Né à Tétouan, Romeo, de son vrai nom Mohamed Larbi Azzouz, passe toute son enfance dans l’atelier familial où il observe sa grande sœur manier tissus et aiguilles. Peu à peu, l’apprenti couturier signe mes premières créations pour ses proches. À tout juste 21 ans, il ouvre son propre atelier et se distingue grâce à une approche avant-gardiste du caftan marocain.
Premier à oser la transparence, les coupes moulantes et les corsets intégrés, il revisite cette tenue traditionnelle avec audace, tout en respectant son héritage. Pour renforcer sa légitimité, il suit une formation en stylisme à Tanger et obtient son diplôme. Repéré par l’émission Mission Fashion au Liban, il devient finaliste sous le parrainage d’Elie Saab. Aujourd’hui, Romeo s’impose comme une figure majeure de la mode marocaine, alliant modernité, savoir-faire et fidélité à ses racines.
Quel regard portez-vous sur cette nouvelle édition de Jeunes Talents ?
L’édition 2025 du défilé “Jeunes Talents”, organisée dans le cadre de la Caftan Week, m’a profondément marquée. Nous avons été tous témoins d’un souffle nouveau dans l’univers de la haute couture marocaine. Ces jeunes créateurs ont su exprimer leur véritable identité, une maîtrise technique prometteuse, et surtout, une audace rafraîchissante dans leur manière de réinventer le caftan. Ce fut une édition vivante, ambitieuse et tournée, avec assurance, vers l’avenir. Par ailleurs, le niveau de compétition cette année était exceptionnellement élevé.
Quels étaient les critères de sélection des jeunes créateurs cette année ?
Nous avons évalué les participants selon plusieurs critères: créativité, maîtrise technique, cohérence de la collection, pertinence par rapport au thème, et bien sûr, la capacité d’innover sans trahir l’âme du caftan marocain.
Pour ma part, j’ai accordé une attention particulière à la singularité de la vision de chaque créateur : la manière dont il impose sa signature, en faisant dialoguer tradition et modernité avec équilibre. Le véritable talent ne se contente pas de suivre les tendances : il les transforme avec audace et sincérité.
Zineb Aqqa a remporté le concours à l’issue d’une compétition riche en créativité. Qu’est-ce qui a fait la différence dans son travail selon vous ?
Zineb Aqqa s’est particulièrement distinguée avec une collection d’un grand raffinement, respectueuse des codes du caftan marocain tout en y insufflant une modernité parfaitement en phase avec le thème proposé.
Ses créations révèlent une compréhension fine de l’art de la coupe, de la structure et de l’ornementation. Mais ce qui l’a vraiment démarquée, c’est sa capacité à insuffler de l’émotion à chaque pièce. Une histoire s’y racontait en silence, avec une élégance qui ne crie pas mais qui s’impose naturellement.
Elle a su créer un univers à la fois cohérent, sophistiqué et profondément personnel. Et c’est exactement ce type de talent qui, selon moi, incarne l’avenir de la haute couture marocaine.