prétextes pour fusionner, être complices, s’enlacer, s’emmêler les orteils et le reste. Davantage marquée chez les duos de fraîche date, cette envie de rapprochement physique avec l’autre poursuit la lune de miel sur le même territoire de draps. S’inscrire en porte-à-faux par rapport à ce joli fantasme peut donc vous valoir illico une levée générale de boucliers. Le tabou semble inviolable… Et pourtant, quelques-unes s’y sont risquées sur la pointe des pieds, à l’instar de Leïla : “J’adore me retrouver avec lui sous la couette quand les enfants sont couchés. On bulle, on se raconte nos journées respectives, on se fait des câlins…

Ensuite, il ferme les yeux, toujours le premier, et c’est là que le cauchemar commence: des ronflements de chaudière à gaz qui me laissent compter les moutons jusqu’au bout de la nuit. Un jour, j’ai pris mes cliques et mes claques pour terminer sur la banquette du salon. Maintenant, c’est devenu une habitude… Et comme je me réveille avant lui, souvent, il ne remarque même pas mon absence !”

Ronflements, insomnies, télévision pour s’assoupir pour l’un contre obscurité et silence pour l’autre…, en général, celui ou celle qui paie les pots cassés de la promiscuité est le détenteur du sommeil le plus léger. “C’est un banal problème technique lié à de mauvaises conditions de repos. Pourtant, il impacte mon humeur du matin. Je suis grognon, irascible et me dispute fréquemment avec lui, au saut du lit, pour des futilités”, indique une Nora exténuée.

Depuis un an, elle invoque les angoisses nocturnes de sa fille pour aller camper, le plus fréquemment possible, hors du nid douillet !
 
Dormir seul : un peu, beaucoup, passionnément…

Distinguer les moments d’intimité du temps sacré dédié au sommeil, l’option très “vieille aristocratie” n’est pourtant pas aussi farfelue qu’elle en a l’air. Dans les cultures protestantes, par exemple, se jeter dans les bras de Morphée peut justifier une localisation GPS différente entre l’époux et l’épouse. Même si la couche conjugale en commun reste une constante dans les mentalités depuis le Moyen Âge, qu’on fasse référence à l’Europe catholique ou aux sociétés du bassin méditerranéen, aujourd’hui, le sujet de la chambre séparée refait surface. Une étude réalisée par des chercheurs anglais sur une quarantaine de couples indique que la formule “alone” du couchage améliorerait grandement la santé et préviendrait la survenue de troubles cardiaques. En effet, les mouvements brusques de l’autre, les toux, les tirages de couvertures ou encore les petites “musiques de chambre” désagréables dégradent la qualité des nuits et sont susceptibles de générer aussi des tensions dans la relation. Alors, quoi ? Faut-il dormir séparément pour s’aimer plus longtemps ? La formule est encensée par certains amoureux célèbres tels que la reine Elizabeth II et le prince Philip, qui l’affichent comme l’une des clés de la longévité de leur love story !

Le sociologue Jean-Claude Kaufmann, qui s’est intéressé aux petites guerres entre conjoints, va plus loin. Il révèle que le lit, espace d’intimité jumelée, symbolise à lui seul la grande contradiction du couple : le besoin de proximité amoureuse qui s’entrechoque avec l’aspiration au bien-être et à l’autonomie personnels. Passée la fusion du début, chacun réinstalle donc ses propres marques et ne supporte pas vraiment les manies de l’autre. D’autant que la chambre à coucher version moderne accueille désormais en son sein des activités diverses : lecture, plateau-repas, tablette, smartphone, visionnage de DVD… Dans ce sas de décompression individuelle, on n’a pas forcément envie de s’aligner sur les rythmes nocturnes de son voisin de traversin.
 
Fin des haricots ou nouveaux rituels de rencontre ?

Indépendantistes d’un nouveau genre, les partisans du confort dans le sommeil semblent tout de même avoir du mal à franchir le pas et déménager officiellement dans un autre endroit. En effet, le risque est que le partenaire le perçoive très mal, y voyant un indicateur de prise de distance dans la relation. “Pour la majorité des gens, quel que soit le désagrément encouru, le mariage est toujours placé sous le signe du compromis et de certains sacrifices nécessaires”, témoigne Hayat. Et de poursuivre : “Lorsque mon fils est parti faire ses études à l’étranger, j’ai pris mes quartiers dans son ancienne chambre. Mon mari ayant tiqué, j’ai dû le rassurer maintes fois sur la force de notre lien, et lui expliquer les raisons pratiques de mon choix. Mais je n’en ai pas fait une règle immuable. Je peux très bien m’endormir dans les bras de mon homme après avoir fait l’amour.” Premier constat : le phénomène “chambre à part” n’est pathologique que si on le pratique pour de mauvaises raisons : querelles violentes, désamour ou dégoût de la présence de l’autre. À l’inverse, lorsque tout va bien, ces petites escapades pourraient même être mises à profit pour redorer le blason d’une sexualité à la traîne. À vous, donc, d’aller le réveiller langoureusement en lui apportant les croissants, ou d’entrebâiller légèrement votre porte pour l’inviter à vous découvrir en nuisette… Histoire aussi qu’il échappe à la suite des festivités, beaucoup moins glamour : séance démaquillage, tartinage de crème de nuit et grosses chaussettes en laine, pour faire de beaux rêves !

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