50 nuances de désir

Des jours, on en a très envie, et d’autres, on pense au sexe comme d’un mal nécessaire à la perpétuité de l’espace humaine. L’un ou l’autre, comment savoir que votre libido est normale ou déréglée ? Et que faut-il faire en cas de problème ?

Le désir sexuel varie d’une personne à l’autre et entre les partenaires au sein même d’un couple. Alors que certains stéréotypes se vérifient (pensez aux adolescents qui ne pensent qu’au sexe à cause des changements hormonaux), la libido reste une affaire personnelle qui varie selon plusieurs facteurs. Il est normal qu’une personne pense au sexe plusieurs fois par jour, comme il est normal qu’un individu se sente complètement assexué. Autrement dit, il n’existe pas une norme à laquelle on devrait se comparer, la libido est unique à tout un chacun. En revanche, ce qui devrait vous préoccuper, c’est un écart important par rapport à votre état habituel. Et là encore, ce n’est un problème que si cela vous gêne vous et/ou votre partenaire.

Quand on n’a plus envie

“Un acte sexuel normal correspond à un bon fonctionnement de ses différentes phases : le désir, l’excitation avec lubrification, l’orgasme et la réfraction (absente chez la femme). Dans le cas contraire, on parle de dysfonction sexuelle qui pourrait intéresser une ou plusieurs phases de l’acte sexuel : baisse du désir, rapports sexuels douloureux, anorgasmie”, note Docteur Yassine Anwar, psychiatre, psychothérapeute et addictologue. Certains problèmes médicaux et psychologiques sous-jacents peuvent déprimer la libido jusqu’au point de non-existence. Des conditions médicales, telles que le cancer ou d’autres maladies chroniques, par exemple, peuvent naturellement saper le désir sexuel d’une personne. Les problèmes psychologiques peuvent également contribuer à une diminution de la libido. La dépression est d’ailleurs une cause fréquente de dysfonctionnement sexuel et son traitement n’arrange pas les choses puisque certains antidépresseurs sont réputés pour réduire à néant le désir sexuel. Une autre cause propre aux femmes est la prise de la pilule contraceptive comme l’a vécu Amal, une chef de pub de 32 ans. “Je me souviens qu’il y a quatre ans, j’étais devenue anormalement dégoûtée par le sexe. Les câlins de mon mari ne me faisaient plus rien et la moindre scène intime dans un film me dérangeait. Puis on a découvert que la pilule contraceptive de 4ème génération était dangereuse pour la santé et j’ai décidé de l’arrêter et de me faire mettre un stérilet. Quelques semaines plus tard, j’ai recommencé à ressentir du désir et ce n’est que là que j’ai fait le lien avec la pilule. Au début, j’ai cru que la baisse de la libido était inhérente au mariage, d’autant plus que j’étais mariée depuis déjà 10 ans”, témoigne-t-elle. En parlant de mariage, presque tout ce qui affecte négativement un couple a le potentiel de limiter la fréquence des actes sexuels. L’absence de communication, la colère, l’ennui ou la dégradation de la confiance entre un couple suite à une infidélité sont parmi les raisons derrière une baisse de libido.

Un train nommé désir

Un désir sexuel anormalement élevé peut également être considéré comme une condition psychologique en soi. “Le trouble hypersexuel est un comportement sexuel compulsif occasionnant une détresse significative contrairement à ce que l’on peut penser. Comme dans toutes les affections psychiques, la prédisposition génétique est présente mais elle se conjugue à d’autres facteurs (environnementaux, évènements de vie, etc.) dans la genèse du trouble”, explique Docteur Anwar. Si fantasmer sur un collègue est parfaitement normal, voire un signe de bonne santé mentale et preuve que l’on ne déprime pas, s’empresser de boucler son travail de la journée pour rentrer chez soi et regarder une vidéo pornographie est, en revanche, assez problématique. “À ce moment-là, on est face à un trouble qui peut être pris en charge par des professionnels de la santé mentale au même titre que certaines addictions comportementales”, explique le spécialiste.

