Écouter son corps, enfin

Fatigue inexpliquée, troubles digestifs, sommeil déstructuré : ces signaux que l’on ignore encore trop souvent, certains établissements ont décidé de les prendre au sérieux. Au lieu d’attendre que la maladie s’installe, ils proposent d’intervenir en amont. Par la prévention, l’analyse, la régulation. Une médecine de la longévité qui commence à se structurer au Maroc. Reportage.

Tamuda Bay. À quelques kilomètres de Tétouan, le Royal Mansour a décidé de prendre le contre-pied des approches bien-être traditionnelles. Ici, l’approche est médicale, structurée et préventive, sans exclure  pour autant la possibilité de composer son séjour selon ses envies. Le Medi-Spa, installé dans un pavillon à part, s’étend sur 4.300 m². À l’arrivée, le ton est donné : une série de bilans médicaux – analyses biologiques, test de VO2max, évaluation du stress, examen postural, consultation avec un médecin spécialisé. Objectif : faire un point précis sur l’état du corps, avant d’engager quoi que ce soit. La retraite commence par un check-up, elle se poursuit par un processus d’ajustement. Cryothérapie, drainage lymphatique, yoga thérapeutique, respiration guidée, soins digestifs ciblés… Les soins sont définis en fonction des résultats, puis réévalués chaque jour. “Ce que nous faisons ici, c’est de la prévention active. Il ne s’agit pas de relaxer le corps, mais de corriger les déséquilibres et de soutenir les fonctions essentielles”, explique le Docteur résident du Médi Spa.

Le protocole repose sur cinq axes : équilibre métabolique, alimentation, énergie physique, récupération, gestion émotionnelle. Deux formats sont proposés : quatre jours ou sept à quatorze jours pour une prise en charge plus complète. Chaque personne est suivie par une équipe pluridisciplinaire : médecins, thérapeutes, coachs, nutritionnistes. Certaines techniques sont empruntées aux médecines traditionnelles ancestrales, notamment la naturopathie et l’ayurvéda, encadrées par des praticiens spécialisés comme le Dr Rajarajachozhan Ramachandran. “C’est l’un des rares endroits où l’on croise médecine clinique, soins manuels et accompagnement scientifique”, précise David Lestelle, directeur. 

Le séjour ne s’arrête pas au dernier soin. Trois rendez-vous en visioconférence sont programmés après le départ, pour réajuster les recommandations et accompagner l’intégration à long terme. “Le but n’est pas de tout changer en quelques jours. Mais de créer une dynamique durable”, assure David Lestelle. 

Un protocole de soins pour un bien-être encadré, structuré, parfois médicalisé.

Une tendance qui prend racine

Le Royal Mansour n’est pas une exception isolée. D’autres établissements, avec des moyens et des objectifs différents, commencent à investir ce champ encore jeune : celui d’un bien-être encadré, structuré, parfois médicalisé. Une tendance discrète, mais réelle.

À quelques kilomètres à peine, le Sofitel Tamuda Bay Beach & Spa s’est lui aussi positionné sur une approche de santé globale. Pas de bilans médicaux ni de protocole de longévité au sens strict, mais une offre articulée autour de quatre piliers clairs : sommeil, alimentation, activité physique et détente. L’expérience débute dès l’arrivée, avec des attentions ciblées pour améliorer la qualité du repos : infusions, bains tièdes, literie haut de gamme, ambiance tamisée. La restauration suit une logique “De-Light”, avec des plats légers, équilibrés, pensés pour accompagner la régénération sans renoncer à la gourmandise. Le spa propose des soins aux produits haut de gamme, les séances de yoga ont lieu sur la plage, et la salle de sport permet un entraînement individualisé. L’expérience reste hôtelière, mais s’aligne sur les fondamentaux du bien-vivre.

