Malika n’a pas confiance en elle et en ses atouts. Sa dernière histoire d’amour, elle est passée à côté pour cette raison : “J’étais raide amoureuse tout en me demandant au fond de moi ce qu’il pouvait bien me trouver d’intéressant. Pour me tranquilliser, mon compagnon devait me fournir des gages d’amour en permanence : coups de fil fréquents, textos, petites attentions, exclusivité… Même si je sentais que je l’agaçais, je ne pouvais m’en empêcher.” Hélas pour elle, son attachement envahissant a viré à la jalousie maladive. Elle a trop tiré sur les fils de l’amour, jusqu’à l’user. De guerre lasse, le monsieur a fini par larguer les amarres, la confortant dans sa prophétie prédictive. Car trop d’exigences impossibles à satisfaire ne révèlent qu’une chose : même en plaçant la barre très haut, l’amour de l’autre ne pourra jamais suppléer à un déficit d’amour de soi.
C’est quoi l’amour de soi au fait ?
En psychologie, il se définit comme un ensemble d’attitudes tendant vers un seul et même but : se reconnaître de la valeur et s’assumer dans tous les sens du terme. Peu importe les défauts qu’on a ou les cicatrices qu’on traîne, on pointe d’abord ses qualités. Fine et élégante, féline et câline, sociable et loquace, généreuse et à l’écoute des autres, il y en a forcément quelques-unes qui ressortent du lot. En outre, comparaison n’est pas raison. On arrête donc de croire que la Mistinguett de la promo (qui a, au passage, de grandes dents) est mieux que nous parce que les mecs gravitent autour d’elle comme des abeilles sur le miel. Le seul truc en plus qu’elle a, çà doit être justement de penser n’avoir rien en moins !
L’objectif affiché étant le suivant : “Miroir, mon beau miroir, ne réfléchis pas la peau d’orange de mes cuisses mais plutôt les ondes positives qui émanent de moi.” Une condition nécessaire mais néanmoins pas toujours suffisante. Car s’accueillir avec sa part d’ombre et de lumière n’est pas donné à tout le monde. Quand, dans l’enfance, le regard des parents s’est posé de façon trop critique, le bât blesse. “Il m’a manqué un voile enveloppant de tendresse et de sécurité. Selon ma mère, je n’étais pas assez ceci ou cela, trop timorée, gauche et grosse”, témoigne Nadia qui l’a payé à l’âge adulte, en tombant sur des partenaires dominants qui l’ont malmenée psychologiquement. Conditionnée au fait qu’elle ne valait rien, la demoiselle en a intégré la donne, y compris dans ses relations amoureuses.
Quand le pathos s’invite
Assoiffée de preuves d’amour, comme Malika la persécutrice aimante, ou tourmentée volontaire telle Nadia l’effacée, le manque d’estime de soi n’augure rien de bon dans une “love” affaire. L’“anti-elle” ne se sent pas digne d’être aimée et le fait savoir inconsciemment à son conjoint du moment. Dans le premier cas, à coup de “je t’aime” terroristes, on entre dans une fusion destructrice à base d’appropriation et de possessivité. Et l’insatisfaction va croître de façon inversement proportionnelle à la lassitude du protagoniste. Dans la deuxième situation, à trop s’allonger comme une carpette devant le premier zigoto venu, le piège peut vite se refermer. Car pour peu qu’on tombe sur un bonhomme à la boutique mentale un peu perverse, on va prendre cher. Qu’on se le dise : le fameux “aime-moi pour me réparer” n’est rien d’autre qu’une escroquerie vendue par les romans Harlequin. Et la fin ne sera assurément pas qu’ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours mais plutôt que l’un des partenaires, mué en objet des désirs de l’autre, a pris la poudre d’escampette un beau matin.
Apprendre à se connaître
Pour cela, un petit travail d’introspection s’impose. Le problème est-il dans mes conquêtes jugées insatisfaisantes ou en moi ? En gros, il n’arrivera sans doute jamais à vous contenter si, dans l’absolu, vous êtes un peu torturée. En amour, quelles limites non négociables dois-je poser ? Histoire de ne pas se sentir en porte-à-faux avec ses desiderata profonds en faisant des concessions qu’on regrettera par la suite. Cela vaut évidemment pour l’image qu’on désire transmettre au prétendant en titre. “Même si je suis amoureuse, je ne veux pas être enfermée dans le fantasme d’un homme. Je m’aime comme je suis, sportive, un peu garçon manqué, très spontanée, et ne saurais me comporter autrement au risque de perdre mon identité”, indique Alia. C’est dit. En voilà une qui a tout compris et qui n’est pas prête à grimer sa personnalité ou grimper sur des talons aiguille uniquement pour plaire à la gente masculine. Car chassez le naturel, il reviendra au galop et plus dure sera la chute une fois les masques tombés.
Exister en solo
On oublie souvent que la seule vraie personne qui a réponse à notre bonheur, c’est nous. Il ne reste plus alors qu’à découvrir ce qui vous fait du bien et s’y investir à fond. Voyager, faire du sport, écumer les conférences, prendre soin de soi, délirer avec ses copines, sortir… Peu importe. L’essentiel est d’être bien dans sa peau de grande fille saine et surtout de trouver du plaisir à sa propre compagnie. Le résultat ne se fait généralement pas attendre : le positif attire le positif, selon la grande théorie de l’univers. L’étalon fraîchement rencontré a l’œil qui frise et une envie affichée de plonger dans le verre à moitié plein. C’est pour lui une perspective nettement plus challengente que de se coltiner une longue liste de jérémiades sur vos misères diverses et variées. Pitié ! Au centre de toutes vos attentes, les épaules du pauvret pourraient s’affaisser telle une marionnette. Par ailleurs, installée en couple, restez sur la même ligne : cultivez votre liberté d’être et soyez une bonne mère pour vous. Ainsi, chaque partenaire va gérer son bout de relation sans rentrer dans la dépendance, la frustration ou la rivalité nocive. Affable avec soi-même, à l’écoute de sa petite musique intérieure, le bien-être qui s’ensuit rejaillira de facto sur le duo.