Un petit retour en arrière est nécessaire. Rappelez-vous, le 26 juillet dernier, le Parlement adoptait la loi 19-12 relative aux conditions de travail et d’emploi des travailleurs domestiques. Ce jour-là, tout le monde, politiques et parlementaires, applaudissaient l’adoption d’une loi qui lutte contre l’exploitation des « petites bonnes ». Le 22 août, la loi était publiée au Bulletin officiel. Mais depuis, rien, comme l’a souligné l’association marocaine Insaf à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants.
Afin d’alerter l’opinion et de rappeler aux élus leurs responsabilités, l’association Insaf a publié un plaidoyer sous forme de vidéo. En effet, la loi fixe l’âge minimum d’accès au travail domestique à 18 ans, mais elle instaure également une période de transition de 5 ans à compter de la date d’entrée en vigueur de la loi. Or, « cette date d’entrée en vigueur est conditionnée par la publication de trois textes d’application au bulletin officiel qui ne sont toujours pas disponibles », pointe du doigt l’association. Autre problème : « Les mesures de contrôle prévues par la loi sont impossibles à mettre en œuvre ». Les raisons sont multiples. Par exemple, le cadre juridique d’intervention des inspecteurs du travail et des assistantes sociales ne permet pas l’accès aux maison ou encore le nombre des inspecteurs du travail est insuffisant au regard des besoins, comme l’énumère l’Insaf. Pire encore, les « petites bonnes » de moins de 16 sont abandonnées, car « aujourd’hui, il n’existe aucun dispositif qui permet d’identifier, d’extraire, d’accompagner sur le plan psychologique et social, et de reconduire au sein de leurs familles, les filles âgées de moins de 16 ans actuellement en situation d’exploitation dans le travail domestique. » En 2010, une étude du Collectif pour l’éradication de l’exploitation des « petites bonnes », avait estimé qu’entre 60 000 et 80 000 employées de maison de moins de 15 ans travaillaient dans tout le Maroc, subissant « des conditions de travail et de vie dégradantes qui ne correspondent ni à leur âge, ni à leurs capacités physiques et psychiques ». Il y a donc urgence, comme n’a de cesse de marteler l’Insaf.