#Unecarotteàlafois, le hashtag marocain, écolo et responsable !

#Unecarotteàlafois est le dernier hashtag à retenir ! En effet, derrière ce nom rigolo, se cache une campagne de sensibilisation, percutante et pédagogique, sur l’écologie et la protection de l’environnement au Maroc. Interview avec l’une des initiatrices, Wissal Ben Moussa, co-fondatrice du Domaine Nzaha.

D’où vous est venue l’idée de lancer la campagne de sensibilisation sur l’écologie #Unecarotteàlafois ?

Au-delà de la production maraichère, le domaine Nzaha a pour vocation de créer une dynamique avec la population locale en proposant une alternative de consommation responsable, saine et de qualité, mais aussi en déclenchant une prise de conscience par rapport à la santé et à celle de notre planète. Plus que jamais, aujourd’hui, l’urgence climatique appelle à des actions concrètes. Tandis que certains sont conscients des enjeux environnementaux, d’autres n’y croient toujours pas. Le rôle des premiers, à savoir nous, c’est de sensibiliser les seconds, les motiver et les mettre en mouvement à travers des actions comme #Unecarotteàlafois. Durant mon apprentissage et engagement en permaculture, j’ai notamment appris que le meilleur moyen d’avoir un impact, est de créer des changements positifs et visibles. Ainsi, à travers notre campagne, nous voulons créer une vision positive et engageante de l’écologie et non pas faire de morale. Nous souhaitons promouvoir efficacement des comportements éco-responsables en apportant des solutions, des petits gestes qui ne découragent pas les moins « avancés ». Ces petits gestes, nous les avons baptisés « carottes », ce légume qu’on connait tous, qui est presque banal. Ainsi, une carotte à la fois, un petit geste à la fois, est mené avec bienveillance et amour.

Mais qu’est-ce qui a déclenché en vous ce combat pour la nature ?

Tout a commencé par une prise de conscience, celle de consommer mieux, plus consciemment. Je suis ingénieur en industries agro-alimentaires et j’ai vu de très près les dérives de cette industrie sur toute sa chaîne de valeur : des semences utilisées pour la production des cultures, au formulations nocives à la santé humaine et animale, en passant par les tonnes de déchets déversés dans la nature. Je me devais de faire la différence et ce fut pour moi, un retour vers la source, la terre nourricière. Mon frère, Amine, m’a rejoint sur place et nous avons ainsi fondé le domaine Nzaha, un projet écologique à caractère humain, une exploitation familiale agro-écologique nichée au pied du bel Anti-atlas dans la région pré-saharienne du Oued-Noun (Guelmim). 

Votre campagne de sensibilisation a démarré début juin. Craignez-vous alors que le défi majeur de la protection de l’environnement soit mis à mal par la crise sanitaire engendrée par le Coronavirus (Covid-19) ?

C’est une réflexion que nous avons eue : qu’arrivera-t-il après cette crise sanitaire ? Allons-nous perpétuer les actions et activités, les modèles productivistes à l’origine de la surexploitation des ressources naturelles, du dérèglement climatique et de la désorganisation du vivant ? Allons-nous prendre conscience de notre impact en tant qu’humain, nous réinventer, choisir des modes de vies et de consommation durables pour nos sociétés ?  Ce confinement a permis à pas mal d’entre nous de réfléchir sur des questions de bien-être, de santé physique ou mentale, mais aussi à remettre en cause le modèle économique actuel qui s’est montré vulnérable face à cette crise. Je pense que confronté à des choix de consommation meilleurs, le citoyen sensibilisé prendra la bonne décision et participera activement au changement du paradigme actuel. Le marché suivra ! On dit que dans chaque crise, il y a des opportunités à saisir. Avec cette campagne, nous espérons pouvoir le faire, à petits pas, autant au niveau économique, en incitant à consommer local et responsable qu’au niveau environnemental, en inspirant à faire des petits gestes au quotidien, à supporter des entreprises écolos et à s’engager plus à cette cause.

Que souhaitez-vous insuffler à travers votre campagne ?

