Premier film fantastique marocain, le réalisateur Talal Selhami avait pour ambition d’offrir un film de genre au Maroc, pour donner au public marocain une autre expérience cinématographique. « Même si le Maroc peut se targuer d’avoir une Histoire du cinéma, il reste cependant jeune, les préjugés sur les façons de faire sont encore peu nombreux. Le cinéma au Maroc est donc encore un laboratoire d’expérience qui pourrait laisser encore le champ libre aux différents genres d’exister. En ce sens, il est plus que jamais possible aujourd’hui d’offrir au public marocain d’autres expériences cinématographiques, des polars, des films d’horreur, des thrillers, et pourquoi pas un jour des westerns. C’est une opportunité formidable et il serait dommage de ne pas la saisir » confie le réalisateur.
Ainsi, Achoura raconte l’histoire d’un Djinn, qui pendant une fête religieuse aux mœurs bien propre au pays (nous marocains, on a un lien particulier avec cette fête et on a tous des souvenirs d’enfance), s’empare des plus jeunes afin de les dévorer. C’est d’une certaine façon, selon le réalisateur, un moyen d’évoquer l’avenir trouble des générations d’adulte à venir. « Parce que nous n’accordons peut-être pas assez d’importance à l’enfance, trop préoccupés par nos problèmes d’adultes.
Dans Achoura les enfants essayent de survivre, en préservant ainsi leur innocence. Dans ce sens, la créature d’Achoura n’est autre que l’allégorie de l’âge adulte qui dévore l’enfance et engendre ainsi des êtres troublés. L’enfance et la perte de l’innocence sont des sujets qui hantent quasiment tous mes projets en développement ».
Porté par un beau casting formé par Younes Bouab, Sofia Manousha, Ivan Gonzalez et Omar Lotfi, le film est riche d’une image travaillée, d’une lumière distinguée et d’effets spéciaux maitrisés. « Le cinéma fantastique permet de contourner les tabous, d’exposer des faits, de titiller l’inconscient du spectateur, il est donc, pour les auteurs, un outil d’expression formidable. Quand il est bien fait, ce cinéma fait appel aux allégories et métaphores pour exprimer ses propos. Sa diffusion est large, car la peur est un sentiment universel. Le monde arabe a sa carte à jouer de par son effervescence actuelle, mais aussi parce que la culture et encore riche de contes, mythes et légendes, pour l’instant, pas tout à fait exploités ».