Ces dernières années, le débat sur l’égalité hommes/femmes a été porté sur le devant de la scène, ce qui a suscité une plus grande sensibilisation face aux préjugés sexistes. Or, malgré de nombreuses améliorations, d’énormes lacunes subsistent toujours.
Au Maroc, l’intégration des femmes constitue un véritable défi. Ainsi, selon des chiffres publiés par la Banque mondiale, le taux de femmes actives au Maroc n’est que de 21,6 %: il s’agit de l’un des plus faibles au monde!
Un autre obstacle majeur relevé au Maroc est le fait que de nombreuses femmes quittent le marché du travail pour des raisons personnelles et n’y reviennent plus. A ce titre, il convient de préciser que Dell Technologies a lancé en 2018 le programme Dell Career ReStart qui offre à ses collaborateurs la possibilité de revenir à tout moment à leur travail chez Dell Technologies, et ce après avoir quitté leur poste sur une période d’un an ou plus. Bien que ce programme soit accessible à tous, la plupart des réinsertions répertoriées dans le sillage de Dell Career ReStart ont été relevées auprès d’employés femmes.
Une étude opérée par McKinsey et intitulée “Covid19 et l’égalité des sexes” a permis de démontrer que les femmes étaient plus vulnérables quant aux impacts économiques de la Covid-19: depuis le déclenchement de la crise, les taux de pertes d’emploi observés chez les femmes étaient environ 1,8 fois plus élevés que ceux des hommes. En outre, les emplois féminins demeurent plus menacés que les emplois masculins en raison de la représentation disproportionnée des femmes au niveau des secteurs les plus touchés par la crise de la COVID-19.
Nous savons aussi qu’un meilleur équilibre entre les sexes en milieu d’entreprise est très bénéfique pour les affaires. Ainsi et selon la société d’études de marché Forrester, les entreprises qui pratiquent la diversité des sexes ont 21 % de chances d’avoir un rendement financier supérieur à la moyenne. Si l’on garde à l’esprit les avantages économiques connus et la possibilité de créer des opportunités de croissance innovantes d’un point de vue social et économique, la recherche de l’équilibre entre les sexes devient une nécessité à la fois évidente et absolue. A ce titre, Dell aspire, dans le cadre de son programme «Progress Made Real», à ce que 50 % de sa main-d’œuvre mondiale et 40 % de ses dirigeants soient des femmes à l’horizon 2030.
Renforcer le réservoir de talents féminins dans le domaine des stem
S’agissant du secteur des nouvelles technologies (STEM), la raison qui la plus largement invoquée pour tenter d’expliquer les disparités hommes/femmes qui sont enregistrées sur les lieux de travail, est la suivante : le nombre de compétences féminines liées aux STEM est très limité. Une étude de PwC avait permis de révéler que les femmes ne représentaient que 32 % des diplômés STEM dans le monde. Pourtant, un diplôme en technologie n’est pas toujours une condition sine quanon pour rejoindre une entreprise technologique. Selon une étude conjointe réalisée par Accenture et par Girls Who Code, près de six femmes sur dix qui travaillent dans le secteur des technologies n’ont pas étudié l’informatique à l’université.
En fait, le problème est plus à situer au niveau des stéréotypes qui influencent les choix de carrière des femmes. Des recherches menées par l’UNESCO démontrent que les performances des femmes (en comparaison avec celles des hommes) dans le domaine des STEM commencent à s’amenuiser dès le début de l’adolescence. Les préjugés sociaux, la dynamique de la classe, le matériel pédagogique, les politiques et les opportunités économiques sont quelques-uns des facteurs qui expliquent en partie un tel comportement. Au fil du temps, ces facteurs se combinent pour produire un écart de performance et un écart de représentation importants.
Les entreprises peuvent avoir un impact positif à ce niveau et à un stade précoce, en s’impliquant dans des programmes qui visent à susciter l’intérêt des femmes pour les STEM, et ce dès leur plus jeune âge.
Au Maroc, Dell met l’accent sur l’accès des jeunes filles aux STEM. Le Maroc reconnaît d’ailleurs l’importance de la technologie en tant que catalyseur pour une société plus égalitaire.
Le défi du retour au travail
Les femmes ont tendance à abandonner le marché du travail après avoir pris un long congé pour pouvoir s’occuper de leurs enfants. Elles créent ainsi des lacunes dans leur CV, qui peuvent aller de trois à dix ans: une situation dommageable notamment dans le secteur technologique, qui est souvent sujet à des avancées considérables.
Les entreprises sont généralement trop frileuses pour embaucher une personne sans expérience spécifique, peu importe son parcours. Cependant, dirigeants et employés pourraient modifier un tel schéma. Les entreprises peuvent également proposer des programmes de formation adéquats et aider ainsi les femmes à réintégrer, en douceur, le marché du travail. S’agit-il de préjugés sexistes subtils ?
Il est vrai que certains secteurs d’activité sont davantage dominés par les hommes. Cependant, tout le monde devrait prendre conscience que des préjugés sexistes subtils peuvent se manifester durant les processus d’embauche. Des recherches menées par l’université de Waterloo et publiées dans le Journal of Personality and Social Psychology ont montré que certains termes utilisés dans les descriptions de poste peuvent être perçus comme étant davantage adressés aux hommes, ce qui dissuade de nombreuses femmes à postuler.
En outre, et grâce à des technologies telles que l’intelligence artificielle (IA), les entreprises se retrouvent aujourd’hui en proie à d’énormes quantités de données à gérer. Elles devraient en tirer parti pour commencer à prendre des décisions plus éclairées qui seraient à même de leur permettre d’atténuer les préjugés au niveau des processus d’embauche. Ce phénomène commence déjà à se produire un peu partout: de nombreuses entreprises commencent de plus en plus à intégrer des fonctions d’IA et des chatbots intelligents afin d’éviter tout préjugé inconscient lors du processus d’embauche des candidats.
En supprimant les langages sexistes, mais aussi en adoptant des programmes de reconversion destinés aux personnes qui décident de retourner sur le marché du travail et en généralisant la formation aux STEM auprès des jeunes tous sexes confondus, on peut commencer à corriger les déséquilibres qui persistent encore à grande échelle. La parité entre les sexes n’est pas un jeu à somme nulle, où un groupe gagne et l’autre perd. Si les gouvernements régionaux ont réalisé des avancées significatives pour promouvoir l’égalité des sexes par le biais de lois et de règlements, il reste encore beaucoup à faire. Les entreprises ont un rôle crucial à jouer pour accélérer ce changement. Il s’agit d’un voyage, pas d’un sprint, et si nous travaillons ensemble, nous pourrons contribuer à améliorer la parité hommes-femmes dans toute la région.
Par Badra Hamdaoua, General Manager Dell technologie, Morocco and North West Africa.