Ikram Haidar du podcast “We Speak Fashion” : “Je suis fière de parler mode en darija”

Elle parle mode, créativité et fierté marocaine… en darija s’il vous plaît ! Avec « We Speak Fashion » lancé en 2024, la créatrice Ikram Haidar derrière ce tout premier podcast mode du Maroc, redonne enfin la parole à ceux qui font vibrer le style local. Interview avec sa fondatrice.

Avec We Speak Fashion, vous avez lancé le tout premier podcast dédié à la mode marocaine. Pourquoi ce format vous a semblé nécessaire ?

J’ai créé « We Speak Fashion » d’abord par besoin personnel. Quand j’étais plus jeune, je rêvais de travailler dans la mode, mais au Maroc, c’était un univers très flou. Il n’y avait pas de plateforme où l’on parlait réellement de ce milieu, de ses métiers ou de ses parcours. J’étais curieuse, passionnée, mais je ne trouvais aucune information locale, aucune voix marocaine à laquelle m’identifier. Tout ce que je consommais venait de l’étranger et je me demandais toujours : « Et au Maroc ? Qui en parle ? » À cause du manque d’information et d’orientation, j’ai d’abord intégré une école d’architecture juste après mon bac, mais après quelques mois, j’ai complètement changé de cap pour me consacrer à ma vraie passion : la mode. J’ai ensuite intégré une école de mode en Espagne, et aujourd’hui je suis créatrice de mode. « We Speak Fashion » est né de cette frustration, mais surtout d’un vrai désir de créer un espace bienveillant, un « safe place » pour tous les créatifs : les designers, les artisans, les photographes, les mannequins, les influenceurs, … Tous ces profils qui travaillent souvent dans l’ombre mais qui font vivre la mode marocaine. Je voulais montrer à tout le monde que ces métiers, souvent considérés comme « pas de vrais métiers », sont en réalité de vraies carrières, avec du talent, de la passion et énormément de travail derrière. Le format du podcast s’est imposé naturellement parce qu’il permet de raconter des histoires vraies, d’écouter des voix authentiques et d’apprendre sans jugement. Et je devais absolument le faire en darija, pour rendre hommage à nos racines et à notre langue, qui a longtemps été sous-estimée. Pendant des années, il fallait parler français ou anglais pour être perçu comme « cool » ou « professionnel ». Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être Marocains et d’embrasser pleinement notre langue et notre identité. Parce qu’au fond, comment soutenir la mode Made in Morocco si l’on n’assume pas totalement notre culture et notre langage ? « Je suis fière de parler mode en darija »

Vous entamez sa nouvelle saison, que souhaitez-vous transmettre ? A quoi devons-nous nous attendre ?

Pour cette nouvelle saison, j’ai une énergie totalement renouvelée. Je considère mes précédents épisodes comme une sorte de phase d’essai. Maintenant, on passe aux choses sérieuses. Cette fois-ci, je veux donner la parole aux véritables acteurs de l’industrie, notamment aux petits artisans et créateurs qui ont parfois des décennies d’expérience, mais qu’on entend trop peu. On va parler des vrais problèmes du milieu, des défis du quotidien, mais aussi des solutions concrètes. Mon objectif, ce n’est pas seulement de gagner des followers, mais de créer une vraie communauté de créatifs marocains, un espace où l’on s’entraide, où l’on apprend les uns des autres et où l’on fait grandir notre industrie ensemble. Et pourquoi pas aussi ajouter une dimension plus visuelle à ce format. J’ai envie de casser les codes du podcast classique, parce qu’avant tout, nous parlons de mode, et la mode, c’est une expérience profondément visuelle et sensorielle. Avec « We Speak Fashion », je veux qu’on passe du simple partage d’histoires à une plateforme d’impact, de créativité et de connexion humaine.

