Le winter blues, ou trouble affectif saisonnier, n’est plus considéré comme un simple “coup de fatigue hivernal”. L’American Psychiatric Association le classe aujourd’hui parmi les formes de dépression liées au manque de lumière naturelle. Selon le National Institute of Mental Health, la réduction de l’ensoleillement perturbe la sérotonine, l’hormone du bien-être, et dérègle la mélatonine, ce qui explique l’hypersomnie, la prise de poids et les variations d’humeur qui reviennent chaque hiver.
Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées ?
Chaque année, la même tendance se confirme : les femmes sont trois à quatre fois plus susceptibles de souffrir de winter blues que les hommes. Cette différence, relevée par l’American Psychiatric Association, s’explique par une combinaison de facteurs biologiques et sociaux.
Les recherches publiées dans Archives of Women’s Mental Health montrent que les fluctuations d’œstrogènes et de progestérone modifient la sensibilité à la lumière et accentuent l’impact du manque d’ensoleillement sur la sérotonine. Une étude menée par l’Université de Copenhague auprès de 400 participants met également en évidence une baisse hivernale de sérotonine plus marquée chez les femmes, qui influence directement l’humeur, l’énergie et la capacité de concentration.
S’y ajoutent des facteurs sociaux souvent négligés. Statistique Canada et la Mental Health Foundation au Royaume-Uni soulignent que les femmes assument durant l’hiver une charge mentale accrue, un temps domestique plus important et parfois un isolement plus prononcé. Cette accumulation renforce la vulnérabilité aux variations saisonnières.
Un phénomène cyclique
Les données de la Mayo Clinic et de Harvard Health indiquent que le pic du winter blues se situe entre novembre et février, période où la lumière naturelle atteint son minimum et où le rythme circadien se dérègle le plus. Pourtant, le trouble reste largement sous-diagnostiqué, notamment chez les femmes jeunes ou très actives, qui banalisent leur fatigue, leur perte d’énergie ou leurs troubles du sommeil, les attribuant simplement au rythme de vie.
Le winter blues se traite pourtant efficacement. La luminothérapie, validée par Harvard, l’activité physique régulière, l’exposition matinale à la lumière ou encore les thérapies cognitives brèves montrent des résultats rapides.
Encore faut-il reconnaître ce trouble pour ce qu’il est : non pas une faiblesse émotionnelle mais un déséquilibre neurobiologique, amplifié chez les femmes par des facteurs hormonaux et sociaux. En parler, le diagnostiquer et le prendre au sérieux permet déjà d’alléger ce poids invisible que l’hiver impose à un grand nombre d’entre elles.