Cancer du col de l’utérus : parlons-en et sensibilisons au dépistage précoce

Maria a eu un cancer du col de l’utérus (CCU) en 2006. Elle a été confrontée à l’annonce brutale de la maladie, à des protocoles lourds et agressifs, à la perte de sa féminité et à de graves troubles dans son intimité. Elle en est sortie victorieuse. Voici son histoire.

“J’ai eu un cancer du col de l’utérus à l’âge de 44 ans. C’était en 2006. Je consultais régulièrement mon gynécologue pour les examens de routine et j’avais un frottis cervico vaginal quasiment tous les ans car on avait détecté dès l’âge de 30 ans une dysplasie cervicale de bas grade au frottis (transformation des cellules du col de l’utérus prenant un aspect atypique). Les tests HPV, qui pouvaient détecter le virus HPV à haut risque, n’existaient malheureusement pas à cette époque…

Je sentais que j’avais quelque chose de grave bien que mon gynéco n’ait rien constaté à l’examen de routine. Des saignements vaginaux après les rapports sexuels, des menstruations plus abondantes et plus longues (dues, selon mon gynéco au stérilet) et une perte de poids (attribuée à une activité professionnelle intense) sont quelques-uns des symptômes qui m’ont alertée. Devant mon insistance, le médecin m’a fait une coloscopie. Il a alors découvert une zone anormale qu’il a envoyé pour une biopsie.

Les résultats sont arrivés une semaine plus tard. C’était un cancer du col de l’utérus (CCU). Le médecin m’annonce brutalement la nouvelle au téléphone, alors que je me trouvais seule avec mon enfant de 4 ans. Le monde s’écroule autour de moi.

L’annonce d’un cancer est un véritable traumatisme avec différentes sources de stress : quel impact sur ma vie de femme? Sur ma famille, mon travail ? On est soudain confrontée à sa mortalité, à la peur des traitements, à l’impact sur le corps, sur son intimité et sa féminité…

L’urgence d’agir m’incite à m’adresser à un chirurgien réputé, considéré comme le meilleur de la place. La consultation est expédiée en quelques minutes. Ses propos sont rassurants car dit-il, il opère tous les jours des cas similaires au mien. Son verdict tombe comme un couperet : pour lui, la chirurgie est la solution, et comme j’ai déjà 3 enfants, il décide d’une hystérectomie totale à réaliser en début de semaine suivante. Je n’étais pas convaincue par son approche car je m’étais beaucoup documentée sur le sujet.

Je connaissais l’importance de la Consultation oncologique multidisciplinaire (COM), réunion au cours de laquelle différents spécialistes concernés par un même type de cancer se concertent pour élaborer un plan de diagnostic, de traitement et de suivi optimal pour chaque cas. Je m’adresse alors à un centre d’oncologie. Le protocole proposé après réalisation d’autres examens complémentaires et un curage ganglionnaire sera totalement différent. Moi qui croyais en avoir pour un maximum d’un mois de traitement, je vais devoir suivre un traitement beaucoup plus lourd : chimiothérapie, puis radiothérapie suivie de chirurgie puis de curithérapie. En tout, plusieurs mois de traitements qui me laisseront épuisée, amaigrie et m’obligeront à mettre un terme à une activité professionnelle passionnante.

Dar Zhor, une maison d’accompagnement et de mieux-être

Suis-je tirée d’affaire ? Je l’espère. Des suivis et des examens réguliers et fréquents sont préconisés, et bien entendu je n’en rate aucun…
Si j’ai pu surmonter cette épreuve et reprendre une vie quasi normale, c’est grâce au soutien de ma famille. J’ai aussi trouvé au sein de l’association Dar Zhor un appui sans faille. Cette maison d’accompagnement et de mieux-être des personnes touchées par un cancer m’a ouvert ses portes, et j’ai pu bénéficier de soutiens psychologiques, de thérapies sportives adaptées, de soins de mieux-être et d’ateliers d’information sur la nutrition, la prévention et le traitement des effets secondaires des traitements. Ces soins de support améliorent grandement la qualité de vie, la tolérance aux traitements, diminuent les risques de récidives et augmentent les chances de survie. Ce parcours de soin personnalisé m’a permis de traverser l’épreuve de la maladie. Il m’a permis de me recentrer sur moi-même, de surmonter la pénibilité des traitements et de trouver par le biais des groupes de paroles ou des séances individuelles une oreille attentive et des conseils avisés pour continuer à avancer dans la vie…

L’une des conséquences les plus importantes de la maladie et des traitements est certainement la perte de féminité. Le cancer du col de l’utérus touche les femmes dans leur intimité, leurs émotions et leur représentation de leur corps. Une grande majorité de femmes traitées pour un cancer du col de l’utérus évoquent une sexualité perturbée. Nombreuses sont celles qui n’ont plus de relation intime et ont l’impression de ne plus être femme. Par ailleurs, le traitement du CCU peut induire une ménopause précoce qui va augmenter la détresse des femmes qui doivent pouvoir bénéficier d’un soutien psychologique. Certaines femmes en âge de procréer vont perdre leur fertilité et ne pourront pas avoir de bébé. Il est important de les informer pour que celles qui le souhaitent puissent préserver dans les stades précoces et dans certaines conditions, leur fertilité.

Ce cancer peut être évité

Si je partage aujourd’hui mon témoignage, c’est pour mettre en garde les femmes contre ce cancer qui peut être évité. Le cancer du col de l’utérus est aussi curable s’il est diagnostiqué tôt, d’où l’importance du suivi gynécologique et du dépistage, mais aussi du vaccin pour les filles avant l’âge de 15 ans contre le papillomavirus humain (HPV), car cela réduit le risque de développer ce type de cancer de 90%. Au Maroc, le cancer du col de l’utérus représente le deuxième cancer féminin. Il constitue un véritable problème de santé publique. Selon le registre des cancers de la région du Grand Casablanca, son incidence est de 14 nouveaux cas pour 100.000 femmes, ce qui représente un taux d’incidence élevé comparé aux pays occidentaux. De plus, le Maroc a le taux de cancer du col de l’utérus le plus élevé dans la région EMRO (méditerranée orientale) et la région MENA !

Tous ensemble, nous devons sensibiliser le grand public à l’importance du dépistage selon les recommandations de l’OMS et du Plan National de Prévention et de Contrôle du Cancer (PNPCC).  L’Organisation mondiale de la santé recommande que les femmes sexuellement actives soient dépistées pour détecter les cellules cervicales anormales et les lésions précancéreuses, à partir de 30 ans.

Ce que j’ai vécu et enduré est évitable si les parents sont sensibilisés sur l’importance de vacciner leurs filles partout au Maroc et dans les zones les plus enclavées, car le vaccin existe. Depuis que j’ai été confrontée à ce cancer, j’en ai fait une affaire personnelle, et je joins ma voix à tous ceux qui militent pour sensibiliser au dépistage précoce et à la vaccination des filles à partir de 11 ans, car cela sauve la vie.

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