Cette année, la grippe est arrivée avant l’hiver. Au Japon, puis aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, les premiers cas se sont multipliés dès l’automne, un moment où l’on observe habituellement une activité plus discrète. Plusieurs pays ont rapidement parlé de “super-grippe” pour décrire cette circulation inhabituelle et plus rapide que prévu. Les autorités britanniques ont même signalé une hausse de 55 % des hospitalisations en une semaine, un signe clair d’un démarrage anticipé. En cause : le sous-clade K, une nouvelle version du virus H3N2 qui a acquis sept mutations durant l’été 2025.
« Ce n’est pas un nouveau virus, mais un variant suffisamment différent pour contourner en partie l’immunité existante », explique le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur spécialisé en politiques et systèmes de santé. Cette capacité d’échappement lui permet de circuler plus facilement dans la population. Le scénario observé à l’international est le même partout : une montée rapide chez les adolescents et les jeunes adultes, suivie d’une diffusion vers les enfants et les personnes fragiles. Un schéma typique d’un virus qui trouve un terrain favorable avant l’hiver.
Le Maroc sous vigilance
Le Maroc n’échappe pas à cette dynamique. « Depuis mi-novembre, on constate une accélération des syndromes grippaux, alors que la saison commence habituellement en décembre », note le Dr Tayeb Hamdi. Les consultations en cabinet et en urgence confirment cette tendance précoce. Les semaines à venir devraient être plus chargées : davantage de cas, plus de formes sévères chez les personnes à risque, et une pression accrue sur les structures de santé. Les plus vulnérables restent les mêmes : « seniors, personnes souffrant de maladies chroniques, femmes enceintes, enfants en bas âge et personnes immunodéprimées », ajoute le médecin.
Pour autant, même qualifiée de “super-grippe”, elle ne présente pas de nouveaux symptômes. Fièvre élevée, frissons, maux de tête, toux sèche, douleurs articulaires… le tableau reste celui d’une grippe classique. « Ce qui change, ce n’est pas la maladie en elle-même, mais l’intensité de sa circulation et le risque de complications chez les plus fragiles », souligne le chercheur en systèmes de santé.
La vaccination joue toujours un rôle clé, même si le sérum 2025-2026 n’a pas été conçu pour ce variant. Les données britanniques montrent qu’il offre encore une protection solide contre les formes graves. « Il est encore temps de se faire vacciner », insiste le Dr Hamdi, rappelant que la protection se met en place après deux semaines. Le reste repose sur des gestes simples mais efficaces : rester chez soi en cas de fièvre, éviter les contacts avec les personnes vulnérables, aérer les pièces, se laver les mains et porter un masque si nécessaire. Autant de réflexes qui permettent de freiner la circulation du virus.