Sur la planète ados

Pas facile d’être parent d’ado. Ils contestent tout ou presque. Désorientés par une opposition quasi permanente, nous craquons parfois, rentrons souvent, tête baissée, dans l’affrontement. Nous ne trouvons pas toujours les mots ni la bonne occasion pour les mettre en garde contre les mauvaises fréquentations, la cigarette, la drogue, le sida...

Issu du latin, le mot adolescent signifie : celui qui entre en maturité. Issu de l’expérience parentale, le mot adolescent signifie celui qui conteste, qui s’oppose, jamais content, jamais à court d’arguments. Et tout est sujet à contestation : le menu, les repas à table, les sorties, les horaires, les fringues, les copains, les devoirs, les programmes de vacances… jusqu’aux valeurs parentales : ringardes, passéistes. 

C’est simple, l’ado standard n’est jamais d’accord avec l’avis des parents. Les parents d’aujourd’hui, vigilants, pleins de bonne volonté, s’informent. Une panoplie immense de titres autour du thème relations parents/ados est à leur disposition. Qu’est-ce qu’on y apprend ? Grosso modo que “l’ado s’oppose pour exister. Son corps change, ce n’est plus un enfant et il ne veut plus être dépendant de ses parents. En contestant, il cherche à s’affirmer, à marquer sa différence. Il manifeste son désir d’être reconnu comme un grand”.

L’ado donc cherche à s’autonomiser. Ça tombe bien, c’est le désir des parents aussi. Ils sont remplis de tendresse et de fierté : dans la conception ado, accepter les conseils et points de vue des parents revient à se soumettre, à abdiquer, à reconnaître qu’il a encore besoin du parental. Il cherche à se prouver le contraire. On va l’aider, tout en jouant le rôle de parachute de secours. La chose est entendue, côté parents, mais ciel comme c’est dur ! C’est épuisant : il faut constamment s’y prendre avec des pincettes histoire d’éviter la guerre, la grosse révolte, voire la rupture.

Le parent d’ado est un roi déchu qui se souvient des cieux…

Récapitulons : l’ado a besoin de nous. Le jeu consiste à être toujours là, sans vraiment le montrer. A poser des limites qui seront sans cesse transgressées. Si l’ado est ligoté dans une relation fusionnelle avec la mère ou le père, il aura du mal à voler de ses propres ailes. Nous, on a tout lu : nous ne sommes pas ces mamans pour lesquelles, la prise d’autonomie de l’ado est une éventration. Nous, on ne s’accroche pas, on ne s’agrippe pas. Nous ne sommes pas non plus des laxistes : on ne fixe pas des limites trop lointaines ce qui amène l’ado à aller chercher trop loin des limites et des lois à transgresser, en flirtant, par exemple, de trop près avec la drogue, la délinquance. N’empêche, ce n’est pas facile, de la théorie à la pratique, il y a beaucoup de sueur. C’est que le bambin docile d’hier s’oppose aujourd’hui avec des arguments, parfois massue. Ils sont tellement informés (Internet, la télé, les magazines jeunesse, la liberté de ton avec les copains, parfois avec les profs) et avant qu’on ait fini d’énoncer le bien fondé de notre interdit, la défense ado sort l’artillerie lourde : notre ado en connaît au moins autant que nous sur le chapitre. Notre orgueil en prend un coup. Et l’on se rappelle, notre amie Amal, le regard plein de détresse quand elle nous racontait la scène où son fiston Rachid (15 ans) a traité son papa de nul ! La rage guette quand tous nos arguments sont âprement discutés par nos rejetons ado. Elle est finie l’époque bénie où nos mômes buvaient nos paroles. L’heure de la remise en cause a sonné. Et pour ne pas arranger les choses, elle coïncide pile-poil avec la crise de la quarantaine. Quelle idée d’avoir un enfant à 30 ans ! A quarante et quelques, il nage en pleine adolescence et nous, on commence à douter de tout : la couleur de cheveux n’est pas la bonne, le boss n’est pas le bon, notre carrière professionnelle a sérieusement besoin d’un lifting, quant à son père, n’en parlons même pas !! Et que dit la psy, à ce sujet ? “Si l’enfant voyait ses parents comme des êtres tout-puissants, merveilleux, l’adolescent porte sur eux un autre regard. Sorti de l’illusion, il les voit tels qu’ils sont, avec leurs défauts, leurs faiblesses. Il cesse de les admirer et de vouloir les prendre comme modèles. Et l’agressivité surgit souvent, motivée en partie par la culpabilité. L’ado se sent intérieurement coupable de reprocher à ses parents de ne pas être ce qu’il voudrait qu’ils soient”.

