Le polar de Faouzi Bensaïdi a été choisi par le Centre Cinématographique Marocain pour représenter le Royaume dans la catégorie de l’Oscar du meilleur film étranger. “J’ai reçu cette annonce avec beaucoup de bonheur et d’enthousiasme, mais aussi de sérénité et de relativité. Je suis heureux que le film représente le Maroc dans un événement prestigieux comme les Oscars et qu’il puisse être vu par beaucoup de gens”, souligne le réalisateur. Et d’ajouter : “En même temps, je reste conscient de la difficulté, du nombre de films proposés, du manque de moyens pour mener une campagne de promotion comme Hollywood affectionne… Il faut garder les pieds sur terre, donc, malgré l’euphorie légitime”.
Compétition
Etre sélectionné par le CCM n’est en effet qu’une étape préliminaire. Car pour avoir une chance de décrocher la statuette, “Mort à vendre” doit encore être retenu parmi la liste des films nominés aux Oscars ; une sélection ne garantissant pas une nomination. Chaque pays choisit en effet une oeuvre pour concourir au titre de meilleur long-métrage étranger. Au total, 65 nations doivent soumettre leur meilleur film à l’Académie. Plusieurs pays ont déjà désigné leur candidat, dont la France, qui a sélectionné “Intouchables” d’Olivier Nakache et Eric Toledano ; ou l’Autriche, qui a opté pour “Amour” de Michael Haneke, déjà primé à Cannes. Comme chaque année, la compétition s’annonce assez relevée. La liste des films en nomination officielle en vue de la 85ème soirée des Oscars sera dévoilée le 15 janvier, soit environ un mois avant la cérémonie qui aura lieu à Hollywood le 24 février 2013.
Une chose est sûre, cette sélection pour les Oscars est une consécration de plus pour le film de Faouzi Bensaïdi, qui ne cesse d’aligner les récompenses depuis sa sortie l’année dernière. “Mort à vendre” a en effet participé à plusieurs festivals et a décroché de nombreux prix, dont celui du meilleur réalisateur du Festival du cinéma asiatique et arabe de New Delhi, le prix Panorama du Festival international du film de Berlin, le prix du meilleur film du Festival du film de Bruxelles, le grand prix de la 18ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, ainsi que le prix du jury du Festival national du film de Tanger. Et il continue sur sa lancée. “Il est demandé un peu partout, de San Francisco à Hanoï, d’Oslo à Zurich… vu cette exposition, des gens commencent à le voir une deuxième fois et me disent l’apprécier encore plus. Ils y découvrent de nouvelles choses, pensent à d’autres lectures, et le considèrent comme le film de la maturité… Bon, à 40 ans passés, il était temps quand même !”, raconte le réalisateur.
Film noir
Troisième long-métrage de Faouzi Bensaïdi, “Mort à vendre” est l’histoire de trois amis : Malik, Allal et Soufiane, trois jeunes paumés qui vivotent de petites arnaques à Tétouan. Liés par les galères et les blessures de la vie, ils affrontent les problèmes de la rue jour après jour avant de voir leur amitié se transformer en tragédie, quand ils décident de braquer une joaillerie. “C’est mon film le plus désespéré,vous voyez à quoi mène la maturité ! Il y est question de gens à qui la vie a tourné le dos, abandonnés par tous et qui se battent, à leur manière, pour survivre et gagner le droit d’aimer et d’être heureux. Ils rêvent, mais se rendent compte que les songes se gagnent ou se perdent et cette dure loi de la vie, à laquelle ils n’étaient pas préparés, finit par les détruire”, explique Bensaïdi, qui classe volontiers son film dans la catégorie des films noirs. “Le film dans sa forme appartient à un genre dans le cinéma qu’on appelle le film noir, avec des figures bien connues comme l’amour qui fait perdre, la femme fatale, la trahison, un coup monté hors la loi… C’est surtout un film de personnages et d’atmosphère”. Et peutêtre un film qui fera décrocher à son réalisateur la célèbre statuette…