Elles vident leur sac. Une quinzaine de Youtubeuses ont été interrogées par la journaliste Lisa Miquet et la réalisatrice web Léa Bordier, les deux cofondatrices de l’association Les Internettes, sur leur place dans ce monde virtuel. Et à les écouter, ce n’est pas du joli. Les clichés sont récurrents. Les femmes auraient plus de légitimité à parler du « mascara idéal » que d’histoire, d’art ou de sciences. Pour elles, Youtube est tout bonnement le reflet de la société. Ces femmes dévorent pourtant des livres, des rapports, écoutent sans cesse de la musique. Pour celles qui osent traiter de sujets sérieux, le chemin n’est pas facile. Elles n’ont pas droit à l’erreur. « On nous cherche la petite bête », lâche l’une d’entre elles, à l’inverse des hommes. En clair, le sexisme est quotidien. Autre horreur : le cyber-harcèlement. Les insultes voire les menaces sont permanentes, même si elles ne nient pas, au contraire, que les messages d’encouragement et de reconnaissance sont là. Mais il n’en reste pas moins que les hommes se permettent d’être vulgaires avec elles. « Un homme m’a un jour envoyé : « si je te croise dans le métro, je te viole ! » Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que cette Youtubeuse était également calée en développement. Elle a donc retrouvé son adresse et son nom et les lui a envoyés dans un petit mail. Il a pris peur et l’a bloquée… Le physique de ces femmes n’est pas non plus épargné. Entre « tu es moche » ou « tu es belle, je te paie et on couche ensemble », elles encaissent, prennent sur elles et certaines ont même recueilli tout les messages insultants pour en faire un bouquin ou une vidéo, se moquant littéralement d’eux ou récitant quelques phrases.
Le but de ce reportage est clairement de zoomer sur les obstacles auxquels font face ces femmes. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles lâcheront. Elles se régalent à éplucher, à décrypter la société ou la musique. Cette quinzaine de Youtubeuses encouragent les femmes à s’emparer de la toile car elles aussi ont des choses à dire. « On a besoin de femmes qui existent et qui ne s’excusent pas d’exister », lance l’une d’entre elles à la fin du documentaire. Et comme deux autres le disent : « Stop au doute, création toujours » et surtout, « Nourrissez vos rêves et vos doutes crèveront de faim ».