Dans le cadre de son initiative citoyenne « Pour école de l’égalité », l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a organisé, mardi 24 janvier, une table ronde évoquant des pistes de réflexion et d’actions pour un système éducatif égalitaire. Entretien avec Amina Lotfi, Présidente du bureau de Rabat de l’ADFM et membre du groupe de travail pour la promotion de la culture de l’égalité dans le système éducatif de l’ADFM.
A travers l’initiative « Pour l’école de l’égalité », vous appelez à la construction d’un « espace où tous les enfants, filles et garçons, ont droit à une éducation de qualité à travers laquelle ils développent des compétences qui leur permettent de vivre ensemble, égaux en dignité et en droits ». Quel constat faîtes-vous sur la réduction des inégalités entre les sexes au niveau de l’accès à l’école ?
Comme souligné dans notre mémorandum, des avancées en matière de scolarisation des enfants et de réduction des inégalités entre les filles et garçons ont été réalisées ces dernières années. Toutefois, l’effort « quantitatif » consenti par les pouvoirs publics en termes d’accès à l’école, n’a pas été jumelé avec un effort à dimension culturelle pour déconstruire les stéréotypes et les préjugés sexistes que les enfants acquièrent très jeunes et qui influencent la construction de leur identité, leur parcours scolaire, professionnelle et leur comportement dans la société. Bien que depuis 1992, des initiatives en matière de sensibilisation au principe de l’égalité à travers l’école ont été entreprises, ces dernières n’ont accordé à la culture de l’égalité qu’un engagement ponctuel. Elles n’ont pas été poursuivies, ni consolidées, car elles ne découlent pas d’une vision globale, fondée sur le principe universel de l’égalité et transcrite dans une stratégie de mise en œuvre à court et moyen terme visant l’ensemble des composantes du système éducatif et faisant l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière.
Quelles sont vos recommandations dans ce sens ?
Dans un contexte marqué par « la Nouvelle École » envisagée par la loi-cadre sur l’éducation et la formation, et pour « une école publique de qualité » prônée par la feuille de route du ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, nous recommandons au département de tutelle d’intégrer la culture de l’égalité dans les indicateurs clé de la nouvelle école marocaine (curricula, formation initiale et continue des enseignant-e-s, encadrant-e-s et administration, l’ensemble des activités et pratiques). Pour ce faire, nous recommandons principalement :
- de capitaliser sur les acquis en tirant profit des études, rapports et recommandations du Conseil Supérieur de l’Éducation, Formation et de la Recherche Scientifique, du Conseil National des Droits de l’Homme, le Conseil Économique, Social et Environnemental et des organisations de la société civile.
- d’adapter une vision globale sur la base d’une approche concertée et intersectorielle.
- d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie d’institutionnalisation de l’égalité des sexes disposant des ressources humaines et financières requises pour l’atteinte des résultats.
Quel est l’enjeu d’une école de l’égalité ?
Nous aspirons à ce que notre école soit un espace où les enfants, des deux sexes, aient droit à une éducation de qualité à travers laquelle ils développent des compétences qui leur permettent de vivre ensemble tout au long de leur vie, en tant qu’êtres humains d’égale dignité et sans distinction de droits. Des enfants qui, et à travers des parcours d’apprentissage, développent leurs capacités à remettre en question et à déconstruire les stéréotypes et découvrent consciemment que la différence biologique entre les femmes et les hommes, comme toutes les différences entre les êtres humains, n’a aucune valeur hiérarchique.
Quelles sont vos prochaines actions pour poursuivre votre combat dans cette promotion de la culture de l’égalité dans le système éducatif ?
Avec les partenaires qui nous ont soutenus, l’ADFM poursuivra son plaidoyer en tant que force de proposition et d’interpellation pour que la culture de l’égalité dans et à travers le système éducatif devienne une réalité. Notre prochaine étape consistera à élargir la dynamique enclenchée dans le cadre de cette action et à élaborer conjointement avec nos partenaires un plan d’actions pour le suivi de ce processus.