Le podcast est actuellement en darija, mais vous préparez aussi une version en anglais. C’est une belle manière d’ouvrir le dialogue au-delà du Maroc. Comment envisagez-vous cette passerelle entre scène locale et internationale ?

« We Speak Fashion » a commencé en darija pour célébrer nos racines, notre langue et notre culture. En même temps, je ressens le besoin d’ouvrir ce dialogue à l’international. L’idée est de faire découvrir au monde la richesse culturelle et créative du Maroc, son savoir-faire unique et ses talents authentiques, et plus particulièrement au Moyen-Orient, où la mode connaît un essor incroyable avec des événements comme la Fashion Week de Dubaï ou celle de Riyad. Je pense que le futur de la mode se joue entre l’Afrique et le Moyen-Orient, et j’aimerais que « We Speak Fashion » devienne à la fois une passerelle entre ces deux mondes et un portail direct pour connecter les créatifs du monde entier. « We Speak Fashion » ne se limite pas à soutenir la mode marocaine : nous soutenons également l’identité et la culture marocaines. Notre responsabilité est de représenter notre pays de la meilleure manière possible, tant au niveau national qu’international. Nous réfléchissons actuellement au format idéal pour ces contenus, peut-être un format bilingue darija/anglais qui permettra d’inviter non seulement des talents marocains mais aussi des créateurs internationaux, afin de créer un échange enrichissant et inspirant. Très bientôt, vous découvrirez davantage d’épisodes et de vidéos en anglais, pour faire rayonner la créativité marocaine et montrer au monde entier que la scène de la mode au Maroc mérite enfin son spotlight global.

Vous êtes aussi créatrice et vous préparez une collection capsule en lien avec la CAN, en collaboration avec Karima Amzil de la plateforme Sahareye. Comment avez-vous imaginé ce dialogue entre mode et football, deux univers qu’on ne rapproche pas spontanément ?

En tant que créatrice, ma passion est de travailler sur des thèmes qui ne sont pas directement liés à la mode et trouver un lien entre eux. C’est un vrai challenge, mais c’est tellement amusant à créer. Pour la collection capsule liée à la CAN, en collaboration avec Karima Amzil de la plateforme Sahareye, je voulais explorer le dialogue entre mode et football, deux univers qui ne se croisent pas naturellement. Dans cette collection, nous nous concentrons surtout sur le Maroc. Je ne vous spoile pas toutes les créations, mais elles rendent hommage à notre pays, à son identité et à sa culture, tout en étant réinterprétées avec une sensibilité créative et élégante propre à ma marque. C’est une façon de montrer que la mode peut être ludique, expressive et fédératrice, et qu’elle peut célébrer des moments collectifs comme un événement sportif majeur, tout en mettant en avant la créativité marocaine.

Depuis 2018, votre marque revisite des tissus anciens comme le brocart pour créer des pièces résolument contemporaines. Pourquoi cette approche ?

Quand je voulais lancer ma première collection, j’avais une seule chose en tête : créer des pièces qui incarnent fièrement « Made in Morocco » sans pour autant être des vêtements purement traditionnels. Je voulais que mes créations reflètent mon univers artistique et racontent une histoire, celle du Maroc, de son identité et de son savoir-faire, tout en restant résolument contemporaines. Pour cela, j’utilise des tissus traditionnels comme le brocart avec des motifs Zellige, la johara ou le khrib, que l’on trouve habituellement dans les caftans, mais aussi de tissus d’ameublement et de matières inattendues comme la céramique, que je détourne pour créer des pièces qui parlent aux jeunes femmes d’aujourd’hui. Le khrib est mon coup de cœur. Je réalise des corsets, des vestes, mais ma création préférée reste La Fassi Bride Jacket, réalisée avec du tissu khrib, dans le dos on peut y voir une mariée fassie traditionnelle que je peins à la main et que j’embellis avec du perlage : c’est vraiment un chef-d’œuvre marocain, un mariage parfait entre patrimoine et modernité.

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