Techniques, disciplines et sensibilités se conjuguent en cohérence autour du regard aiguisé de Fouad Bellamine. Au-delà de réunir une génération contemporaine, cette sélection exigeante est marquée par des trajectoires singulières et radicales. Quatre artistes femmes subliment cette exposition, à l’instar de Déborah Benzaquen et ses femmes noyées qui nous renvoient à ce grand saut vers l’inconnue chargé d’angoisse et de poésie.
Une poésie que Khadija Jayi sculpte avec le feu à travers son papier brulé, parabole de la lumière et de la souffrance. Sanae Arraqas propose pour sa part « son carnet d’un confiné » où elle peint des espaces de vie ordinaires tels qu’un salon, une cuisine ou une chambre à coucher, à l’image d’une prison. Enfin, Najoua El Hitmi subjugue par sa gestuelle maîtrisée.
Côté hommes, les violentes topographies de Said Afifi dialogueront avec les géométries superposées de Morran Ben Lahcen, tandis que les architectures oubliées de Hakim Benchekroun côtoieront les visages expressifs de gens ordinaires photographiés dans des régions isolées du Maroc, par Nour Eddine El Ghoumari. Entre performance, installation et photographie, Youssef met en scène une série de gestes répétitifs du quotidien, une forme de pied de nez à notre humanité menacée. Omar Mahfoudi affuble certains de ses personnages évanescents réduits à des visages envahis par une nature dévastée, et Salah Taibi révèle ses portraits mortifères qui raisonnent avec l’imaginaire fantasmagorique de Mo Baala en passant par la peinture empreinte de signes et de symboles d’enfance si chers à Abdallah El Haitout.
Et pour sublimer cette exposition, un nouveau travail de Fouad Bellamine, tout en transparence,marque le passage du maitre vers un univers plus apaisé où dominent tons pastels et légèreté.