Harcèlement, chantage d’images, deepfakes ,… le cyberviolence brise des vies. Il TUE. Kif Mama Kif Baba, Médias et Cultures (AMC) et l’ADFM lancent un plaidoyer national en faveur de la lutte contre les Violences Basées sur le Genre Facilitées par la Technologie (VBGFT) et une campagne de sensibilisation. Baptisée « Mamhkoumch », cette dernière sera lancée, du 02 au 10 octobre 2025, sur les réseaux sociaux. Selon une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) datant de 2019, près de 1,5 million de femmes au Maroc ont déjà été victimes de violence numérique, soit un taux de prévalence de 14% ! Et cette étude date d’avant la pandémie de Covid-19. Le confinement n’a rien arrangé. Au contraire. Il a amplifié le fléau comme le dénoncent les associations des droits des femmes
Ces violences ont des conséquences graves sur la vie des femmes victimes de cyberviolences : abandon d’études, perte d’emploi, santé mentale fragilisée (anxiété, dépression, perte d’estime de soi, tentative de suicide voire suicide), isolement, menace voire expulsion par leur famille… Peu de victimes osent porter plainte. Comme l’alertent ces trois associations dans un communiqué, l’un des principaux dangers des violences sexistes en ligne, est de « voir les auteurs passer à l’acte ».
Le cadre juridique ? Il existe. Les principaux textes juridiques qui protègent les femmes des violences numériques sont la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, le code pénal (notamment les articles du 3-607 au 11-307) ou encore la loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel. Néanmoins, comme le pointent du doigt ces trois associations, l’absence de définition claire de la « violence numérique » et la persistance de lois liberticides limitent gravement l’accès des victimes à la justice. Et d’appuyer : « Ces ambiguïtés et contradictions juridiques entre les textes qui protègent et ceux qui punissent les victimes entravent les actions en justice et la protection effective des survivantes. »
Leur plaidoyer ? Il s’articule autour d’une conviction forte : seule une réponse multisectorielle, intégrée et courageuse pourra briser l’impunité et protéger les victimes. Parmi les priorités, les associations demandent que les VBGFT soient clairement définies dans la réforme du code pénal, assorties de sanctions dissuasives et de l’abrogation des lois liberticides. Elles appellent aussi à des études nationales régulières, qualitatives et quantitatives, pour mesurer l’ampleur du phénomène, comprendre ses formes et ses impacts sur la vie privée, la santé mentale et la participation citoyenne des femmes. Ces données sont essentielles pour éclairer des politiques publiques ambitieuses et adaptées. Le plaidoyer insiste également sur la prévention : campagnes nationales de sensibilisation, intégration de l’éducation numérique dès l’école, et mise en place de recours accessibles et sécurisés pour les victimes. Enfin, les associations exhortent les acteurs technologiques à développer des outils concrets de protection et de modération.
