Aawatif Hayar : « “Le PGE III a adopté une approche stratégique novatrice »

En concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, le gouvernement a élaboré le Plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026 (PGE III), un plan ambitieux visant à stimuler le taux d’activité des femmes à l’horizon 2026. Entretien avec la ministre de tutelle Aawatif Hayar.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la femme au Maroc ?
Depuis son accession au trône, SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste n’a cessé d’œuvrer en faveur de la promotion du rôle et de la place de la femme dans notre société. Grâce à Sa vision éclairée, le statut de la femme a connu une évolution extraordinaire. Parmi les réformes majeures, le Code de la famille en 2004 ou encore l’instauration du principe d’égalité entre les hommes et les femmes dans la Constitution de 2011 à travers l’article 19. Malgré des avancées notables en matière d’accès aux droits et de valorisation de la place de la femme, le chemin reste encore long notamment en matière d’autonomisation économique. Selon les orientations Royales,
le Programme Gouvernemental 2021 – 2026 a inscrit la promotion des droits des femmes au cœur de ses priorités. Le gouvernement
consacre à leur autonomisation économique une place de choix. Nous sommes conscients que le taux d’activité des femmes, ayant diminué à moins de 20% en 2022, représente un enjeu majeur. C’est dans ce contexte marqué par la révision de la Moudawana impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qu’a vu le jour le Plan Gouvernemental pour l’Égalité 2023-2026, visant à renforcer cette autonomisation économique. Je tiens à rappeler que cette révision est un formidable levier pour la promotion des droits des femmes.

Comment qualifieriez-vous le Plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026 (PGE III) ?
Ce plan ne peut être qu’ambitieux au vu des attentes des femmes et de la criticité de la participation des femmes dans le développement du pays. La courbe du taux d’activité des femmes est décroissante, passant de 26,3% en 2004 à 19,8% en 2022. L’objectif premier est d’inverser la tendance et de gagner des points à l’horizon 2026. La mobilisation est là grâce au PGE III avec 288 mesures et une approche stratégique novatrice impliquant tous les départements ministériels, conseils élus, secteur privé et société civile représentés dans la CNESAF Commission Nationale pour l’Égalité des Sexes et Autonomisation de la Femme.

Pourquoi, selon vous, ledit plan peut-il réussir là où d’autres réformes et programmes d’actions mis en place durant ces vingt dernières années ont échoué ?
Ce plan se différencie sur plusieurs points. Premièrement, la création du Comité national pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes (CNESAF), par décret n° 2.22.194, qui porte le PGE III. Il se compose de 34 départements ministériels,
de 12 institutions nationales, des collectivités territoriales, du secteur privé, d’associations et de partenaires techniques et financiers. Toute la société y est pour la première fois représentée et rassemblée sur cette question, et ce, pour une meilleure appropriation et opérationnalisation dudit plan. Deuxièmement, la budgétisation. Notre pays dispose d’un PGE décliné pour la première fois en mesures budgétisées. Tous les besoins de financement ont été estimés sur la base de négociations et concertations menées avec les différents acteurs de la CNESAF. Il convient de préciser que les budgets 2023 ont été alignés aux crédits déjà alloués dans la
LF 2023, et les budgets de 2024 aux crédits alloués dans le PLF 2024. Troisièmement, le renforcement de la territorialisation
du PGEIII à travers des programmes concrets afin d’avoir une meilleure déclinaison des programmes lancés. Et enfin, quatrièmement, un paradigme différent ! Il est basé sur une approche d’effectivité de l’égalité et non de plaidoyer pour l’égalité. L’égalité étant un droit inscrit dans la constitution !

Y a-t-il des mesures contraignantes dans ce plan, imposant un renforcement de l’employabilité des femmes et un meilleur accès aux opportunités économiques ?
Oui, à travers la consolidation du dispositif de gouvernance et de pilotage des performances s’appuyant sur la digitalisation et un système de suivi –évaluation avec une batterie d’indicateurs qui concernent toutes les parties prenantes. En clair, tous les acteurs du CNESAF auront des objectifs d’employabilité. Un compte rendu sera demandé périodiquement. Si les objectifs ne sont pas atteints, des mesures correctives des politiques et programmes seront bien évidemment adoptées par la CNESAF pour rattraper les écarts observés. Je souhaite rappeler que l’avancée des droits des femmes fera progresser tout le Maroc. Le développement du pays passe inévitablement par l’implication de la femme dans le développement.

*Entretien publié dans le numéro 310 de femmes du Maroc

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