Scandale des abus sexuels : Le témoignage des cueilleuses de fraises marocaines en Espagne

Quelques semaines après le début de l’affaire autour des soupçons d’abus sexuels, dix saisonnières marocaines parties pour la cueillette de fraises en Espagne se confient à l’AFP et racontent leur calvaire. Extraits.

 

Rythmes harassants, cas de harcèlement sexuel et tentative de viol. Ce sont les confidences de dix saisonnières marocaines à l’AFP, parties en Espagne pour la cueillette des fraises. Cinq ont porté plainte et cinq autres assurent vouloir le faire, réfugiées dans une maison de la province voisine de Malaga. Ces femmes, âgées entre 23 et 35 ans et venues d’Errachidia, de Bouarfa, Berkane, Guercif ou Chefchaouen, sont toutes mères de jeunes enfants, une condition imposée à leur recrutement pour qu’elles rentrent au pays à la fin de la saison, comme l’avait déjà dénoncé Chadia Arab, chercheuse au CNRS, qui a consacré son dernier livre, « Dames de fraises, doigts de fée », à la migration saisonnière marocaine en Espagne. Le nombre de travailleuses originaires du royaume s’élèverait à 16 000, venues avec un contrat. « Mais ce qu’il y a dans le contrat et la réalité, ça n’a rien à voir », explique Layla*, 31 ans, tandis que la plus âgée, Adiba, pointe du doigt la dureté du travail « à cause du rythme ». « Tu devais cueillir les fraises très, très vite, sinon ils te sanctionnaient en te privant de travail plusieurs jours », raconte-t-elle, regrettant de n’avoir travaillé « que 23 jours », après s’être endettée pour payer passeport, visa et démarches pour décrocher le contrat de trois mois… Pire encore, « le contrat prévoyait six heures et demie de travail par jour, payées 39 à 40 euros, avec un jour de repos par semaine. Mais on nous a dit que c’était la deuxième récolte et qu’on serait payées au rendement: 75 centimes d’euro la cagette de 5 kilos », affirme l’une d’entre eux. Côté logement, il devait être gratuit,  mais « on nous retirait trois euros par jour » et « on dormait à six dans un des préfabriqués » très rudimentaires, installés près des serres, décrit Adiba. Au fur et à mesure, les langues se délient, révélant l’enfer vécu. « Personne ne nous défendait en tant que femmes », lâche Charifa, affirmant que le chef « proposait 50 euros pour des relations » sexuelles. De son côté, Fadila explique qu’un jour, elle a dû lutter contre son chef qui l’a transporté en voiture : « Il m’a étreinte et embrassée de force, m’a touché les seins et… ». Du côté de l’entreprise mise en cause, Manuel Matos, l’un des dirigeants de Donana 1998, a accusé à la radio le syndicat andalou des travailleurs (SAT) d’avoir manipulé ces femmes pour raisons politiques en leur « promettant des papiers » en échange de « mensonges ».  La justice a été saisie de l’affaire et une enquête est en cours.

* les prénoms ont été modifiés

(Avec AFP)

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