Sexualité : un sujet tabou en famille?

Dans notre génération, les infos sexuelles circulaient au compte goutte et sous le manteau. En famille, ça aurait été une hérésie d'en parler ! Sexuellement, chacun s'est donc développé comme il a pu. Avec les blancs, la hchouma et les incapacités qu'on connaît. Aujourd'hui, on peut corriger le tir avec ses propres enfants. Pour les forger progressivement à une vision saine de la sexualité, en lieu et place de la diabolisation habituelle...

Une sexo- mania médiatique, révélatrice de malaise…

Depuis quelques années, des gens à qui on a raconté pendant très longtemps qu’ils étaient nés dans les choux, ont découvert les pages noires de FDM ; puis Radio Atlantic, où quelques émissions de la charmante Oukht Chourouk se sont chargées de les déniaiser. Actuellement, le premier manuel d’éducation sexuelle proposé par Nadia Kadiri et Soumia Berrada sort en librairie. La parole sexuelle s’est donc libérée dans les medias et on commence à prendre conscience du degré d’incompétence sexuelle d’une majeure partie de la population. Depuis, les files s’allongent devant les cabinets des sexologues mais qu’est-ce qu’on a encore comme retard à rattraper ! Entre celle qui ignore complètement son anatomie, l’autre qui pense que l’orgasme de la femme est accessoire dans le rapport sexuel ou le troisième qui pratique une sexualité de pénétration sans préliminaires et désertée de tendresse, le chemin vers l’harmonie est pavé de “manque d’attention”. Car la sexualité, ce domaine non anodin balisé culturellement, est souvent perçue à travers le seul prisme des clichés sociaux ; et, tout ce qu’on a pu glaner comme bases tronquées d’éducation sexuelle à droite et à gauche, c’est que l’homme est un loup qui poursuit les jeunes filles dans le bois, dans le but de leur ôter leur petite fleur, que le coup de pinceau ou la sodomie représentent des voies alternatives à la “vierge attitude” ou encore que les demoiselles ont des besoins sexuels moins marqués que ces messieurs ?!

Un silence familial à double tranchant

Au niveau de la famille, pourtant haut lieu de discussion sur bien des sujets, c’est, bien évidemment, silence radio et hchouma totale. L’une des raisons ? Traité(e) comme une progéniture infantile par ses géniteurs, de 7 à 77 ans, on n’a jamais osé soulever le sujet, même de manière évasive. Sanae, 40 ans se souvient : “A chaque fois qu’il y avait, ne serait-ce qu’un flirt poussé dans un film, mon père débranchait tout et nous envoyait sur le champ dans nos chambres”. L’épisode date de 1980. Pourtant, en 2010, certains parents, eux-mêmes alzheimériens sur leur propre apprentissage sexuel, font perdurer encore l’ancienne omerta planant sur la sexualité dans l’enceinte du foyer ; se reposant sur Internet, la cour de récré, les romans, les films ou les copains-copines, chargés de répondre à leur place aux questions embarrassantes que pourraient leur poser leurs chérubins. Erreur, erreur, puisque le web ou les films X ne véhiculent souvent qu’une vision de la sexualité basée sur la performance et vont à l’encontre de la notion de poésie indissociable de l’acte charnel. Pour tous et toutes, on est donc encore dans l’ère du demerden zizich (démerde- toi) et du “tais-toi, on ne parle pas de ça devant ses vieux”. Pire, nombre de parents, pour des questions de pudeur ancestrales, persistent et signent à ne pas se positionner comme couple devant leur couvée : jamais geste tendre, ils ne manifesteront ; jamais main dans la main, ils ne se montreront ; jamais territoire intime, ils ne revendiqueront… Amina témoigne : “Mon mari refuse qu’on ferme à clef la porte de la chambre à coucher de peur que les gosses s’imaginent des choses. Résultat : ils rentrent à tout bout de champ et il faut attendre qu’ils soient couchés, pour que, nous, on puisse se faire des câlins !” Or, dans cette négation globale de la sexualité (qui a pourtant contribué à lui donner la vie), l’enfant puis l’ado construit mal ou peu sa future identité sexuelle d’adulte. Sa curiosité insatisfaite et le voile opaque entourant la sexualité vont donc l’amener à fantasmer cette dernière de manière pas toujours adaptée : violence, honte, excitation, culpabilité se mêlent à cette découverte des sens qui en devient soit refoulée, soit trop exubérante. Avec les filles, évidemment logées à plus mauvaise enseigne que les garçons, chapitre libertinage olé olé. L’environnement familial joue pourtant un rôle clé dans le devenir affectif et sexuel de nos rejetons, représentant à la fois la possibilité d’y puiser des réponses aux choses qui les tracassent et une façon saine (et sereine) d’envisager son propre vécu sexuel, le moment venu.

Parents, la balle est dans votre camp…

Alors, non, on ne vous demande pas de tomber dans la familiarité excessive, en passant à un registre cool de mauvais aloi, où on verbalise les choses de but en blanc, sans prendre de gants. Pas plus que d’exposer bruyamment vos ébats qui appartiennent à la sphère du privé, au même titre que leurs premiers émois hormonaux à eux. Le challenge ? Communiquer tout en nuances ; et, à chaque âge de développement, un langage adapté, en usant de mots simples qui ne vont pas choquer. Après papa qui a mis la petite graine dans maman pour faire un bébé, on surfe ensuite de la dimension conception à celle du plaisir et de l’acte d’amour : « Papa et maman se sont aimés très fort pour cela ». Car, un regard fuyant, une mimique dégoûtée devant une question innocente peut causer beaucoup de dégâts à l’imaginaire. La proximité étant établie, au fur et à mesure que les petits monstres grandissent et que leur corps se transforme, il ne faudra éluder aucune de leurs interrogations, sans trop rentrer dans les détails, pour leur laisser le loisir de se construire leur propre cinéma mental. Le Sida, l’inceste, le préservatif, le viol et bien d’autres sujets débattus à la télévision (par exemple) doivent aussi être prétexte à parler de la sexualité en général et à faire passer les bons messages : prévention, affectivité, tendresse, respect de son partenaire. Dans une autre optique, faire exister le couple dans un espace qui lui est propre permet également d’habituer le jeune à la notion de respect et d’intimité mentale et physique à laquelle chacun (e) d’entre nous a droit. De plus, sur l’éternelle inégalité des genres sexuels qui prévaut dans nos codes sociaux, nul besoin de souligner que vous avez votre part de responsabilité ; car, en entretenant l’interdit de la sexualité chez la fille et la permissivité virile avec le garçon, on déboussole tout un tas de paramètres : rapport au corps, au plaisir et surtout à l’autre… A bons entendeurs, salut ! â– 
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