Les livres de coeur de Hajar Azell

Romancière et autrice de “L’envers de l’été”, Hajar Azell se dévoile à travers ses lectures.

Quel est votre livre de chevet  ?
Je suis une lectrice assez infidèle. Je suis droguée à la nouveauté, et ne lis que très rarement tous les livres d’un auteur. J’aime voir chaque livre comme un objet en soi, indépendant de celui qui l’a écrit. Mais je dirai qu’en ce moment, le livre auquel je reviens souvent est “The catcher in the rye” de J.D. Salinger. Je suis tombée amoureuse de ce héros à la fois drôle, désabusé et terriblement émouvant.

Quel est votre autrice féministe  ?
“Beloved” de Toni Morrisson m’a bouleversée. C’est l’histoire de Sethe, une ancienne esclave, hantée par le fantôme de sa fille. Dans ce roman, il n’est pas question de parler
 d’esclavage comme un historien le ferait. Il s’agit d’éprouver les tremblements de cette histoire collective dans la chair, et notamment dans la chair des femmes. “C’est cela, ce roman : l’histoire d’une morte, de millions de morts qui nous force à vivre quelque chose”, écrit la traductrice du roman vers le français, Jakuta Alikavazovic.

Quel roman vous a longtemps tourmentée  ?
Les romans policiers de Mary Higgins Clark que je lisais, adolescente. Je me souviens notamment de “La maison du clair de lune”, dont l’atmosphère angoissante, presque macabre, m’a dérobé quelques nuits.

Quelle publication vous a poussé à écrire  ?
“Le pain nu” de Mohamed Choukri. Je l’ai lu à quinze ans et c’était une claque. Il m’a fait réaliser à quel point la littérature pouvait nous faire voir le monde avec d’autres yeux que les nôtres. En lisant ce roman, j’avais l’impression de pénétrer dans un univers jusque-là inaccessible. C’était comme si je découvrais un monde nouveau, niché dans ces rues de Tanger que je croyais bien connaître.

Quel est votre livre ressource  ?
“Fictions” de Borges. C’est une sorte de kaléidoscope d’idées, d’images, d’énigmes. À chaque fois que j’y retourne, je comprends de nouvelles choses. C’est aussi un livre qui me rappelle qu’écrire c’est chercher un espace de liberté et d’invention formelle.

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