Lorsque ma mère m’a mise aumonde, je n’ai pas crié, commeles bébés ordinaires. Je n’ai paspleuré non plus, bien au contraire. J’aiéclaté de rire ! D’où mon prénom, Farah,qui signifie “joie” en arabe”, nouslance d’emblée la jeune slameuse etpoétesse au sourire d’enfant. “Depuisque ma famille m’a raconté cette petiteanecdote, j’ai décidé d’apporter matouche de gaieté à toutes les calamitésde mon entourage, et à celles du mondeen général. Parce que malgré toutesses peines possibles et imaginables, lavie mérite d’être vécue. J’ai surtout décidéde répandre ma joie de vivre parle biais de mes poèmes, puisque j’enrédige depuis l’âge de 13 ans. De même,puisque les injustices qui sévissent dansle monde arabe me touchent au plus hautpoint, j’ai choisi, ces dernières années, deme pencher sur des questions aussi épineusesque celle de la Palestine, de la mégalomaniedes dirigeants, du printempsarabe, mais aussi du laxisme administratifqui est inhérent à nos sociétés. Bref,des sujets qui nous tapent sur le systèmeet qui ne nous laissent pas indifférents”,nous avoue-t-elle à coeur ouvert.Le 30 mars, lors de son dernierconcert au Boultek, le public casablancaisa eu affaire à une Farah desplus enthousiastes. Si elle a un jourrêvé de devenir journaliste, c’est àtravers le slam et la poésie qu’elle s’exprime et donne le meilleur d’ellemême.“Je joue de l’harmonica également,et j’aime beaucoup quand cet instrumentaccompagne la lecture de mespoèmes”, ajoute-t-elle.Et si elle n’avait pas été palestinienne,elle aurait souhaité êtremarocaine : “J’ai toujours souhaitérencontrer mon public marocain, celui-ci étant pour le moins réactif sur lesréseaux sociaux. En effet, et à ma plusgrande surprise, il a suffi que je posteun statut sur ma page Facebook au sujetde ce problème administratif pour déclencherune grande mobilisation auprèsdes étudiants des grandes écoles de Casablanca, Rabat et Kénitra. Il paraîtmême que les journalistes s’y sont mis !Croyez-moi, sans hypocrisie aucune,j’adore le Maroc et son peuple. Jamaison ne m’a accordé un soutien et une attentionpareils par le passé. Si je n’avaispas été palestinienne, j’aurais souhaitédevenir marocaine, même si ma demandede visa pour le Maroc est restéelettre morte pendant de longs mois.”,avoue-t-elle, non sans fougue. À l’origine de ce couac se cacheune question un tant soit peu sensible: “Vu que la situation actuelle enSyrie est chaotique et que je possède despapiers et documents syriens, l’ambassadedu Maroc n’a pas vraimentaccordé d’attention à mon dossier.Mais grâce aux Marocains des réseauxsociaux, je n’en garde qu’un souvenirlointain dans un coin de ma tête”, ditelleen souriant. Cependant, c’esttout naturellement que la jeuneartiste vivant à Abu Dhabi a pris sesdeux valises à destination de ce paysqu’elle a toujours rêvé de visiter. “Jeme suis produite au club de l’Ecole de Gouvernance et d’Economie, au Boultekde Casablanca et un peu ailleurs.J’ai touché du bout des doigts l’accueilchaleureux de mes fans marocains etje ne pense désormais qu’à une chose :revenir !” Et de conclure, avec uneonce d’exaltation : “La plate-formeartistique marocaine regorge de jeunestalents. J’ai même envie d’apprendrel’arabe marocain pour mieux communiqueravec eux”. â—†