Cinéma
Asmae El Moudir, 30 ans, réalisatrice et productrice
“Aujourd’hui, il n’existe pas de cinéma masculin, ni féminin, mais un cinéma universel. Lorsqu’un film est réussi, on ne se demande plus qui est derrière la caméra. On s’intéresse à son histoire. Néanmoins, je ne peux le nier, se faire une place au Maroc n’a pas été et n’est toujours pas facile. Mais comme je le dis souvent aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans le secteur cinématographique : “Au lieu de vous arrêter, de crier à l’injustice et au sexisme dans le cinéma marocain, imposez-vous par votre art et fabriquez votre cinéma”. C’est ce que j’ai fait dès mes premiers pas sur le terrain. En 2015, j’ai même fondé ma propre boîte de production. Depuis, mon style est reconnu au Maroc et à l’étranger (subventions, prix). Sur les écrans, l’image de la femme a également évolué. Deux réalisateurs, Saad Chraibi et Farida Belyazid, ont notamment présenté la femme autrement, en lui donnant une vision profondément artistique dans le cinéma. Toutefois, ces derniers temps, j’ai l’impression que malheureusement son image stéréotypée revient, à savoir cette femme frappée, marginalisée, oppressée, harcelée… Pour moi, c’est un cliché. Il est indispensable de la sortir de cette sphère de soumission et de répression. C’est l’un de nos devoirs. Il nous faut lutter contre cette inconscience populaire pour construire une nouvelle conscience qui rend à la femme marocaine sa valeur. Aussi, laissons la caméra à la nouvelle génération de réalisatrices qui, j’en suis convaincue, saura, peu importe la technique ou les moyens, donner à la femme marocaine le rôle qu’elle mérite tant.”