« Ne laisser personne de côté » est le slogan de la campagne des 16 jours d’activisme de lutte contre les violences faites aux femmes. Pour la coalition Printemps de la dignité « le gouvernement « a laissé de côté » les préoccupations des femmes marocaines et exclu les revendications du mouvement féministe de son agenda et de ses priorités », comme le souligne le mouvement dans un communiqué, avant de faire un point sur les conditions de vie des femmes au Maroc. Qu’en est-il ? Une détérioration de leur situation économique voire une absence de mécanismes de « protection sociale », qui aurait des conséquences dramatiques, comme le pointe du doigt la coalition, prenant l’exemple du suicide de « Mi Fatiha », une vendeuse de pain et de pâtisseries à Kénitra, la mort de quatre « femmes-mulets » à Tarajal -bab Ceuta, ou encore la récente bousculade mortelle de Sidi Boulaâlam près d’Essaouira (15 femmes décédées et 5 blessées) pour un panier alimentaire… Et le tableau dépeint continue d’être noir.
Au Maroc, les violences ne diminuent pas. Au contraire. Et la culture de la violence se banalise, la preuve avec le harcèlement sexuel dont a été victime cet été Zineb, une jeune femme handicapée agressée par une bande d’adolescents dans un bus, en plein jour, et « sous le regard indifférent du chauffeur et des passagers », comme le souligne le Printemps de la dignité. Autre réalité : les mariages des mineures. Plus de 46 000 cas lors des dernières statistiques officielles de 2014, comme l’appuie le collectif, sans parler du projet de loi n°103-13 relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes, qui est depuis des mois à la Chambre des conseillers, mais dont « l’actuelle mouture n’apporte aucune réponse aux problèmes réels et épineux posés avec acuité par le phénomène de la violence et reste en deçà des attentes du mouvement féministe et de défense des droits humains ainsi que des aspirations des femmes marocaines en général. » Il y a donc urgence. Pour le Printemps de la dignité, il faut absolument « l’adoption de politiques publiques sensibles au genre et l’harmonisation de la législation nationale avec les conventions internationales », « le retrait du projet de loi n°103-13 en vue de sa révision afin qu’il garantisse la lutte effective contre les différentes manifestations de la violence et la rupture avec sa culture et celle de l’impunité », tout comme « la refonte globale du code pénal et du code de la procédure pénale de façon à ce qu’ils garantissent la protection des libertés individuelles, et la dignité humaine des femmes ».