Zhour Bouzidi : « Mon documentaire met en lumière le combat des travailleuses agricoles »

Passionnée du terrain, la réalisatrice Zhour Bouzidi propose un regard de sociologue à travers son documentaire « Si on ne travaille pas, on crève de faim », mettant en lumière la réalité des travailleuses agricoles, essentielles aux chaînes alimentaires mondiales. Interview.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la réalisation de votre documentaire ?

Je dois rappeler que je suis d’abord une sociologue passionnée par le terrain et c’est à travers ce regard de chercheure que j’appréhende le monde du documentaire.  Quand on réalise un documentaire qui veut dévoiler le combat d’une catégorie sociale précaire comme celle des travailleuses agricoles, le premier défi est de déconstruire un certain nombre de stéréotypes et d’idées reçues. Il s’agit particulièrement de dépasser une perspective misérabiliste qui se limiterait à un discours victimisant et partagé et du coup difficilement contestable. D’autant plus qu’un tel discours peut être intériorisé par les ouvrières elles-mêmes.

Le temps est donc nécessaire pour construire la confiance, pour accéder à certains milieux verrouillés et pour documenter la réalité sociale dans sa complexité au-delà de ce discours dominant afin de voir comment ces actrices transforment au quotidien leurs contraintes en ressources (agencieté). Le second défi tient au manque de financement et d’incitation pour la réalisation documentaire qui, en milieu universitaire marocain, reste très peu développé. Enfin la diffusion et la valorisation du documentaire est un défi qui se pose avec acuité.

Pourquoi avez-vous choisi cette thématique?

Honnêtement je n’avais pas choisi ce sujet mais il s’est imposé à moi lors de mes différentes recherches sur la gestion des ressources naturelles et sur le monde agricole et rural de façon général. Quand on s’intéresse à ces sujets on se rend compte de la centralité du travail agricole dans nos systèmes de production et nos chaines alimentaires et aussi de la féminisation croissante de la main d’œuvre.

Néanmoins, ces femmes vivent dans des conditions précaires et doivent faire face au quotidien à la stigmatisation et aux violences multiformes. En absence d’alternatives économiques, elles continuent de travailler avec courage et persévérance pour assurer leur survie et celle de leur famille. Mais la voix de travailleuses reste inaudible et leur combat invisible et absentifié du débat public. Le documentaire tente ainsi de les réhabiliter en leur donnant la parole et en mettant en lumière leur combat quotidien. Il faut dire aussi que ma formation initiale d’ingénieur agronome et mes origines rurales ont motivé mon engagement vis-à-vis de cette catégorie sociale.

Quel accueil a reçu la première du documentaire à Rabat et quel est son avenir?

 Le documentaire a été présenté dans le cadre des activités du CCME qui a appuyé cette diffusion. Il a bien suscité l’intérêt du public et le débat qui a suivi la projection fut fort judicieux et instructif. Il sera prochainement présenté à différents publics dans plusieurs universités en attendant de programmer une diffusion plus large.

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