Mon petit « vice » esthétique

S'embellir de l'extérieur pour mieux soigner sa souffrance intérieure, c'est le choix qu'a fait Malika pour rebondir après un divorce douloureux. A plastique parfaite, fignolée par des traitements esthétiques, nouvelle vie et nouveaux espoirs... Elle raconte son passage à l'acte.

Je reviens de loin… Quand je regarde mes photos d’il y a trois ans et que je les compare à celles d’aujourd’hui, j’ai l’impression de contempler une personne éteinte, au visage fatigué par la vie, esquissant un pauvre sourire pour donner le change. C’était à l’époque de ma traversée du désert,

où j’ai subi coup sur coup la défection de mon mari et un deuil familial. Avec mon conjoint, on s’était un peu éloignés au fil des années ; lui, s’investissant dans son travail et ses déplacements nombreux, et moi, gardienne de nichée, attentive avant tout à l’éducation et au bien-être des enfants. Entre nous, cela n’allait ni bien, ni mal. Notre couple suivait son petit bonhomme de chemin sans surprise ni flamme particulière.

ANESTHÉSIÉE PAR le quotidien ronronnant, je n’ai donc rien senti venir du tsunami qui allait ravager mon existence de petite bourgeoise rangée : R. avait une maîtresse attitrée depuis un an, une de ses collaboratrices, et apparemment, tout le monde était au courant… sauf moi.

Ayant perdu tout scrupule, il s’affichait avec elle, sans vergogne, dans les coins les plus branchés de Casablanca. Quand la love affair a fini par exploser au grand jour, il n’a rien nié et m’a informée de son intention de refaire sa vie avec elle. Elle, qui avait quinze ans de moins que moi ; elle, la bimbo que je n’étais plus ; elle, que j’ai vite repérée sur les pages people d’un magazine, me narguant de sa jeunesse et de sa beauté triomphantes ! Echec et mat : j’étais à terre, et plus bas encore…

Voulant abréger mes souffrances, j’ai opté pour un divorce expéditif ; et lui, pour sa part, a voulu la jouer très classe, nous cédant maison et série d’avantages matériels conséquents. La disparition brutale de ma sœur emportée par la maladie, survenue peu de temps après, a parachevé le tableau noir. Je me suis retrouvée à suivre une psychothérapie sans grande conviction, si ce n’est d’aller m’affaler dans un fauteuil confortable, deux fois par semaine, pour tenter d’accepter l’inacceptable. Abrutie de médicaments contre mes angoisses nocturnes, volontairement isolée socialement, compensant par des excès alimentaires, j’avais l’impression d’être devenue, à quarante-sept ans, une vieille dame inutile.

ENCORE AUJOURD’HUI, je ne sais pas quel sursaut extrême de vie m’a poussée à céder aux injonctions répétées de ma meilleure amie, qui m’enjoignait de procéder à des petites injections d’acide hyaluronique dans les pommettes et les sillons naso-géniens : “Tu verras, en te revoyant belle dans le miroir, ton moral remontera en flèche”. Elle avait raison : le résultat heureux m’a fait un bien fou et je me suis sentie lissée, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Cette belle peau, j’avais soudainement envie de l’entretenir ; et les semaines suivantes, je me suis vue y consacrer un budget conséquent à l’achat compulsif de toutes sortes de crèmes de soin. En outre, ce premier pas vers la beauté, bien qu’éphémère puisqu’il fallait se faire piquer tous les six mois, a décoincé quelque chose en moi. Médecine et chirurgie esthétique ne m’apparaissaient plus comme le comble de la futilité, mais comme un moyen de restaurer ma propre image. Je tenais enfin le moyen de soigner ma blessure narcissique de femme abandonnée pour une autre plus jeune !