À Bouznika, le Vichy Célestins Spa Hôtel va un cran plus loin. L’établissement, affilié à une marque médicale internationale, a développé une offre plus technique. Bilans nutritionnels, soins d’eau, consultations, programmes minceur ou anti-stress, encadrement sportif… le tout en formats de plusieurs jours. Dans le secteur privé, quelques cliniques à Casablanca, à Marrakech ou à Rabat ont intégré des bilans de santé complets. Des packages qui incluent prise de sang, bilan hormonal, dosage du fer, etc. Ces consultations visent à détecter les déséquilibres. Mais la suite reste souvent à la charge du patient. Pas de travail sur le sommeil, la charge inflammatoire, ou la gestion émotionnelle. L’approche est plus médicale, mais sans continuité.

Pour Chafika Bendjennat, coach santé et thérapeute spécialisée en fertilité, le potentiel du pays reste pourtant considérable. “Beaucoup de Marocains partent à l’étranger pour chercher des thérapies qui existent déjà ici… Pourtant, nous avons des thérapeutes formés, des outils, et des centres qui pourraient faire le lien entre médecine, nutrition, bien-être émotionnel.” Ce qu’elle défend, c’est une prise en charge intégrative, capable d’agir aussi bien sur les déséquilibres hormonaux que sur le stress chronique, les troubles digestifs ou le surmenage nerveux. Elle insiste aussi sur la nécessité d’un encadrement rigoureux. “Ce n’est pas juste une cure ou un massage. Régénérer, ça demande de la précision. Des bilans cliniques, une vraie écoute, et des ajustements en temps réel.” Pour elle, le vrai luxe n’est plus dans les installations, mais dans le sur-mesure. “Ce que les gens veulent aujourd’hui, c’est un accompagnement intelligent, personnalisé, qui ne les infantilise pas.”

Quelques initiatives indépendantes commencent à apparaître. Des retraites de quelques jours, portées par des coachs ou des naturopathes, à Marrakech ou dans d’autres régions de l’Atlas. Respiration, yoga hormonal, cuisine santé, accompagnement émotionnel… Le tout dans des écolodges ou des riads transformés pour l’occasion. L’expérience peut être bénéfique, mais reste très dépendante du sérieux de l’équipe. Faute de cadre médical ou de protocole clair, ces séjours touchent un public déjà averti, mais peinent à convaincre au-delà. 

La MÉTHODE a pour objectif d’aider le corps à se ressourcer.

Poser les bases

Au Royal Mansour Tamuda Bay, la méthode s’étire sur plusieurs jours, mais l’objectif reste le même : aider le corps à retrouver ses capacités d’adaptation. Après la phase de diagnostic, le programme entre dans le concret. Dès le deuxième jour, les soins s’enchaînent à un rythme progressif. En moyenne, trois heures par jour sont consacrées à des traitements personnalisés. “Le protocole n’est jamais figé”, précise le Docteur résident du Médi Spa. “On observe les réactions, on adapte, on réévalue. Ce qui compte, c’est la justesse.” Chaque parcours est revu au fil des jours : une cryothérapie peut être remplacée par un massage digestif, une séance de respiration peut laisser place à un soin ciblé sur la récupération musculaire. Ce fonctionnement en temps réel, fondé sur l’écoute du corps, est au cœur de la méthode. Les soins ne se limitent pas à la relaxation. Séance de Pilates Reformer, acupuncture, coaching sportif, massage Chi Nei Tsang, drainage lymphatique ou sound healing… Chaque geste a un rôle défini : relancer la circulation, stimuler le système digestif, calmer le système nerveux, améliorer la qualité du sommeil. Le but est de corriger les déséquilibres à la source. “On agit sur plusieurs leviers à la fois : digestion, fatigue, inflammation, sommeil, stress”, explique le Dr Rajarajachozhan Ramachandran, praticien en naturopathie. “Il ne s’agit pas d’ajouter des techniques pour cocher des cases, mais de soutenir le corps avec précision, en fonction de ce qu’il manifeste.”