L’idée est de créer une panoplie de pratiques écolos des plus simples au plus techniques pour pouvoir inspirer tout un chacun, à faire de meilleurs choix qui impactent l’environnement. Nous avons été touchés par l’engagement de la communauté green marocaine. Nous avons reçu plusieurs vidéos de personnes écolos qui montrent leurs petits gestes au quotidien mais aussi d’entreprises engagées qui expliquent l’impact et la valeur écologiques de leurs super-projets, et ce ; dans des domaines divers. Nous avons hâte de monter une vidéo avec toutes cette belle ressource que nous inviterons à partager bien sûr au maximum. 

« A travers la campagne  #Unecarotteàlafois, le Chef Simo Sajid a parlé du gaspillage alimentaire et a donné des conseils pour le réduire dans nos cuisines » « Mathilde Darras- fondatrice de la marque Zina Cosmetik, a mis en avant sa marque de cosmétiques naturels et zéro déchets » et « Sarah de @Livegreenwithsarah, Healthy Lifestyle passionate a proposé une solution écolo simple : utiliser des pailles en bambou ou en aluminium réutilisables, au lieu de celles en plastique jetables ! »

 Comment qualifierez-vous l’état de l’environnement au Maroc ?

Je voudrais parler ici du rapport du Maroc à l’agriculture respectueuse de l’environnement. Malheureusement, la sécheresse et la monoculture conventionnelle font ravage dans notre pays. L’usage de produits phytosanitaires, quoi que réglementé, reste malsain. Nous perdons aujourd’hui la santé de nos terres arables, ressource non-renouvelable, ainsi que toute la biodiversité autour puis la santé de nos citoyens au passage. La bonne nouvelle, c’est qu’on s’organise un peu plus en fédérations, organisations et associations pour que l’agriculture biologique ait une place dans les politiques agricoles publiques. L’agriculture biologique a aujourd’hui un Label marocain qui se démocratise de plus en plus et une nouvelle stratégie de développement du secteur agricole « Génération Green 2020-2030 » qui vise l’émergence d’une nouvelle génération de petites fermes ainsi que le renforcement de la résilience et la durabilité du développement agricole. Si nous arrivons à soutenir nos jeunes agriculteurs, innovants et écolos, nous pouvons sortir vainqueurs avec ce nouveau plan de développement : plus de petites fermes agro-écologiques qui répondent aux enjeux alimentaires et climatiques tout en produisant sainement loin de l’agriculture minière. Comme l’a si bien dit Arnaud Daguin : Il faut prendre en compte tout le système du vivant et le faire fonctionner en cohésion et d’une manière holistique. Et là, on parle de santé unique : la santé de la planète, la santé des sols, des produits et des végétaux, des animaux et la nôtre aussi et celle des territoires sociaux-économiques dans lesquels nous sommes. C’est la production de valeur tout au long de la chaîne. C’est ce que je souhaite à l’agriculture marocaine, c’est notre enjeu aujourd’hui ! 

Quel est le meilleur geste écologique que tout un chacun devrait réaliser quotidiennement ?

Les petits ruisseaux font les grandes rivières, et pour cela, nous encourageons toute personne à s’informer, à comprendre et à polir sa conscience des enjeux de l’environnement puis de commencer, à partir d’aujourd’hui, à repenser ses habitudes. Ça peut être recycler l’eau de cuisson, composter nos rouleaux de papiers wc, ou refuser les échantillons gratuits. Je suis sûre que certains d’entre vous sont des écolos qui s’ignorent ! Et on ne le dira jamais assez : chacun sa mesure, chacun comme il peut. On ne cesse d’apprendre et de progresser par le partage positif.

Domaine Nzaha – Coopérative agricole, au Km8, route de Laqsabi- Guelmim

C'est hier 20 novembre que le coup d'envoi du festival Visa for music a été donné, avec la parade
“La carte des stades", spécialement conçue pour les journalistes professionnels, leur offrant un accès privilégié aux stades du Royaume, est
Niché dans la Médina de Marrakech, le Musée de l'Élégance Marocaine invite à une plongée dans l’Histoire et les traditions
L’écrivaine Kenza Barrada publie son premier roman "Mater Africa" aux éditions Le Fennec. Dans ce livre, l’autrice conte l'histoire
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4