Les intégristes prétendent que l’amour d’un homme pour une femme ne doit en aucun cas concurrencer l’amour que le croyant porte à Dieu. Le meilleur moyen d’y arriver : déconsidérer la femme, la réduire à sa fonction reproductrice qui consiste à porter plein d’adorateurs de Dieu et de l’au-delà. Et pour éviter toute dérive due à la faiblesse de la chair, il faut voiler la fauteuse du trouble, la rendre invisible dans l’espace public, la soustraire aux regards.
En règle générale, les femmes observent une vision holiste du monde, qu’elles soient croyantes, pratiquantes ou pas. Obéir à Dieu va de pair avec l’amour de son partenaire, l’amour des autres, l’amour de la vie, de la musique, de la danse. Partout les femmes chantent et dansent. Même quand on les enferme dans des harems, elles dansent et chantent l’amour.
L’amour rend meilleur
Les femmes ne prennent pas au pied de la lettre la promesse d’un paradis rempli de plaisirs. Contrairement aux hommes, elles enfantent. Ils savent l’enchantement de l’amour inconditionnel. Pour elles, le paradis est un état avant d’être un lieu.
Chez elles, il n’y a aucune dichotomie entre l’amour de Dieu, l’amour de l’homme, l’amour de son prochain, l’amour de la vie et des plaisirs. Aucun schisme. Pour les femmes, aimer participe de l’harmonie du monde. Aimer la vie et chanter cet amour n’est en rien antinomique avec le devoir religieux.
Quand on aime vraiment, on respecte. Et quand on respecte vraiment, on laisse à chacun la liberté du choix du dogme. Les femmes qui veillent sur leurs petits, les voient grandir, savent que nous sommes tous perfectibles. Et que l’amour rend meilleur.
Elles s’extasient devant le premier mot de leur bébé. Elles savent qu’au commencement fut le verbe. Le texte sacré invite à la lecture. Si les intégristes ont oublié que la charia signifie la voie, le chemin, les femmes ne l’ont pas oublié. Elles constatent, consternées, que le fait qu’on ait plébiscité la loi en lieu et place de la voie appauvrit notre horizon à tous. Désarmées (mais plus pour longtemps) elles assistent à une instrumentalisation exacerbée du texte sacré par une poignée d’extrémistes qui croit que le texte sacré est la parole de Dieu adressée aux hommes, détenteurs des femmes !
À force d’amour, un amour dévoilé, les femmes marchent vers la citadelle qu’elles comptent bien investir ; celle d’une lecture propre du dogme, une lecture au féminin qui clame haut et fort que le désir humain de Dieu est un, peu importe notre conjugaison de la divinité.