Si certaines personnes ont une libido effrénée dès la puberté pour une cause ou une autre, d’autres peuvent souffrir de ce trouble du jour au lendemain à cause de la prise de certaines substances. Ainsi certaines drogues dures, ou même juste une surdose de café, peuvent nous rendre assoiffées de sexe. Ilham, une assistante marketing de 26 ans, n’est pas très portée sur le café mais a souffert de l’hypersexualité comme d’un effet secondaire. “J’avais 30 kilos de trop et je désespérais de les perdre. Un ami m’avait aidé à me procurer un médicament illégal à la vente au Maroc, mais qui fait fondre la graisse comme un glaçon devant un séchoir en marche. Les pilules ont augmenté mon rythme cardiaque de manière inquiétante et m’ont transformée en animal en rut. Ce qui n’était pas pour déplaire mon mari, mais comme il s’inquiétait pour ma santé, il m’a imploré d’arrêter de prendre ces pilules”, témoigne-t-elle.

Comment se mettre au même diapason

Qu’on se le dise, on a plus tendance à se plaindre d’une baisse de libido que de sa hausse. Un désir sexuel ne dérange que lorsqu’il provoque une discordance avec un partenaire ou s’il fait partie d’une compulsion sexuelle ou d’une dépendance. Pour se mettre au même diapason, il est important de communiquer car il se pourrait que votre libido soit parfaitement normale et que vous vous inquiétez pour rien. Demandez-vous si votre libido est sensiblement différente de votre propre norme, et essayez d’identifier les causes possibles. Est-ce que cela affecte négativement votre bonheur, votre relation ou votre vie? Déterminez ce que votre partenaire ressent au sujet de votre libido et regardez si vous êtes sur la même longueur d’onde ou, au contraire, complètement désynchronisés. Ce qu’il ne faut surtout pas faire c’est se forcer la main. “Plusieurs femmes se forcent à avoir un acte sexuel en l’absence du désir pour différentes raisons (protéger son couple, par tendresse, peur de l’infidélité du partenaire…). Il n’est pas recommandé d’avoir un rapport sexuel sous la contrainte. Peut-on forcer un homme à avoir une érection ? Ce qui serait  conseillé est de rechercher la cause de cette baisse du désir afin d’y remédier à l’aide d’un professionnel”, note Docteur Yassine Anwar.

S’il s’agit d’un problème de dépendance sexuelle, seule un psychiatre pourra vous guider et vous aider à formuler un plan de traitement. Dans tous les cas, si vous avez épuisé vos moyens, la meilleure solution reste toujours d’en parler avec un spécialiste. 

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Témoignages

“Heureuse sans sexe”

Je suis mariée depuis 8 ans à un homme merveilleux. Nous gagnons tous les deux bien notre vie et avons chacun des amitiés saines. Bref, je peux dire que j’ai une vie tranquille et satisfaisante. Mais il arrive que des semaines s’écoulent sans qu’on ait un rapport sexuel. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de tendresse entre nous, c’est juste que le sexe n’est pas vraiment notre truc et même si cela nous éloigne de l’image du couple idyllique, cela ne nous dérange absolument pas. Nous sommes heureux l’un avec l’autre et c’est ce qui compte.                                                                 Maria, 38 ans

“Je noie ma frustration dans la littérature érotique”

Je suis divorcée depuis 10 ans. J’aime tellement le sexe que des fois ma libido me fait peur. N’étant pas très portée sur le sexe sans lendemain, je préfère vivre une sexualité palpitante à travers les personnages de romans érotiques. Je connais 50 shades of Grey par cœur ! Et je me suis même mise à écrire ce genre de fiction.                                         Meryem, 42 ans

“C’était de sa faute”

Au début de notre relation, le sexe était explosif. Puis, après 5 ans de mariage, c’est à peine si j’ai envie de regarder en sa direction quand on couche notre garçon. Pourtant, l’intensité de l’amour que j’éprouve pour lui n’a pas diminué d’un iota, mais le sexe était une autre histoire. Après 3 mois sans rapports sexuels, nous avons dû prendre rendez-vous avec une sexologue qui nous a aidés à pointer du doigt le fond du problème: il ne sait pas me donner envie. Au début, il était encore à fond dans la séduction, mais le confort du mariage lui a fait oublier ses bonnes manières et il a cru qu’un “compliment” vulgaire sur mon corps relevait du sexy. Maintenant tout va bien, il fait des efforts.                                   Ilham, 28 ans

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