Après ses 50 ans de carrière, So Art Gallery honore l’œuvre et le parcours du monument artistique Ghany Belmaachi, en organisant une grande exposition regroupant ces œuvres récentes.
Parmi les pionniers de la nouvelle scène de l’art figuratif au Maroc, Ghany en devient dans les années 1970, une des figures marquantes grâce à un vocabulaire plastique propre à lui. Artiste aux convictions solides, il explore son œuvre moins comme une représentation réaliste de la quotidienneté que comme métaphore sociale et humaine plus large. L’art de Ghany reflète la même pureté intérieure et la même solitude tranquille que celle de son personnage. Son œuvre révèle un esprit universel et une large vision philosophique du monde, Il n’est donc pas surprenant que les thèmes choisis par l’artiste soient communs à tous, et suscitent l’intérêt collectif de tous les citoyens du monde abstraction faite de frontières.
Les nouvelles œuvres de Ghany multiplient les perspectives. Les ombres les dessinent. Mais son royaume des ombres n’a toujours rien d’infernal, malgré cette pandémie qui a abasourdi et meurtri le monde. C’est même tout le contraire. Son œuvre célèbre la vie.
Par ses choix de couleurs, Ghany avive les contrastes que les sujets prolongent souvent dans leur thématique. Il a une certaine prédilection pour le rouge mais il ne s’en interdit aucune. Ce qui compte, c’est l’émotion que la composition provoque. La sienne d’abord puis celle du spectateur. De ce fait, le tableau créé ne cherche jamais à répondre à une quelconque attente académique. S’il doit surprendre, il surprendra. S’il doit chambouler, il le fera. De toute façon, à tous les coups, il ravira car, en définitive, seul le désir de partager motive la naissance de ses œuvres.
Et Ghany le revendique. Pour lui, pas de création sans volonté d’échanger. Tel est son art poétique. La peinture est une passerelle, un pont. Entendons ce terme dans sa définition plurielle : à la fois issu des lexiques architectural et musical. Elle joue la partition de la musique. Un art de fédérer par-delà les différences. C’est ce que suggère l’omniprésence des figures tutélaires que sont John Lenonn, Paul Mc Cartney et Bob Dylan. Alors, dans ces destins qui se regardent sur les toiles, s’observent, se sourient, s’ignorent parfois, certains « accords mineurs se croisent, et filent » sans jamais rompre l’harmonie du présent.
Ghany nous propose de plonger dans l’illusion d’un monde d’illusions, L’ombre qui capte le regard et mène à la lumière trahit la verticalité du vertige. La figuration en subit les inconforts, les repères tremblent, au point de créer l’abstraction qui en définitive caractérise peut être plus justement l’art de cet artiste.