Pour vous, quelle est la force du challenge « Sahraouiya » ?
C’est son esprit. Je vais vous l’expliquer à travers un proverbe africain qui dit que lorsque vous voulez aller vite, vous y allez seul, mais que quand vous voulez aller loin, vous y allez ensemble. Et c’est la vision de Leila Ouachi qui porte ce raid. Elle ramène des femmes de toute l’Afrique qui ont des atouts et des statuts différents mais qui sont des battantes. Ce n’est que par l’unité que nous pouvons y arriver. L’autre force de ce challenge, c’est que ce n’est pas une compétition à proprement parler mais une compétition contre nous-mêmes. Je vais vous prendre mon exemple. Je ne suis pas une athlète. Pour vous dire, je faisais de la course lorsque j’étais beaucoup plus jeune et je ne dépassais pas les 1 km, alors qu’au « Sahraouiya », j’ai pu faire 10 km avec le soutien de mes sœurs. Nous nous sommes motivées, relayées et nous avons même parfois pleuré ensemble. Et là aussi, c’est cet esprit qui va porter l’Afrique. Je suis convaincue que pour bâtir des échanges économiques, nous devons nous connaître et le meilleur moyen, c’est à travers les femmes. Durant ce raid, ce sont des familles, des sociétés, des comités entiers qui se sont mis ensemble, et c’est comme cela que nous ferons rayonner notre continent.
Le raid était également ponctué de moments « forts »…
Oui, notamment mercredi soir. Durant le dîner, les femmes se sont présentées et ont parlé de leur cause parfois de façon très émouvante, en évoquant leur vécu comme ce qu’a fait une jeune fille nigérienne. Elle nous a confié que c’est l’histoire de sa mère qui l’a poussée à s’engager parce qu’elle avait sauvé cinq enfants dans un incendie, avant de consacrer sa vie à soutenir les femmes. Les participantes sont toutes très engagées, et c’est vraiment fabuleux de voir leur courage ! Elles donnent beaucoup d’espoir.
Comment voyez-vous l’après-Sahraouiya ?
Avec les femmes qui sont venues dans ma délégation, nous allons continuer à collaborer avec Leila Ouachi pour construire d’autres projets, tout en poursuivant ceux déjà mis en oeuvre. Par exemple, j’ai lancé une initiative l’année dernière au Maroc qui tourne autour de l’agriculture et des femmes. En mai prochain, je vais travailler avec toutes mes sœurs marocaines pour comprendre les échanges entre les coopératives dans le royaume, ainsi que les techniques et traitements utilisées dans ce domaine. Nous allons aussi faire venir des femmes africaines qui vont discuter avec des Marocaines, et qui sait, peut-être même mettre en place des échanges d’import export. Je suis très optimiste, et je pense que, c’est le début d’une grande aventure !