Mannequin, animatrice et surtout militante dans l’âme, elle a succombé à la maladie après s’être battue vaillamment jusqu’à son dernier souffle. Figure médiatique marocaine à la personnalité marquante, Kaoutar Boudarraja s’est imposée, depuis le milieu des années 2000, comme une animatrice, chroniqueuse et femme d’opinion incontournable dans le paysage audiovisuel maghrébin. De ses débuts dans la téléréalité à son engagement dans la lutte contre le harcèlement de rue, son parcours singulier incarne les espoirs, les contradictions et les combats d’une génération de femmes arabes modernes.
C’est en 2007, avec sa participation à Star Academy Maghreb, que Kaoutar se révèle au grand public. Elle ne remporte pas l’émission, mais son passage marque les esprits : éloquence, franc-parler, sens du style, et une présence scénique qui ne laisse personne indifférent. Repérée par Nessma TV, chaîne privée tuniso-marocaine, elle y débute une carrière d’animatrice qui la propulse rapidement en haut de l’affiche. Elle participe à plusieurs formats à succès, notamment l’émission “Ness Nessma” et le talk-show “Interdit aux hommes”, un programme réservé à la parole féminine, où elle aborde sans détour des sujets souvent tabous : sexualité, divorce, indépendance économique. Avec son ton libre et sa capacité à incarner une parole féminine affranchie, elle devient l’un des visages les plus reconnus du paysage audiovisuel maghrébin. Mais Kaoutar Boudarraja ne se contente pas de divertir. Très vite, elle fait de son image un levier d’engagement social. En 2020, elle est nommée ambassadrice du programme “Stand Up” au Maroc, une initiative internationale de L’Oréal et de l’organisation Hollaback! visant à sensibiliser contre le harcèlement de rue.« Le harcèlement fait partie de nos cultures… et il est temps d’y mettre fin », déclarait-t-elle dans une campagne largement relayée. Cette prise de parole directe, rare dans les médias marocains, lui vaut autant d’éloges que de critiques, mais confirme sa place de femme influente et courageuse. Multilingue, Kaoutar ne s’arrête pas à la télévision. Elle se lance également dans le cinéma. Elle tourne notamment dans une production internationale au Kurdistan et, en 2022, elle est annoncée dans le casting d’une grande production Netflix tournée entre le Maroc et l’Europe. Cette étape marque sa volonté de dépasser les frontières culturelles, en incarnant des personnages complexes, à l’image de la femme arabe moderne qu’elle défend. Très active sur les réseaux sociaux, Kaoutar partage réflexions personnelles, engagements sociaux et moments de vie. Suivie par des milliers de fans à travers le monde arabe et au-delà, elle y déploie un discours de vérité, sans artifices, qui lui vaut une communauté fidèle, bien que parfois divisée. Kaoutar Boudarraja n’était pas seulement une animatrice. Elle était une voix, une présence et une vision dans une région où les femmes médiatisées doivent souvent marcher sur des œufs. Qu’on l’admire ou qu’on la critique, elle aura marqué son époque par une volonté inébranlable de parler vrai, bousculer les codes, et redéfinir le rôle des femmes dans les médias et la société.
La rédaction de Femmes du Maroc présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.