British Lover

Dans la foulée de mes rencontres désespérantes, j’ai craqué pour un Anglais. Mais pas n’importe quel sujet de la reine : un rockeur fou, chanteur de metal aux yeux bleus et aux cheveux blond cendré qui lui arrivent jusqu’en bas du dos, dont la voix hérisse les poils les plus disciplinés.

Mais, comble du contraste, Alistair est la douceur incarnée. Toujours d’humeur à câliner, il attend sagement mon réveil pour les papouilles matinales. Il ramène le petit-déjeuner au lit, fait la vaisselle pendant que je travaille et coupe les légumes au besoin, en s’excusant de n’oser cuisiner. Il descend fumer dehors pour ne pas empoisonner des plantes dont j’ignorais l’existence sur mon balcon. Et puis, détail sans importance, il ne voit que moi. Grosse loose pour les péripatéticiennes et autres prédatrices !

Pour ça et pour tant d’autres choses insignifiantes, j’ai eu la non-habituelle-mais-ô-combien-brillante idée de le présenter à ma famille… des fois que ça les intéresserait de rencontrer un prototype expérimental de l’homme du futur selon les chercheurs féministes.

D’entrée de jeu,  je découvre qu’on a invité mon vieil oncle intégriste, sauvé de son passé de pervers par la maladie d’Alzheimer. On n’a pas attendu longtemps pour l’entendre balbutier, dans un anglais de MBC Bollywood :
“Are you Charlie ?

– Oh.. no ! My name is Alistair”, répond mon chou à la crème anglaise. Qu’est-ce qu’on va me sortir encore ? Je fais vite de changer de sujet pour ne pas nous laisser attirer vers le terrain glissant de la politique, ou encore le gouffre de la religion. Mais tous les chemins mènent à ce coin…

“Que fait-il dans la vie ?”, me demande ma belle-sœur visiblement indisposée par l’extrême mais surtout naturelle blondeur de ses longs cheveux. Je sais qu’elle sait mais je réponds qu’il est chanteur. Et mon frère de terminer : “De metal. Vous vous souvenez des satanistes arrêtés il y a quelques années ?”

“Do you kill cats ?”, s’alarme bruyamment ma sœur qui s’est toujours demandée à quoi servaient les animaux…

 – What ?”

Je veux courir au secours du pauvre garçon, mais j’avoue être curieuse de voir jusqu’à quel point ils peuvent aller.

“Voyez-vous, dans notre religion, on doit respecter la vie de tous… y compris des animaux”, explique mon frère en imaginant certainement le nombre de chats torturés dans la cave quand il était môme. Mais ça, c’était avant.

– I do. Même si je suis sans religion.

– Allahou akbar !”

Alistair sursaute. Je lui prends la main pour le rassurer et change de sujet pour évoquer sa petite fille dans le but d’attirer la sympathie des mamans, mais gros pschitt !

“Et donc, t’as une fille…, parle maman pour la première fois.

– Yeah. She’s lovely. Malheureusement, je ne la vois pas beaucoup à cause de nos problèmes avec sa mère.

– Vous avez divorcé quand ?, assène ma chère sœur qui sait tout de lui.

– On n’a jamais été married. Je ne crois pas à cette institution, se pend Alistair.

– Allahou akbar !”

Je ne prends plus la main d’Al tellement je suis fascinée par mon frère qui n’a jamais retenu la fatiha devenu un mollah, ma sœur et ma belle-sœur transformées en saintes exaspérantes et mon oncle, qui a oublié ses addictions et le nombre de ses illégitimes et pleure l’islam dans le foyer de son défunt frère. Seul se tait, depuis le début, mon beau-frère empêché de nuire par un certain Jack Daniel’s…

Je vois dans les yeux de l’Anglais qu’il me plaint, se demandant probablement si j’ai une chance d’avoir l’asile politique dans son pays. Mais non chéri. Je ne vis pas avec de dangereux intégristes qui menacent ma vie… quoique.

S’ils continuent à me pourrir mes relations à chaque fois qu’elle les font se sentir mal dans leur peau… Car oui mon chou, tu les mets mal à l’aise. Tu leur rappelleras chaque jour qu’ils font semblant d’être progressistes, vrais et d’avoir des valeurs humanistes. Ils préfèrent pour moi quelqu’un de gérable, qui les fait se sentir meilleurs. Tiens, la prochaine fois, je leur présente un salafiste.

Le journal public de Nouria
Je m’appelle Nouria. Trente ans et des poussières qui s’accumulent dangereusement.

Comme vous, j’ai autant de diplômes que de complexes, autant de forces que de faiblesses et l’équilibre psychique comme projet de vie. Ce n’est pas gagné. Je vis au Maroc.

 

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