C’est dur à encaisser. Mais la perfection n’est pas de ce monde. Et le métier de parent, comme chacun sait, est un métier impossible. N’empêche, il s’agit de composer avec son enfant devenu ado, édicter de nouvelles règles…

Sous le signe des conflits…

“Pourquoi je dois arrêter la cigarette alors que toi tu fumes” ? “A quoi ça sert de me mettre au lit à 10h puisque je n’arrive pas à dormir ?” Difficile de garder son calme. A un moment donné, le ton monte et le conflit pointe. Les parents sentent que leur autorité prend l’eau, les ados se disent incompris. Ils ne se voient pas agressifs, si on le leur fait remarquer, même s’ils reconnaissent leur agressivité, ils ne comprennent pas ce qui les pousse à l’être. Bilan : des deux côtés, on se sent impuissants, malheureux, on culpabilise sans l’avouer et les antagonismes s’exacerbent. 

Les choses s’aggravent quand l’ado prend en grippe un parent et se fait un allié de l’autre. La psy nous apprend que le complexe d’Œdipe vit une reviviscence lors de l’adolescence. L’ado dénigre le parent du même sexe au profit du parent du sexe opposé qu’il cherche à séduire. Difficile de généraliser car nombre de mamans qui ont témoigné pour nous assurent jouer le rôle de médiatrices entre leurs adolescentes et le papa. Comme on ne peut produire de chiffres ni de statistiques fiables sur le sujet, tels des faits et constats sociologiques pouvant expliquer le revers du décor des relations entre les papas
marocains et leurs ados filles, on ne va guère s’engager sur ce terrain glissant. Ce qui est certain, c’est que nombre de familles d’ado souffrent du fait que les conflits ado/parent peut gagner toute la famille allant des fois, jusqu’à déstabiliser la relation du couple parental.

Sortie du tunnel…

Tous les parents d’ado ne vivent pas en état de guerre perpétuelle avec leur progéniture. Comment font-ils ? Ils commencent par enterrer leur désir de pouvoir illimité, d’autorité absolue, ensuite, ils usent et abusent de souplesse. L’astuce est de toujours laisser une marge de manœuvre à l’ado. Lui laisser le choix entre plusieurs options. Quand il a son mot à dire, l’ado se sent respecté, son désir d’être reconnu est entendu par les parents. Il aura moins envie de s’opposer s’il sent qu’on tient compte de son point de vue. Dans tous les cas de figure, il ne faut jamais traiter un ado comme un tout-petit. Cela passe par de petits gestes, de petites attentions, qui peuvent amener de grands résultats, sauvegarder la paix… du moins jusqu’à la prochaine crise : on frappe à la porte avant d’entrer dans sa tanière ; on ne fouille pas ses affaires (ils finissent toujours par s’en rendre compte : donc on ne triche pas) ; on ne critique pas son look (mais on reste strict volet propreté) ; on ne le coupe pas de sa bande (mais on exige que les devoirs soient faits, et on vérifie)… On n’interdit pas le portable, mais on exige qu’il ne sonne pas à tout bout de champ : la technologie offre des solutions, à l’ado d’y puiser. On ne zappe pas l’argent de poche, mais on négocie le montant et on s’y tient. ν

Références : 

“Dico Ado”, Ed. Gallimard jeunesse sous la direction de Catherine Dolto.

