L’acide hyaluronique est devenu un incontournable de la médecine esthétique. Utilisé pour combler les rides, redonner du volume ou corriger certaines asymétries du visage, il est souvent perçu comme un produit sûr, car naturellement présent dans le corps humain. Cette image rassurante a contribué à banaliser les injections, parfois réduites à de simples gestes de confort. Pourtant, les spécialistes rappellent que toute injection réalisée dans le visage intervient dans une zone riche en vaisseaux sanguins et nécessite une parfaite maîtrise de l’anatomie.
Des complications graves
L’étude en question, présentée lors du congrès annuel de la Radiological Society of North America, s’est penchée sur une centaine de patients ayant présenté des complications après des injections de fillers, majoritairement à base d’acide hyaluronique. Grâce à l’échographie Doppler, les chercheurs ont analysé la circulation sanguine dans les zones injectées. Leur travail met en évidence des cas d’occlusion vasculaire, un phénomène qui survient lorsque le produit injecté pénètre dans un vaisseau ou comprime la circulation sanguine locale. Cette obstruction empêche l’oxygénation normale des tissus et peut provoquer une souffrance cutanée rapide.
Selon les auteurs de l’étude et les données scientifiques disponibles, ces complications restent rares à l’échelle du nombre total d’injections pratiquées. Ces occlusions vasculaires restent rares à l’échelle du nombre total d’injections pratiquées chaque année. Elles sont néanmoins bien documentées. Lorsqu’elles ne sont pas prises en charge rapidement, elles peuvent évoluer vers une nécrose cutanée, avec une destruction localisée des tissus.
Dans des zones anatomiques spécifiques, notamment autour du nez, du front ou des yeux, des complications oculaires exceptionnelles ont également été décrites dans des publications scientifiques internationales, allant jusqu’à une perte de vision dans les cas les plus graves.
Rappel à la prudence
L’un des apports majeurs de cette étude est de souligner l’intérêt de l’échographie Doppler dans la gestion des complications. Cet outil permet de visualiser précisément les vaisseaux sanguins, d’identifier une zone d’occlusion et de guider le traitement de manière plus ciblée. En cas de complication liée à l’acide hyaluronique, la hyaluronidase, une enzyme capable de dissoudre le produit injecté, peut être utilisée. Son efficacité dépend toutefois de la rapidité de l’intervention et de la précision du geste, d’où l’importance d’un diagnostic rapide.
Cette alerte scientifique ne remet pas en cause l’utilisation de l’acide hyaluronique en médecine esthétique, largement reconnue pour son efficacité et sa bonne tolérance lorsqu’il est utilisé correctement. Elle rappelle en revanche que le risque zéro n’existe pas. Les experts insistent sur l’importance de choisir un praticien qualifié, formé à l’anatomie faciale et à la gestion des complications, et capable d’informer clairement les patients sur les risques, même rares.