Fairouz Tougui : “Itri incarne la condition silencieuse de milliers de femmes”

L’écrivaine Fairouz Tougui vient de publier son premier roman “Atlas. Journal d'une chute” aux éditions Le Fennec. Un livre captivant qui parle de survie, celle d’une jeune femme, Itri qui après avoir perdu ses proches, essaye de survivre en ville. Entretien.

Pourquoi cette histoire ?

Itri incarne la condition silencieuse de milliers de femmes. Je l’ai longtemps portée en moi -j’ai vécu ses déboires, sa solitude, dans ma propre chair-. Quand je traversais l’Atlas, je la voyais dans les regards promis à l’éternelle répétition de l’Histoire, dans les échines courbées par cette fatigue précoce qu’impose un destin scellé. Peu à peu, Itri s’est affirmée comme une présence tangible, elle avait un monde intérieur, je la voyais comme un alter ego. Itri aspirait à quelque chose qu’elle ne savait pas encore nommer. Elle a suivi une intuition folle, et je l’ai suivie dans cette quête incertaine.

Dans votre écriture, un sentiment prédomine : la colère. Vous a-t-elle submergée ou a-t-elle été le point de départ de cette histoire ?

Je dirais plutôt que c’était de l’indignation. J’étais troublée par ces femmes et ces hommes qui semblaient résignés, presque absents à eux-mêmes. Ce qui donnait l’impression d’une abdication était en réalité une force intérieure intacte. Quelque chose survivait, dans les gestes, les silences, une lutte presque mystique. Donner un sens à son existence n’est pas chose facile. Quand on manque des besoins les plus élémentaires, cela frôle l’impossible. Toute autre quête semble vaine. Ce qui m’a d’abord saisie, c’était cette misère rendue ordinaire, anesthésiée par l’indifférence. Et pourtant, au cœur de cette rudesse, j’ai entrevu une forme de grâce – celle qui pousse l’homme à lutter-. C’est cela, peut-être, le sens de la vie : cette rage qu’on oppose au courant. J’ai mis mes tripes dans ce livre. “La littérature doit briser la mer glacée qui est en nous”, écrivait Kafka. Je ne conçois pas la littérature autrement.

Pourquoi avez-vous décidé de raconter cette lutte à travers les yeux d’une jeune femme ?

J’avais hésité avant d’adopter un point de vue féminin. Pour moi, ce récit relevait avant tout d’une lutte humaine, et non d’un manifeste genré. Je redoutais qu’en choisissant une femme comme protagoniste, le récit soit cantonné à une lecture identitaire. Je ne voulais pas écrire sur une femme simplement parce que j’en suis une. Mais au fur et à mesure que l’histoire mûrissait, Itri s’est imposée. Elle s’incarnait à travers son intériorité complexe, son corps que le monde traversait. Les femmes ont cette façon particulière d’être au monde. 

Y a-t-il une scène ou un moment clé de l’histoire qui, pour vous, résume ce que vous vouliez dire à travers ce livre ?

Une seule scène ne peut pas résumer à elle seule l’ensemble du livre. La poésie a cette capacité de condenser l’infini dans l’instant. Je pense au monologue d’Ismaïl sur son lit de mort. Il y a là une prise de conscience : la vie ne se comprend pas par l’intellect, elle se ressent à travers l’affect, le lien profond à la terre. J’évoquerais aussi la scène de l’avortement. Elle m’est apparue en rêve. Ce n’est pas une scène pensée, mais accueillie. Elle honore la part du mystère. F

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