Anne Flipo, le parfumeur passé Maître en la matière (Interview)

Créatrice au parcours hors du commun jalonné de très nombreux succès, Anne Flipo est la cocréatrice du dernier opus féminin signé Yves Saint Laurent, Libre. Nous l’avons rencontrée lors du lancement de ce dernier au Maroc. Elle nous a livré les coulisses de ce parfum à base de fleur d’oranger du Maroc.

Anne Flipo, c’est la Parisienne de la dream team olfactive de LIBRE, créé à quatre mains avec Carlos Benaïm qui est basé à New York. Elle a appris qu’elle avait été choisie pour signer le nouveau parfum féminin d’Yves Saint Laurent le jour où elle a reçu le prestigieux titre de Maître Parfumeur, une distinction accordée aux parfumeurs qui ont fait preuve d’un niveau de créativité et de savoir-faire extraordinaire continu dans le domaine de la parfumerie. Une première pour un parfumeur femme chez IFF (International Flavors & Fragrances). Casting parfait pour ce projet que cette virtuose de la fleur blanche dont le premier choc olfactif, à l’âge de quinze ans, est justement la fleur d’oranger, et dont la tenue préférée est un tailleur pantalon Saint Laurent pour se sentir plus sexy, plus authentique, plus féminine…  En un mot, plus libre.

Quelles sont vos sources d’inspiration en général, et pour LIBRE en particulier ?

Mon brief pour la création de ce parfum était dès le départ de travailler sur une prospective masculin-féminin, un “Boyish”. Ce projet de masculin-féminin m’a beaucoup parlé, parce qu’il représente beaucoup de moi. Le point de départ de ma création a été la famille olfactive fougère, réservé classiquement aux parfums masculins et que j’ai choisi parce qu’elle est extrêmement puissante et signée. À l’intérieur de cette fougère, j’ai décidé de mettre en lumière une fleur qui fonctionne bien généralement dans les fougères masculines : la fleur d’oranger. J’ai pris le parti de l’overdoser pour qu’elle couvre complètement la fougère en apportant le côté sensuel, charnel, jusqu’à provoquer l’addiction.

L’un des ingrédients phares de LIBRE est la fleur d’oranger du Maroc, pourquoi ce choix ?

La fleur d’oranger est mon premier souvenir olfactif. Je l’ai découverte à quinze ans dans une orangeraie et j’ai été complètement marquée par cette odeur. C’est Carlos Benaïm, le parfumeur avec qui j’ai collaboré sur LIBRE et qui est né au Maroc, qui m’a fait découvrir l’Absolu de fleur d’oranger du Maroc qui est la signature de LIBRE. Il m’a tout de suite séduite parce que c’est le plus sensuel et le plus riche que j’ai senti.

Votre CV de parfumeur est impressionnant et vous comptez de nombreux succès parmi vos créations. Avez-vous un fil conducteur ou au contraire, votre objectif est d’expérimenter, pour chacune de vos créations, de nouveaux territoires olfactifs ?

Je raisonne par idée en fait. Après, j’ai ma propre pâte, ma signature parce que j’ai ma palette d’ingrédients que j’utilise facilement et que je maîtrise complètement. Mais ce qui est important dans mon processus créatif c’est l’idée brute de départ que je considère comme une pépite, un diamant brut que je vais travailler ses facettes comme je veux avec l’idée de créer un parfum sur-mesure qui réponde à la demande de la marque pour qui je travaille.

Que vous évoque le Maroc en matière de senteurs ?

La fleur d’oranger, les épices comme le cumin et la cardamome, les odeurs du souk, du cèdre de l’Atlas au parfum charnel presqu’animal…

Pouvez-vous nous décrire le parfum LIBRE en 3 mots ?

Floral, sexy et charnel.

LIBRE est un manifeste de liberté et d’audace. Vos créations sont-elles toujours porteuses d’un message ?

Elles seraient plutôt porteuses d’une partie de moi. C’est vrai que le projet de création de LIBRE me convient parfaitement, j’ai toujours voulu, depuis ma jeunesse, partir pour vivre ma vie, être libre, voyager… Chaque création raconte une histoire en fait. Et celle que raconte LIBRE à travers mon parti pris de départ avec le choix d’un ingrédient masculin, à savoir la fougère, est qu’en s’appropriant les codes masculins, elles montrent qu’elles s’émancipent à leur tour. LIBRE a été voulu comme un parfum très statutaire par la marque, qui apporte un nouveau souffle de modernité.

Pour vous, un parfum c’est…

Un plaisir inouï ! Pour moi, se parfumer est une gestuelle extraordinaire, un véritable rituel. Tous mes parfums sont dans des flacons sans vaporisateur. Je me parfume en faisant des splash car j’adore la sensation du parfum entre mes mains.

Et un parfumeur c’est… ?

Un magicien. Parce qu’il doit d’abord comprendre, saisir parfaitement l’essence de ce qu’on lui demande et le retranscrire en essences olfactives. Je trouve que j’ai une chance folle de pouvoir exercer ce métier.

Quelle est la plus grande difficulté pour un parfumeur ?

Le temps. Un parfumeur a beaucoup d’idées, la difficulté pour lui est de savoir à quel moment l’une d’elles va trouver un écho, une résonnance avec un projet pour être dans l’air du temps. L’autre difficulté c’est d’être capable de dire non à certains projets pour pouvoir rester concentré sur ce que l’on veut vraiment faire.

Et son plus grand luxe ?

C’est le temps aussi (Rires), pour pouvoir réaliser ses projets. C’est aussi la possibilité d’avoir accès aux meilleurs ingrédients. C’est ce qui va faire la différence pour un parfum. Je tiens d’ailleurs à souligner que LIBRE concentre des ingrédients d’une qualité exceptionnelle, ce sont des diamants bruts : l’Absolu de fleur d’oranger est d’une richesse incroyable, la Lavande d’une qualité particulière, la Vanille…

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