-“Le temps des ados”, de Jalil Bennani et Alain Braconnier, Ed. Le Fennec.

“Psycho ados”, de Philippe Scialom, Ed. de l’Archipel.

Parents d’ados : guide de survie

On ne sait jamais tout à fait quelles nouvelles libertés leur donner depuis qu’ils sont ados. Ni quelle position avoir pour les mettre en garde contre certains fléaux. Quelques pistes et éléments de réflexion autour des 4 clés de l’adolescence.

Les sorties : Tout juste 16 ans, et il sort tous les jours, rentre tard tous les soirs. Les vacances n’expliquent pas tout, n’autorisent pas tous les extrêmes. Ce type de comportement ne relève pas de l’autonomie mais résulte d’une absence de cadre. L’ado a certes envie de découvrir des horizons, des sensations, de nouvelles émotions loin du cocon familial. Il s’agit de ravaler ses pincements au cœur (notre enfant nous échappe) et accueillir favorablement ce nouveau pas vers l’autonomie. Néanmoins, sans lui coller aux baskets, ni le contrôler en permanence, il n’est pas dit qu’il faut lui accorder carte blanche. A 15 ans, comme à 18, l’ado ne doit pas sortir sans qu’on sache où il va. Ni s’autoriser, même exceptionnellement, de rentrer à 4 h du matin sans prévenir et sans avoir reçu la permission au préalable. Mieux vaut fixer un cadre, s’y tenir, quitte à le modifier, d’un commun accord, après discussion. Ce ne sont pas les copains qui décident, et non, ce n’est pas ringard de respecter le contrat passé avec ses parents. On respecte un contrat, car on se respecte soi. 

Les parents ont aussi un droit de regard sur les fréquentations de leur ado. Il ne s’agit pas de les choisir à sa place ni de faire le tri ni de brandir le veto. Il faut que l’ado prenne conscience du fait que certaines fréquentations peuvent porter préjudice à son développement, à ses études. D'un autre côté, les parents doivent se rendre compte que la fréquentation de pairs perturbateurs est parfois un symptôme, un signal d’alarme…

La sexualité, le Sida… L’adolescence, c’est la période des premières relations sexuelles. Les parents sentent qu’ils ont un rôle à jouer, en matière d’information, de prévention, mais ils ne savent pas trop comment s’y prendre. Certains se déchargent sur les médias (aujourd’hui, les jeunes regardent des chaînes étrangères ou des campagnes pour le port du préservatif sont souvent programmées), mais on passe à côté de quelque chose de primordial quand on met l’accent sur le préservatif : l’amour, la tendresse passe au second plan. “La prévention telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui instrumentalise la sexualité et l’isole de sa dimension affective. On ne parle aux jeunes que du port de la capote. On ne sait pas encore mesurer les conséquences d’un tel discours. Ce discours essentiellement hygiénique présente aux adolescents une vision morcelée de leur corps à un âge ou ils ont besoin, au contraire, d’intégrer leurs pulsions sexuelles à leur vie émotionnelle et à une vision globale d’eux-mêmes ”.

Il faut veiller également à ne pas donner la priorité à l’alarmisme. Beaucoup se sentent en danger. Ils ont l’impression d’être la génération sacrifiée : chômage, terrorisme, guerres, divorce parental… Il faut absolument que les parents parlent aux enfants de l’amour, de la sexualité, de la passion avant de parler Sida. D'ailleurs, certains spécialistes émettent des réserves quant à l’efficacité des compagnes de port de préservatifs. “La compagne anti sida, est conçue selon le mode de spots de pub. La pub a pour but de convaincre sans faire réfléchir, à l’aide de stéréotypes. Or, l’injonction ne fonctionne pas toujours pour la prévention. Il faut au contraire travailler sur les aspects affectifs, non rationnels, sur la possibilité d’être ému. Par ailleurs, les comportements sexuels sont tellement individuels et privés que la seule chose qu’on peut tenter, c’est essayer de faire réfléchir.” Alors, comment sensibiliser ses enfants sans avoir le sentiment d’être le papa ou la maman qui décrit l’amour comme un risque, une porte ouverte sur la catastrophe ? “Ne partons pas du sida pour parler de l’amour, conseillent les spécialistes. Evoquons le sida simplement comme une maladie sexuellement transmissible. L’amour est une belle découverte, de soi, de l’autre, c’est des moments merveilleux. Au-delà des explications techniques sur la prévention dont les ados sont parfois trop gavés, il faut chercher un sens, une émotion.” Il est vrai qu’il est beaucoup plus facile de parler sida aux ados, quand on leur a parlé, auparavant quand ils étaient petits de l’amour, des amours. 