J’AI DONC AUSSI RÉCLAMÉ à mon médecin traitant du botox pour défroisser les rides du front. Le temps que le produit agisse, j’ai eu pendant quelques jours de drôles d’expressions sur le visage, et je me cachais un peu de mes enfants, de peur de leur réaction. De fait, vu les réticences que la plupart des gens ont sur les “manipulations” esthétiques, je n’avais pas fait mon “coming out” à mon entourage. Je me contentais donc de prendre un air ravi quand on me complimentait sur ma bonne mine fraîche. Parallèlement, je m’étais remise à voir du monde, à acheter des fringues sexy, à voyager… Mais mes pantalons moulants butaient contre mon ventre un peu proéminent et avachi par les grossesses. Il était le symptôme d’un laisser-aller physique qui ne convenait plus à ma nouvelle personnalité, et faire retirer cette graisse superflue a commencé à tourner à l’obsession.

LA LIPOSUCCION allait donc être l’étape suivante des grands travaux de reconstruction. Or, passer sur le billard, même entre les mains d’un chirurgien compétent, ne représentait pas une intervention anodine. Si je n’avais cure des quelques risques encourus (ratage, dangers de l’anesthésie…), mes proches, eux, ne l’entendaient pas de cette oreille. Ma fille me rappelait sans cesse, très durement, que je devais accepter mon âge et arrêter de vouloir ressembler à une minette de vingt ans. Ma mère pleurait toutes les larmes de son corps, persuadée que je n’allais pas y survivre. Quant à mon fils de 16 ans, il s’est complètement braqué, ne m’adressant plus la parole pendant quelque temps et chargeant même son père de me faire la morale au téléphone.

Je n’ai pas manqué de lui raccrocher au nez, estomaquée par son impudence, après tout son passif ! Ma décision était prise. En outre, sans rien dire à personne, j’avais aussi prévu, dans la foulée, de me faire remonter les seins au cours de la même intervention. Un visage rayonnant, un corps svelte, ma quête de jeunesse payait… Et j’étais bien résolue à ne pas en perdre les bénéfices, en relâchant la vigilance. Je me suis donc remise à fréquenter la salle de sport et ai équilibré mon assiette, avec l’aide d’une diététicienne.

POUR CE QUI EST DES ENFANTS, une fois qu’ils ont constaté par eux-mêmes combien ma transformation physique rejaillissait sur ma joie de vivre, les choses  sont rentrées dans l’ordre. Ma fille a juste soulevé un point qui m’a donné matière à réflexion : “Maman, fais gaffe à ne jamais avoir une bouche en cul de poule ou des trucs du genre…”. Cette remarque me tient désormais lieu de garde-fou. Je suis consciente du fait qu’il est facile de tomber dans l’engrenage et de ne jamais se satisfaire du résultat, jusqu’à l’accentuer de façon grotesque. En vérité, je désire profiter de ce que la technique offre à tous les âges de la vie, pour atténuer les signes du temps, sans prétendre les effacer complètement. Et je fais entièrement confiance à mon praticien traitant pour me proposer uniquement ce dont j’ai besoin.

EN CONSACRANT PLUSIEURS heures par semaine à ce que j’appelle mon petit “vice” esthétique, je pense renvoyer une image de “winneuse” à la face du monde. Image qui, par ricochet, me donne envie de m’investir dans plein de projets ! D’ailleurs, sur le plan professionnel, j’ai remis le pied à l’étrier grâce à une amie, en recommençant à bosser à temps partiel dans le domaine de l’événementiel. Et côté coeur, je ne désespère pas de refaire ma vie, si je rencontre, un jour, la bonne âme soeur !

OUI, L’ESPÉRANCE DE VIE a augmenté et on peut prétendument vivre plusieurs tranches de vie en une seule. Malheureusement, nous restons prisonniers du règne de l’image et de l’apparence, et ce sont les femmes mûres comme moi qui en subissent le plus lourd revers. Et c’est justement ce regard de “fin des haricots” que je ne veux plus que l’on me porte. J’entends avoir l’âge de mon esprit, pas celui de mes artères ! Devenue accro à la chirurgie esthétique, je l’assume complètement. Ce qui ne m’empêche pas de respecter les points de vue contraires au mien… â– 

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