Ce matin, l’académicienne Simone Veil est décédée à son domicile. « Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet », a précisé son fils à l’AFP. Rescapée du camp de concentration d’Auschwitz, Simone Veil déclarait en 2009 avoir le sentiment « que le jour où je mourrai, c’est à la Shoah que je penserai ». Comme tous les déportés, un matricule était tatoué sur son bras gauche. Elle ne l’avait jamais enlevé ou caché. « Certains rescapés ont préféré tenter de tourner la page en effaçant le numéro que les nazis avaient tatoué sur leur bras, d’autres ont décidé d’affronter le “souvenir”, explique son fils au quotidien. C’est le cas de maman. L’été, elle était souvent bras nus, son numéro était encore plus visible qu’aujourd’hui. »
Son combat pour l’avortement
Simone Veil est également connue pour son combat politique. Nommée ministre de la Santé sous Valéry Giscard d’Estaing, elle s’est très vite emparée d’un sujet polémique et sensible : l’IVG (Interruption volontaire de grossesse). Face à sa volonté de légaliser l’avortement, elle a reçu une multitude d’insultes et de menaces. Qu’importe. Cette grande dame ira jusqu’au bout, et prononcera, le 26 novembre 1974, un discours historique à la tribune de l’Assemblée nationale : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. (…) Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l’avenir. Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles diffèrent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême. »
Simone Veil, une Immortelle
Simone Veil est souvent décrite comme une femme déterminée qui s’est également battue pour l’émancipation des femmes. Elue députée européenne, elle devient en 1979 la présidente du premier Parlement européen qui fait ses premiers pas à l’époque. « Simone Veil a fait preuve, pendant sa présidence, d’une qualité rare : le discernement. Dès son discours d’intronisation, elle a souligné les difficultés de la construction européenne », a souligné Jacques Delors, l’un des pères fondateurs de l’Union européenne. L’académicienne s’est également consacrée au Conseil constitutionnel, avant de s’éloigner complétement du monde politique. Une icône s’en est allée.