Cigarette : La période de grande tentation est sans conteste le passage de l’école au collège. Alors que l’année précédente, ils étaient encore des “grands” dans la cour des petits, les choses s’inversent. Pour prouver qu’on est grand, pour se donner une contenance (mains occupées) pour communiquer (entrée en matière : t’aurais pas une clope ?) pour se faire une place dans le groupe, pour se faire aimer, on offre ou on réclame une cigarette : sujet neutre, les vieux sont contre, ça resserre les liens générationnels. Mieux vaut donc leur parler des dangers du tabac avant 12, 13 ans, à un âge où ils sont réceptifs, où ils reconnaissent volontiers que la cigarette pue. Leur rappeler que la cigarette coûte cher, qu’elle diminue le goût des aliments, qu’elle tue.

Si on découvre que son ado a franchi le pas, rien ne sert de vociférer. Mieux vaut essayer de comprendre pourquoi il fume, qui le fournit en cigarettes. S’il est sous influence, chercher à savoir pourquoi. S’il est trop timide, demander de l’aide à son médecin. Mettre à contribution un des profs pour le valoriser. Dans tous les cas, il faut montrer son désaccord. Même si on soi-même fumeur(se), nulle honte à avouer : “je suis accro, je suis intoxiqué(e), je ne peux pas arrêter, je n’aimerai pas que tu deviennes prisonnier(e) de la nicotine”. Tant que la dépendance à la nicotine n’est pas installée, il y a toujours moyen de sortir rapidement du joug de la cigarette. Si la dépendance est là, il faut préserver les autres membres de la famille, en interdisant la cigarette à l’intérieur des pièces, en aidant son ado à limiter la consommation. 

La drogue : D’emblée, une mise au point ; la cigarette aussi c’est de la drogue, même si le tabac est en vente libre. D'ailleurs, des statistiques mondiales affirment qu’on meurt davantage de l’abus de l’alcool, du tabac que de la drogue dite dure. Si on apprend que son ado a consommé de la drogue, il faut savoir quand, comment, dans quelles conditions il a été amené à consommer, s’il en consomme régulièrement. Ce qui mérite discussion et réflexion, c’est le contexte, la démarche qui a conduit l’adolescent au produit et non le produit lui-même. S’il s’agit d’un joint occasionnel, mieux vaut éviter de diaboliser et l’ado et le produit : c’est le meilleur moyen de couper les ponts de la communication. Un fiasco. Il ne faut pas banaliser non plus. Ce n’est pas parce que l’ado a fumé une fois lors d’une boom, ou une soirée ado qu’il se droguera plus tard. Comme rien ne garantit le contraire non plus, il faut rester vigilant. Si l’ado recherche une évasion à travers le produit, il y a danger. Il ne faut pas rater le coche parce que soi-même on a tâté au kif, qu’on est parfaitement certain(e) qu’il ne mène pas à une dépendance. La relation aux drogues est individuelle. Le même taux de consommation qui amène les uns à la dépendance laisse les autres nickel. ν 

Nos remerciements à Chantal Emran, psychologue, à Monsieur Mrini, psychiatre, à Madame Benabdenbi sociologue, à Chafika Sekkat, psychiatre, à Hicham Chamech, psychologue.

 

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