Précarité menstruelle
Rita Sekkat, 23 ans, co-fondatrice et présidente de HAPPIH, association qui lutte contre la précarité menstruelle dans le milieu rural au Maroc, co-fondatrice et présidente du Cercle Marocain de Réflexion
« Je suis convaincue, comme d’autres, que l’émancipation des femmes représente un marqueur de développement, et que, sans elles, une société ne pourra pleinement s’épanouir et progresser. Il est vrai que sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, des avancées ont été réalisées sur les dix dernières années au Maroc, mais aujourd’hui, le constat est encore beaucoup trop terne. Selon le Haut-Commissariat au Plan, près du quart des filles de 15 à 17 ans ne travaillent pas, ne sont pas à l’école et ne suivent aucune formation contre seulement 5,1% des garçons, les jeunes analphabètes sont majoritairement des filles et le taux d’activité économique des femmes ne dépasse pas les 21 % contre plus de 75 % pour les hommes. L’écart est d’autant plus criant dans le milieu rural. Or, pour réduire cet écart, il faut traiter le problème à la source, c’est-à-dire à l’école. Il faut permettre aux jeunes filles de suivre leur scolarité dans la dignité, sans rupture, et les rendre actrices de leur santé et de leur futur. Il faut autoriser les jeunes filles à croire en leur rêve et leur en donner les moyens. Enfin, il faut déconstruire les stéréotypes liés à la condition féminine. C’est pour cela, que j’ai co-fondé HAPPIH (Humanitarian Action for Protection and Preservation of Intimate Hygiene), une association qui lutte contre la précarité menstruelle, à travers laquelle nous distribuons des serviettes lavables et nous réalisons des ateliers de formation et de sensibilisation sur des thématiques variées, allant de la santé, à la déconstruction des tabous en passant par le développement personnel. Nous voulons que les jeunes filles ne subissent plus mais qu’au contraire, elles deviennent actrices de leur santé et de leur éducation. Aussi, je rêve d’un Maroc, où naître femme ne soit plus un handicap à la concrétisation de ses ambitions, où l’avenir de la femme ne soit plus déterminé par sa condition biologique. Aussi, je rêve que l’Etat multiplie les programmes de leadership féminin, d’entreprenariat féminin et plus spécifiquement touchant la précarité menstruelle. Aussi, je rêve que l’Etat s’engage pleinement à nos côtés sur ce volet.”
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