On ne plaisante pas avec le plaisir

Comment dénicher dans les recoins du quotidien, dans toutes les situations et toutes les épreuves, le petit éclat qui saura purger blocages et conservatisme de leur charge négative pour faire émerger le plaisir et lui donner toute la place dans nos vie pour exister ? Figurez-vous que ce n'est vraiment pas compliqué ! Mode d'emploi.

Oui, comment débusquer le plaisir partout, tout le temps ? Une bonne question à se poser en ce début d’année, une belle mission à se donner, qui devrait aboutir à la liste de nos plaisirs. Car le plaisir est un sujet sérieux. Il n’est pas de l’ordre du péché. Toutes les études montrent qu’il est la clé d’une vie saine. Son absence fait le lit des maladies de toutes sortes : organiques, mentales, psychosomatiques…

Quand le sérieux rend malade

On nous apprend dès notre plus jeune âge, surtout à nous, les filles, que seul le sérieux est salvateur. “Baraka man laâb”, nous répète-t-on à l’envi. On finit donc par intérioriser cette donne. On s’entraîne très fort pour y arriver, même quand on doute et qu’on aspire à des plaisirs grands et petits. On s’astreint à ne pas se laisser aller au farniente en dehors des vacances, des congés dûment autorisés par qui de droit, parents ou employeur. On se cramponne à la réflexion, à l’intellect. On essaie de trouver du sens à ce qu’on fait. On réfléchit très fort à la meilleure façon d’aliéner le plus gros de son temps aux tâches qui feront de nous une bonne épouse, une bonne mère, une employée modèle selon les règles en vigueur, même si elles ne correspondent pas à notre propre éthique hédoniste. On renonce aux opportunités de jubiler pour son propre compte et on accepte d’appeler les différents devoirs “plaisirs”, alors qu’il s’agit, au mieux, d’utilités sociales qui ne rentrent pas toujours en résonnance avec le plaisir propre. A force de vouloir tout expliquer, on étouffe ses capacités d’imagination et de créativité. On rend inconsistantes les choses les plus merveilleusement simples. Mille fois par jour, nous passons, sans le voir, à côté d’un petit plaisir. A commencer par celui que recèle notre univers sensoriel qui ouvre les portes, que nous maintenons à peine entrebâillées, sur le monde extérieur. Juste assez pour recevoir les informations indispensables à notre adaptation à l’environnement. Si nous les ouvrions toutes grandes, un vent soufflerait en nous, porteur de sensations et d’émotions, car bien des émotions positives naissent de nos sens.

A la recherche du plaisir perdu

Nous sommes dotés de cinq sens… cinq paradis perdus ? Prenons l’exemple, à première vue anodin, de la nourriture. Depuis combien de temps n’avons-nous pas pris un déjeuner en nous consacrant exclusivement à la texture des aliments, à leur goût, à leur parfum, leur couleur ? Combien d’entre nous mangent par nécessité, l’oeil rivé sur l’écran de l’ordinateur ? On mange seule, ou en compagnie de connaissances partageant les mêmes préoccupations professionnelles que soi. Partage, donc, autour du travail exclusivement, bien souvent. Un déjeuner avalé tout en s’efforçant de ne rien laisser percer de ses tourments pour ne point écorcher son ego. Quel gâchis de temps, et quel gaspillage de moments de plaisir !

Le temps de se faire du bien…

Manger avec délectation, en symbiose totale avec ses sens ; faire la cuisine comme si on peignait un tableau ; malaxer la pâte, à pleines mains, comme si on réalisait une sculpture… peut provoquer du plaisir et aider à évacuer les idées noires. Si on n’aime pas préparer des mets, rien n’interdit de les partager. La convivialité est une autre source d’émotions simples que l’on néglige souvent par manque de temps. Nous avons toutes et tous notre “madeleine de Proust”, le souvenir de ces longues séances familiales autour de tablées chargées de victuailles. Les grands-parents sont probablement décédés ; les cousins et cousines pris dans un tsunami de préoccupations ; les amis peuvent rarement se libérer pour des rencontres “plaisir” autour d’un repas. Or, c’est une chose que d’apprécier seul dans son coin, mais c’en est une autre que de savourer en bonne compagnie ! Loin d’être fragmenté, le plaisir que l’on partage s’enfle. Chacun goûte à la fois le sien et celui des autres. Plaisir “enflé” interdit faute de temps ? Faux problème, nous susurre une petite voix sage que l’on s’astreint à faire taire. Il faut prendre le temps, justement quand on en manque le plus ! Quand couacs et ennuis s’accumulent, ce n’est pas la faute à la loi de Murphy, mais bien parce qu’on ne prend pas suffisamment de distance. On est engoncés jusqu’au cou dans un océan de tracasseries plus ou moins significatives, et on n’a plus d’énergie pour sortir la tête de l’eau… et se faire plaisir ! La priorité est alors absolue : prendre le temps… du recul ! Ce dernier étant par définition, selon notre sagesse populaire : “le temps que l’on s’accorde au moment où l’on n’a plus le temps. Et parce qu’il est volé au temps, il lui est très largement restitué par la suite.” Ce recul est fait d’heures rares, précieuses, surtout si on les utilise pour prendre du bon temps. Mais c’est parfois une tâche difficile, d’autant que le plaisir s’accompagne souvent d’une vague de culpabilité : comment m’accorder des instants de joie alors que d’autres souffrent ? Ai-je vraiment mérité ces instants dérobés au quotidien ? N’ai-je pas mieux à faire que de m’adonner à ces broutilles ? Dépêchons-nous ! Balayons le doute ! Aujourd’hui, c’est démontré : l’incapacité de s’accorder du temps pour soi et de se faire plaisir fait partie des nombreux facteurs qui contribuent au déclenchement des maladies psychosomatiques. Aussi, délivrons-nous, sans plus attendre, une ordonnance bonheur : ce sera la liste de nos plaisirs, des plus anodins aux plus bouleversants. Pêle-mêle, citons : le cinéma, le farniente, la marche, la conversation, les plaisirs coupables, les visites amicales, la musique, le sport, la lecture, l’écriture… Le temps de contempler un coquelicot, celui de cueillir le sourire d’un enfant, le sien ou celui d’autrui ; rencontrer des amis, succomber aux fous rires ; marcher pieds nus sur le sable, ou sur le carrelage de sa cuisine quand il fait chaud ; prendre un café sur une terrasse ensoleillée quand il fait froid… la liste est infinie. Et chaque jour, essayons d’en satisfaire au moins un. Arrêtons d’étirer notre temps de travail en faisant l’impasse sur toutes ces choses agréables, ces petits riens qui font que la vie devient, d’un coup, plus douce et beaucoup plus belle.

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