L’exposition monographique « César, une histoire méditerranéenne », dont le vernissage est prévu mercredi au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) de Rabat, promet de livrer une immersion dans l’oeuvre de César Baldaccini, dit César (1921/1988), un des plus grands artistes sculpteurs du 20è siècle.
Cette exposition, qui se poursuivra jusqu’au 14 mars 2016, regroupe une palette de 46 œuvres provenant de collections privées marocaines et étrangères, avec à la clé un parcours thématique construit autour des différentes techniques et inventions du sculpteur: la femme, l’autoportrait, les poules patineuses, les plaques et les compressions.
Pièce fondatrice de cette œuvre, le Pouce de César (6 mètres), prouesse technique de moulage agrandi, sera présenté à l’extérieur du Musée tout au long de la durée de cette exposition.
Puisé dans les origines méditerranéennes de l’artiste, « chaque thème s’attache à illustrer l’importance de la relation entre la matière et l’imagination dans l’œuvre de César, une relation dynamique et mouvante, jalonnée de rencontres donnant lieu à autant de coups de génie », lit-on dans une note de présentation du MMVI, qui précise que cette exposition « aborde de manière pédagogique le contexte dans lequel il s’inscrit et pourquoi il fut un tel pilier dans l’histoire de l’art du 20è siècle ».
Et c’est justement cette dimension méditerranéenne que le directeur du MMVI Abdelaziz Idrissi a tenu à mettre en lumière: « Notre vision est de faire un passage didactique qui va permettre au public marocain de faire une passerelle entre l’art moderne et contemporain, même si la conception n’est pas forcément la même au Maroc que dans le continent européen ».
Dans une déclaration à la MAP, il a rappelé que « César partage une histoire multiple avec le Maroc, où il a vécu et travaillé en tant qu’artiste », et revient au pays le temps d’une exposition au grand plaisir du public marocain, qui aura la possibilité de revisiter ses oeuvres au MMVI.
Et il y a de quoi. « Il s’agit de la première exposition d’une telle envergure consacrée à cet artiste en Afrique et dans le monde arabe », précise-t-on toujours auprès des organisateurs.
De son côté, la commissaire de l’exposition et présidente de la Fondation César, Stéphanie Busuttil-Janssen, a fait observer que cette exposition, dont la scénographie est conçue par l’Atelier Hubert le Gall, propose des pièces couvrant toutes les étapes de sa vie, allant des années 50 jusqu’en 1998, l’année de sa mort.
« Par manque de moyens, l’artiste a commencé dès sa plus tendre enfance à sculpter en utilisant des bouts de ferrailles récupérés des usines et des métalleries », a-t-elle souligné, relevant que « ce n’est pas uniquement une histoire de moyens, c’est aussi une envie et des choses à exprimer ».
Cet artiste méditerranéen puise son inspiration de son enfance: de grandes compressions murales avec des brocs émaillés pour faire sa toilette. « C’est une chose très pauvre et simple qu’on trouve en Afrique et au sud de l’Italie et de la France », a-t-elle fait observer, soulignant « qu’il y a une certaine connivence qui peut se faire entre le public marocain et l’exposition de César ».
Dès les années 50, César a tout de suite rencontré beaucoup de succès en réalisant ses premières œuvres à partir de matériaux classiques tels que la pierre, la terre et le plâtre et s’est ensuite approprié, dans les années 60, les compressions « qui vont être un geste révolutionnaire et radicale dans l’histoire de la sculpture internationale », a-t-elle ajouté.
Né en 1921 à Marseille dans une famille d’origine italienne, César Baldaccini travaille d’abord chez son père avant de suivre les cours de l’école des beaux-arts de sa ville natale en 1935 puis, en 1943, de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Dès 1947, il travaille le plâtre et le fer. En 1952, en Provence, il fait ses premiers essais de soudure et ses premières sculptures en ferrailles.
Très connu pour ses sculptures, il était aussi un dessinateur prolixe. Homme à la fois simple et rusé, au franc-parler méridional, il cultive son image d’éternel artisan, de soudeur, tout en montrant un sens aigu des affaires.
César meurt à Paris à l’âge de 77 ans. Ses œuvres sont collectionnées par les musées et les particuliers du monde entier.