Coup d’envoi de la 3ème édition du Festival du Livre Africain de Marrakech

Le coup d’envoi de la troisième édition du Festival du Livre Africain de Marrakech (FLAM) a été donné ce jeudi 30 janvier 2025 à l’Institut Français de la ville ocre.

Dès son ouverture, le festival a affirmé sa volonté de mettre à l’honneur les voix féminines africaines, en lançant ses débats avec une conférence inaugurale captivante sous le thème : «Quand l’imaginaire féminin redessine le monde».

Cette rencontre, qui a réuni des personnalités inspirantes telles que Christiane Taubira, Ananda Devi, Najat Vallaud-Belkacem et Ali Benmakhlouf, a permis d’explorer les récits féminins, la résistance des femmes et leur place dans la société et dans le monde du pouvoir.

L’ancienne garde des Sceaux française Christiane Taubira a livré un témoignage poignant sur l’impact des récits féminins dans son propre parcours. Elle a évoqué le poids du silence imposé aux femmes, les discriminations qu’elle a subies, et la manière dont la lecture et les récits de rébellion ont nourri ses engagements. «J’ai grandi avec une série de regards stigmatisants. En tant que petite fille, j’étais confrontée au racisme et à l’injustice. J’ai grandi dans le silence assumé par les femmes et imposé aux femmes et j’ai remarqué que les femmes ont mille façons de briser ce silence». Christiane Taubira a également dénoncé la nature patriarcale du pouvoir, soulignant que même lorsqu’il est exercé par des femmes, il reste façonné par des structures dominantes masculines.

De son côté, Najat Vallaud-Belkacem a insisté sur le fait que les femmes sont souvent perçues comme des intruses dans le monde du pouvoir. «Dès qu’on accède à ce monde, on se rend compte que les femmes sont là par effraction», a-t-elle insisté. La politicienne et essayiste franco-marocaine a plaidé pour une solidarité féminine accrue, rappelant que seule une action collective permettrait de faire évoluer les structures patriarcales.

Le philosophe Ali Benmakhlouf a, quant à lui, mis en lumière l’influence de l’imaginaire féminin sur sa pensée, en rendant hommage à Aïcha Chenna, figure marocaine emblématique de la lutte pour les droits des femmes. Pour sa part, l’écrivaine Ananda Devi a souligné le pouvoir universel de la parole et de la littérature, capables d’atteindre des milliers de personnes et de briser les barrières de l’invisibilisation.

Fondé par Mahi Binebine, Fatimata Wane, Hanane Essaydi et Younès Ajarraï, le FLAM s’impose aujourd’hui comme un rendez-vous incontournable de la scène littéraire africaine. Cette année, plus de 40 écrivains et penseurs du continent et de sa diaspora participeront aux cafés littéraires, débats, signatures, expositions, spectacles et projections prévus au programme.

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