Les journées sont rythmées sans être surchargées. Des temps d’intégration sont prévus entre les soins. La pratique physique est adaptée : yoga individuel, respiration guidée, exercices doux ou plus dynamiques selon l’énergie du jour. L’alimentation suit également une logique fonctionnelle, ajustée par la nutritionniste en lien avec les résultats métaboliques. En fin de semaine, l’accent est mis sur la stabilisation. C’est là que la dimension pédagogique prend tout son sens. Les consultations finales permettent de restituer les observations et de clarifier les routines à suivre. “Ce que nous livrons en fin de séjour, ce ne sont pas des consignes figées, mais des repères pour continuer à avancer seul”, souligne David Lestelle. La philosophie du lieu, comme le résume le directeur du Spa & Wellness, n’est pas de tout changer en une semaine. “On pose les bases, on ouvre une porte. Ce n’est pas un avant/après, c’est un démarrage. Et pour beaucoup, c’est déjà énorme.”

Après le diagnostic, le programme entre dans la phase concrète.

Changer d’approche

Ce que ces séjours mettent en lumière, c’est un besoin plus large : celui d’un accompagnement structuré, global, capable d’intervenir avant que les déséquilibres ne deviennent des pathologies. “Pas une simple parenthèse pour se reposer, mais un dispositif pensé pour reprendre la main sur son corps, avec méthode et rigueur”, insiste Chafika Bendjennat. Mais aujourd’hui, très peu d’espaces offrent ce type de réponse au Maroc. L’offre reste cloisonnée : ici un bilan, là une cure bien-être, ailleurs une séance de yoga ou de nutrition. Mais la logique intégrative, celle qui permettrait d’articuler médecine, prévention et pédagogie, peine encore à se généraliser. Pour l’instant, très peu d’acteurs réunissent une équipe médicale, des thérapeutes formés, une approche scientifique, un encadrement nutritionnel et un suivi à moyen terme. La plupart restent sur un seul versant.

Le modèle longévité pose ainsi une question plus large : faut-il continuer à opposer médecine et prévention ? Au-delà du luxe, ces retraites racontent peut-être une nouvelle façon d’habiter son corps. Une santé qui ne se résume pas à l’absence de symptômes, mais qui s’entretient, s’écoute, se corrige. Une santé qui demande du temps, du cadre, de la pédagogie. Et qui, au fond, pourrait bien devenir le vrai enjeu des années à venir.

“Régénérer demande méthode, rigueur et écoute”

Ces dernières années, on revient à une approche plus globale de la santé. Un mouvement profond, qui rejoint les principes de la médecine traditionnelle chinoise: le corps est capable de se rééquilibrer, à condition de lui offrir les bons leviers. Cela passe par une nutrition ciblée, une baisse de l’inflammation, un meilleur sommeil, le soutien du foie, du microbiote, et une régulation du stress. Chez les femmes notamment, les grandes étapes hormonales telles que les règles, la grossesse, le post-partum ou la ménopause peuvent provoquer des déséquilibres profonds. Ces manifestations méritent une prise en charge personnalisée, bienveillante et multidimensionnelle.

Régénérer ne signifie pas enchaîner les cures ou boire trois jus verts. C’est une démarche structurée qui repose sur des bilans cliniques précis : hormones, statut inflammatoire, thyroïde, vitamines, glycémie.  Les pratiques naturelles comme la respiration, la phytothérapie ou les soins manuels peuvent être très efficaces, si elles sont intégrées avec rigueur et cohérence. Cette approche est aujourd’hui mieux comprise, mais encore peu visible. Pourtant, au Maroc, nous avons des structures, des praticiens formés, et des outils solides. Il est temps de faire confiance à ce qui existe ici. Le vrai luxe, c’est un accompagnement personnalisé, accessible, et scientifiquement encadré.

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